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Avortement clandestin
Plus jamais ça !
Publié dans Albayane le 09 - 04 - 2013


Plus jamais ça !
L'avortement illégal ou clandestin est de nouveau au devant de la scène, la presse audio-visuelle et écrite en langue arabe et française en ont fait de gros titres. Il en est de même pour la presse électronique. Le démantèlement a Meknès du plus grand réseau d'avortement voilà près d'une semaine, et la condamnation d'un médecin à 10 ans de prison par le tribunal de Fkih Ben Salah pour avortement illégal le Jeudi 4 avril 2013 sont une opportunité pour parler de cette pratique condamnée par la loi.
Qu'est-ce qu'un avortement ? Un avortement est une interruption prématurée d'une grossesse. Si l'interruption intervient spontanément, on parle d'une fausse couche. Si elle se fait artificiellement pour des raisons strictement médicales, on dit que c'est un avortement provoqué ? S'il s'agit de raisons non exclusivement médicales, on parle alors d'une interruption volontaire de grossesse. Elle est généralement pratiquée si la poursuite de la grossesse met la vie de la mère en danger ou si l'enfant risque d'être victime d'une maladie particulièrement grave ou incurable. Lorsque l'avortement est fait de façon clandestine en dehors de tout contrôle médical, on parle alors d'avortement provoqué clandestin.
Des femmes mariées ou divorcées, des veuves et même des jeunes filles parfois mineures qui se retrouvent enceintes n'hésitent pas un seul instant à se faire avorter n'importe où au mépris de toutes les conditions sanitaires qu'exige la pratique médicale.
Ces femmes ont souvent recours à l'avortement clandestin, une pratique dangereuse que pratiquent certains médecins peu scrupuleux, et des charlatans malhonnêtes qui n'hésitent pas charcuter ces femmes et ces jeunes filles pour s'enrichir au détriment de leur détresse.
Il est vrai que dans une société comme la nôtre, il est impensable et malsain d'avoir des enfants en dehors des liens du mariage. Pour beaucoup, l'honneur reste une question primordiale, et tous les moyens sont bons pour le sauver. On comprend mieux dès lors pourquoi l'avortement clandestin est si courant et que celui-ci a de beaux jours devant lui.
Une pratique dangereuse
Parler de l'avortement au Maroc n'est pas chose aisée car cette pratique est entourée de plusieurs interdits, de tabous et autres barrières enchevêtrées et complexes. On trouve côte à côte la religion qui bannit l'avortement, la loi qui l'interdit, le regard de la société et celui du voisinage...
Des éléments qui ont de tous temps handicapé et paralysé un débat que l'on aurait voulu serein, constructif, ouvert, sincère et surtout honnête. Un débat que réclame depuis des lustres notre société car les enjeux de l'avortement clandestin qu'il soit médicalisé ou non sont énormes et lourds de conséquences. L'avortement à risque, c'est celui qui est pratiqué par des individus peu scrupuleux, qui n'hésitent pas à utiliser pour leur vile besogne du matériel hors d'usage, non stérilisé, des objets pointus effilés ou des produits caustiques qu'ils introduisent dans l'utérus des femmes enceintes pour les faire avorter dans des conditions d'hygiène déplorables. Ce genre de pratique se passe dans des locaux sales, des arrière-boutiques, des maisons d'habitation et parfois malheureusement dans certains cabinets médicaux. Pourtant cette pratique est interdite par la loi. Celles et ceux qui pratiquent l'avortement s'exposent à des peines d'emprisonnement et à des amendes conformément à la législation en vigueur. Et pourtant rien n'y fait, l'avortement clandestin est une pratique courante. C'est le dernier recours pour des femmes qui veulent échapper à la honte d'une naissance illégitime. Nombreuses sont celles qui optent pour une clandestinité parfois périlleuse qui met en danger leur propre vie.
Ampleur du phénomène
On estime que chaque jour pas moins de 800 avortements clandestins sont pratiqués par des réseaux spécialisés dans les avortements. Ces réseaux font appel pour leurs sales besognes à certaines sages-femmes peu scrupuleuses, à quelques médecins et infirmiers véreux.
Ces avortements sont réalisés soit au niveau du cabinet médical, à domicile et parfois dans des arrière-boutiques ou des endroits désaffectés ou n'existe aucune hygiène.
Les exemples en la matière abondent. C'est ainsi que le 22 novembre 2007, la police judiciaire de Hay Hassani avait arrêté un médecin mis en cause dans son cabinet, au quartier Oulfa à Casablanca en flagrant délit d'une opération d'avortement. Quand les policiers font irruption dans ce cabinet transformé en clinique clandestine, sept jeunes filles s'y trouvent.
