mais très apprécié par les Chinois Poisson d'eau douce très gras, l'anguille, considéré par le consommateur marocain comme un reptile, est grossie et engraissée dans une unité d'aquaculture à circuit fermé, dotée d'une technologie de dernier cri, à Kénitra et ce pour le plaisir des Chinois qui en sont très friands. Quand la pièce fait entre 300 grammes et un kilogramme (maximum), la production est exportée exclusivement vers l'Asie et en particulier la Chine, selon le directeur technique de «Nounemaroc», une unité issue du regroupement de deux grandes sociétés française et néerlandaise exploitant l'anguille en Europe et de la participation d'un opérateur marocain. La production est totalement exportée vers d'autres pays autres qu'européens, a-t-il noté, lors d'une cérémonie organisée à l'occasion du lancement de son installation d'élevage d'anguilles. Pour nombre de journalistes ayant visité cette unité d'aquaculture, seuls les Chinois saisissent la valeur nutritionnelle de l'anguille. D'autres journalistes ont tenté de minimiser l'importance de cette exception chinoise en avançant que les Chinois ont la particularité de manger beaucoup de choses. L'anguille n'est pas un poisson prisée au Maroc pour des raisons obscures, selon des journalistes présents lors de la visite de cette station d'aquaculture à Kénitra. Non, les Marocains ne consomment pas l'anguille, car ils en ignorent les qualités nutritionnelles, d'après une série de commentaires au sein de la délégation des journalistes. Et ce n'est un secret pour personne que l'anguille est mal vue par les Marocains, qui la considèrent à tort comme un reptile répugnant. Les Marocains sont par contre de grands connaisseurs puisqu'ils n'aiment que les choses raffinées et savoureuses comme en témoigne le sort réservé aux spécialités marocaines, qui sont bien appréciées partout dans le monde dont en premier lieu le tagine et le couscous, selon nombre de commentaires. Mais l'anguille est un poisson d'eau douce qui se reproduit en abondance depuis peut être des siècles dans nos oueds et rivières et l'on doit trouver le moyen de l'aimer et de la faire aimer à nos enfants qui en ont besoin pour leur croissance, s'est exclamé un journaliste. Selon les spécialistes, l'anguille fait en effet partie des poissons les plus gras. Mais sa richesse en lipides (16 g pour 100 g de viande) n'est pas néfaste, car il s'agit de bonnes graisses. Ce sont en effet des Oméga-3, des acides gras essentiels à la régulation des lipides dans le sang et à la croissance. La consommation d'anguille peut, comme pour tous les poissons, diminuer les risques de maladies cardio-vasculaires. En un mot, l'anguille est un aliment sain très bénéfique pour la santé. Non, répondit une journaliste, l'anguille est repoussante car elle ressemble beaucoup plus à un reptile ou ver qu'à un poisson. Il s'agit d'un détail qui explique le fait que l'anguille est bannie de la culture gastronomique du pays, a-t-elle dit. Dans la culture marocaine, tout reptile doit être tué. Quand un rêve porte sur des serpents, cette vision est annonciatrice d'un malheur, selon des interprétations. Pour le responsable technique de Nounemaroc, la non-consommation de l'anguille par les Marocains fait partie des facteurs qui ont été positivement pris en compte avant l'installation de son unité à Kénitra. Selon une brochure distribuée aux journalistes, la création de Nounemaroc en 2006 a eu lieu à l'issue d'une étude, qui a révélé une faible exploitation artisanale des ressources abondantes dans les eaux de la région et en particulier dans l'Oued Sebou. Depuis sa création avec un investissement de 13 millions de dirhams, Nounemaroc n'a cessé de s'agrandir, ce qui a permis de monter à présent une unité pour un investissement de 45 millions de DH, lit-on dans ce document, ce qui montre que l'activité est très lucrative. Forte de ses succès, la société Nounemaroc s'est donc permise en ces temps de crise de lancer sa nouvelle station de Kénitra avec comme objectifs de «contribuer à l'essor de l'économie marocaine, à la création d'emplois directs et surtout, au repeuplement en amont des barrages pour protéger la ressource en anguilles dans les oueds, ressources protégées depuis 2009 par CITES» (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d'extinction). Installée sur une superficie de 3000 m2 avec 80 bassins et dotée d'une salle d'abattage de 5000 kg/jour, Nounemaroc produit 320 tonnes par an, production devant atteindre dans le futur quelque 500 tonnes par an. Pour les responsables de cette unité, l'idéal est de parvenir à commercialiser un produit fini à base d'anguilles transformées sur place en kabayaki ou fumées.