Voici l'exemple d'une entreprise qui a su réussir avec brio un coup de maître, puisqu'elle est la première à l'échelle continentale à avoir monter une station d'élevage d'anguilles à circuit fermé. Il s'agit de la société Nounemaroc qui vient d'inaugurer sa nouvelle unité de production jeudi dernier dans la zone industrielle de Kénitra. L'effort d'investissement dans ce projet d'extension s'élève à 40 millions de dirhams. Jérôme Gurruchaga, directeur général de Nounemaroc, nous explique que c'est le fruit d'une joint-venture avec une des plus grandes sociétés européennes d'exploitation de cette espèce de poissons à savoir le groupe Hollandais Nijvis. Pour la petite histoire, Nounemaroc a commencé son activité au même site aux abords de Oued Sebou en 2006, avec un investissement de l'ordre de 13 millions de dirhams. L'affaire a très bien marché en réalisant des performances financières pour ne citer que l'exemple de son dernier chiffre d'affaires qui culmine à 50 millions de dirhams, avec une production annuelle de plus de 70 tonnes. Fort d'un business plan financier musclé, le top management a su gagner la confiance du groupe Nijvis pour conclure un regroupement. Chose faite, le top management avec un ton optimiste compte multiplier par 5 voire 6 son volume des ventes à l'horizon 2015, le temps que le cycle de production puisse atteindre la vitesse de croisière en enregistrant une production annuelle avoisinant les 35 tonnes. La totalité de celle-ci est destinée à l'export essentiellement les marchés du Japon, Chine et Corée du sud. Gurruchaga informe que la prospection du marché Américain est en cours. Par contre l'Europe, premier partenaire commercial du pays, ne figure pas parmi ses marchés cibles. Une piste de projet prometteuse Et pour cause, le vieux continent interdit d'importer ce poisson depuis un pays non membre de l'Union européenne, sous prétexte de préservation de cette espèce menacée de disparition. Pour les chasseurs d'idées de projets, l'aquaculture au Maroc promet, selon Gurruchaga, monts et merveilles. Toutefois, l'exploitation et l'élevage des anguilles n'est pas une mince affaire. La maîtrise du savoir faire en une condition sine qua non. Et pas seulement. Le top management confie que derrière sa réussite se cache un secret professionnel. D'ailleurs, nombreux sont ceux qui se sont lancés dans cette activité sans pour autant arriver à tenir coup. Il ressort de ces interventions que tout se joue au niveau de la technologie. Gurruchaga avoue que sa station d'élevage utilise «une technologie inexistante jusqu'alors dans ce type aquaculture à circuit fermé». Généralement, la prolifération de microbes et bactéries influe massivement sur la salubrité, voire la vie des produits aquacoles. Nounemaroc a réussi donc à développer un système informatisé à même d'autogérer toutes les opérations de manipulation et de traitement. Les techniques de ventilation et l'aération favorisant la stabilisation de la température ambiante ne sont pas en reste. L'introduction de bactéries pathogènes peut aussi se révéler d'une importance cruciale dans ce type d'élevage à circuit fermé. Mais ce qui fait le coup de maître de cette entreprise dont on a parlé, c'est qu'elle exploite une ressource dont le consommateur marocain n'en sait rien. Curieusement, ce dernier ne consomme pas les anguilles. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Gurruchaga assure que le Maroc regorge d'un potentiel en la matière faiblement exploité.