Le 1er mars 2008 à Agadir, deux médecins, une gynécologue, un anesthésiste-réanimateur, et une infirmière sont appréhendés par la police pour avoir accepté de pratiquer une interruption volontaire de grossesse.
La semaine dernière, les éléments de la police judiciaire ont investi les locaux d'une clinique secrète qui ne dispose d'aucune autorisation pour l'exercice de ses activités et arrêté un gynécologue, un infirmier qui travaille à l'hôpital militaire de la ville et une assistante médicale qui s'apprêtaient à procéder à des opérations d'avortement clandestin.
Le jeudi 4 avril 2013, le Tribunal de première instance à Fkih Ben Salah a condamné à dix ans de prison, à six ans ferme, un ex-médecin qui travaille à Souk Sebt, accusé d'avoir procédé à des opérations d'avortement illégal. La juridiction a également interdit à l'accusé d'exercer à vie sa profession. Ce médecin avait déjà été condamné une première fois à 4 ans de prison pour le même motif.
La secrétaire du médecin a écopé, elle, de cinq ans de prison, dont six mois ferme, pour le même chef d'accusation, alors que quatre autres jeunes filles, poursuivies dans le cadre de cette affaire, ont été condamnées chacune à une année de prison, dont quatre mois ferme, pour avortement illégal .
Au-delà des condamnations et des arrestations qui ont lieu souvent et qui viennent nous rappeler que l'avortement clandestin est une réalité qu'il ne faut pas occulter, surtout quand on sait que ce sont près de 800 avortements clandestins qui sont réalisés chaque jour
C'est énorme, car cela fait 300.000 interruptions de grossesses par an. Si on fait un petit calcul pour faire la part entre les avortements dits médicalisés et ceux qui ne le sont pas, on obtient 220.000 avortements médicalisés, c'est-à-dire ceux qui sont pratiqués par des médecins au sein des cabinets médicaux et de certaines cliniques privées réputées pour cette pratique. Quant aux avortements pratiqués par des apprentis sorciers, leur nombre est estimé à 73.000. Tous ces chiffres ne sont pas officiels, mais présentés par le Pr Chafik Chraïbi, président de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC).
Un problème de santé publique
Le problème des avortements clandestins n'est pas uniquement celui de l'illégalité de cet acte, c'est aussi celui des conséquences immédiates et futures sur la santé des femmes que fait courir cette pratique surtout quand on sait dans quelles conditions sont réalisés ces avortements. Souvent, ces femmes sont admises au niveau des différents services des urgences dans un état de choc avec de fortes hémorragies, après une tentative d'avortement non réussie. Celles qui arrivent vite aux urgences et qui sont prises en charge par les médecins des différents hôpitaux ont des chances d'être sauvées. Malheureusement, certaines femmes décèdent des suites de ces pratiques dangereuses. On comprend pourquoi le taux de mortalité maternelle est élevé au Maroc (112/100.000 naissances vivantes), 13% de ces cas de décès sont liés à l'avortement, selon l'Organisation mondiale de la santé. Dés lors, on peut dire que l'avortement clandestin est un réel problème de santé publique, un drame humain qui ne peut laisser personne indifférente. C'est aussi un phénomène social très complexe. Sa prévalence en termes de cas et de complications inhérentes à cette pratique est telle qu'aucune femme ne sort indemne à la suite d'un avortement clandestin. Les séquelles de l'avortement clandestin sont lourdes tant sur le plan psychologique que sur le plan physique. Par ailleurs, il faut savoir qu'un avortement mal pratiqué est la cause directe de la stérilité de la femme.
L'article 449 du Code pénal punit de 1 à 5 ans de prison et d'une amende de 200 à 500 DH toute personne ayant provoqué, ou tenté de provoquer, un avortement avec ou sans l'accord de l'intéressée. La peine est portée à 20 ans de réclusion en cas de décès et est doublée si l'avorteur est récidiviste. L'article 454 punit de 6 mois à 2 ans toute femme s'étant livrée à l'avortement sur elle-même. Enfin, l'article 455 punit de 2 mois à 2 ans les complices d'un avortement, notamment les intermédiaires ou les vendeurs de produits abortifs. En outre, s'il est prouvé que le coupable se livrait habituellement à cet acte, les peines sont portées au double. Si le coupable fait partie du corps médical ou para-médical, il peut, en outre, être frappé de l'interdiction d'exercer temporairement ou définitivement. Concernant la femme qui s'est volontairement prêtée à un avortement ou qui a utilisé elle-même des moyens qui lui ont été indiqués pour avorter, elle risque une peine d'emprisonnement de 6 mois à 2 ans.


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