Certaines sources avancent, avec insistance, que le gouverneur de la province de Taza quitterait son poste dans les prochains jours, après les violents affrontements ayant mis aux prises les jeunes de la ville et les éléments de forces de l'ordre. Une grande manifestation, composée en majorité de jeunes, réclamait déjà son départ immédiat. Les manifestants ont scandé un seul et unique slogan : «Gouverneur… dégage». Une revendication qui s'est transformée en un vœu collectif de tous les acteurs et intervenants de la ville. Mais, il n'était pas le seul au cœur des revendications des manifestants. La tête du président du conseil de la ville a été aussi réclamée. De l'avis d'une grande partie des acteurs, la politique de la ville est «défaillante». Condamné en 2006 à une année et demie de prison ferme, sans que le concerné ne passe une seule nuitée en prison, et interdit des dernières élections législatives, par décision judiciaire, H.C., fils d'un notable de la ville, n'est pas l'exemple du gestionnaire dont a vivement besoin une ville moyenne comme Taza, commentent des acteurs de différents horizons. Une unanimité qui avait besoin d'une telle explosion sociale pour se manifester publiquement. A titre d'exemple, Al Koucha, quartier le plus peuplé de la ville, vit au rythme de flagrants déficits sociaux et ses populations souffrent d'une injustice accablante. Les petites gens de ce «ghetto urbain» se plaignaient depuis des mois des montants exorbitants des factures d'eau et d'électricité, sans aucune réaction du Conseil. Quant au gouverneur, l'accusation d'être parmi les «désignés par des parties occultes de l'extérieur du ministère de l'intérieur» revient sur scène. L'incompétence est aussi avancée en public cette fois-ci. Le dossier des diplômés chômeurs qui n'était que la goutte qui a fait déborder le vase, traînait depuis longtemps aux dédales du siège de la province et n'avait eu aucune issue positive, pour manque de propositions viables et concrètes. Les acteurs sociaux et politiques de la ville parlent même d'une absence de volonté de dialogue de la part du gouverneur, qui recourra à la violence en l'espace de quatre mois seulement. «La province avait grandement besoin d'un gouverneur plutôt gestionnaire, mais nous voilà en face d'un simple administrateur qui ne prend en considération ni le volet sécuritaire, ni celui du développement économique et social», explique un acteur politique de gauche à Taza. Reste à savoir si toute cette effervescence et ces doléances sociales seront prises en compte par les autorités centrales.