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Haro sur le déficit public
Analyse
Publié dans Albayane le 23 - 06 - 2013


Analyse
«La honte», de l'opprobre qui couvre toutes les actions de l'Etat, c'est l'ennemi de la croissance; du bien être collectif, et de l'avenir radieux qui ne peut devenir effectif qu'avec la sacro sainte règle de l'équilibre budgétaire, ou tout le moins avec le maintien du déficit dans la fourchette du tolérable.
L'assaut sur le déficit public occasionne un verbiage monstre, des réquisitions contre le criminel qu'est devenu l'Etat. Les arguments de ce réquisitoire sont essentiellement d'une nature comptable. Et pour cause, la revendication du laminage budgétaire s'appuie sur une vision empirique, contextuelle, enfermée dans le court terme, voire l'immédiat; mais il n'en demeure pas moins que c'est une situation attachée à un moment du passé. Dans cet ordre, les statistiques, qui structurent la comptabilité nationale ou la comptabilité monétaire et financière, constituent la plateforme de l'argumentation d'une projection analytique hypothétique. Et c'est à bon escient, car cette manière d'appréhender le phénomène occulte le référentiel idéologique qu'est le néolibéralisme globalisé, ainsi que les véritables donneurs d'ordre des politiques économiques à suivre, les gardiens du temple: BM, FMI et OMC, le gendarme américain et les fortunés de l'ordre boursier mondialisé. Tout ce monde ne reconnait ni souveraineté nationale ni indépendance décisionnelle, car tout relève chez eux d'une entité hypothétique nommé "le Marché Global sans frontières".
Y'a-t-il une alternative que l'on peut opposer à ces dictats, qui usent d'une médiatisation offensive pour s'imposer dans les esprits comme unique médecine, la seule voie du salut, la panacée qui empêche la déconfiture et le chaos? A notre humble avis, que d'aucuns jugeront effronté, c'est le "Hubble" d'une économie politique critique qui saurait remettre les pendules à l'heure, lever les voiles sur les profondeurs nébuleux de cette galaxie de l'économisme, dont la pratique de l'ésotérisme tout azimut a rendu inaccessible autant aux profanes qu'à ceux qui se croient initiés. Car en fait derrière tout déficit, de même que tout excédent, git un modèle dynamique réel de l'organisation économique; et la permanence d'un déficit ou son ampleur, tel un accès de fièvre, met à jour des problèmes de structures et de choix stratégiques à reconsidérer. Mais reprenons cela en détails.
L'approche comptable du déficit
Il va de soi que c'est le comptable qui constate le solde déficitaire ou excédentaire, résultante de la comparaison des comptes ressources à ceux des dépenses. Et rien de surprenant qu'il réagisse à partir de ses données comptables, particulièrement dans le cas du déficit. Généralement il recommandera pour sa résorption la thérapie standard suivante:
-L'augmentation des recettes futures par une agressivité accrue à l'égard des sources génératrices de recettes. Dans le cas du budget étatique, c'est le contribuable et le consommateur en général.
-La révision des postes de dépenses et la réduction des charges jugées inopportunes. Le choix des cibles n'est pas fortuit et il est toujours guidé par des a priori qui ne sont jamais déclarés. Par contre les justifications relèveront d'une action marketing pour contourner les réactions négatives. Dans le cas marocain, la campagne marketing s'est bâtie sur la déclaration de l'état de siège et le branle bas de combat pour faire face au taux criminel du déficit budgétaire qui a atteint 7%. La diatribe contre le déficit sera repris en chœur par le banquier central, ex ministre des finances, et deux ex-ministres des affaires générales de gouvernement, l'un s'occupant de l'agence nationale des statistiques et l'autre de la programmation budgétaire. Tous les trois se sont relayés pour condamner sans appel le déficit, aidés par une presse totalement acquise au discours néolibéral; bien que certains de ses figures de proue actuels étaient, cela ne fait pas beaucoup de temps, totalement acquis aux approches de nature socialiste. L'objectif de cette offensive médiatique est de mettre en accusation comme responsable direct de ce déficit: la caisse de compensation. Le discours s'est déployé sur un ton culpabilisant tout le monde, qui est invité à avaliser le choix rationnel et profondément social du réaménagement tactique de cette caisse, en vue de sa suppression à terme.
Mais essayons de réexaminer calmement, sobrement, cet argumentaire concocté à la sauvette et présenté sous coup de déclarations alarmantes, de meeting, de réunions de crise du gouvernement, et un flot d'articles qui se font écho avec le même leitmotiv du "sauve qui peut".
D'abord, personne n'évoque le régime de l'inflation permanente dont le Maroc fait les frais sur plus d'une décade, avec les soubresauts populaires qu'il a généré. Et la question que cela impose: n'a-t-on pas avalisé l'indépendance de la Banque centrale, conformément à la doctrine monétariste, pour juguler l'inflation justement? Apparemment le contrôle de la masse monétaire et des liquidités bancaires n'a pas réussi à maintenir le calme dans les marchés; et surtout le capital ne semble pas en être dérangé outre mesure. Mais la population active au Maroc, particulièrement la jeunesse, a toutes les raisons de l'être, car c'est elle qui en fait les frais en subissant un chômage endémique et l'absence de toute perspective de promotion sociale; alors que la majeure partie de travailleurs actifs subissent une exploitation sauvage et contraints d'accepter des salaires nivelés vers "moins que le minimum vital"; et le comble devant subir de plein fouet le raz marée inflationniste.
Apparemment, le couple stagflationniste "inflation – chômage" marche à merveille dans notre pays au grand dam de la gestion monétariste prônée par la banque centrale, et qui remet en question le statut d'organe jouissant de l'indépendance vis à vis du gouvernement, qui lui a été dévolu sans consulter qui que ce soit dans ce Maroc dit indépendant et souverain.
Toujours est-il que la question du niveau acceptable du déficit public demeure sans débat et sans proposition justifiée théoriquement par la pensée économique. Mais cela n'a jamais gêné le moins du monde certaines institutions internationales, dont principalement l'OCDE et l'UE, arrimés au sillage du consensus de Washington, de décréter le niveau de 3% comme critère d'évaluation de la gestion budgétaire publique. Dès lors, le taux de 7%, 2 fois et demi le taux de référence, devient un taux criminel, dont la survenance est la pire chose qui peut arriver à une économie, pratiquement sous tutelle, comme la notre.
Mais la question restera toujours posée, pourquoi le taux de 7% ? Et selon quelle référence serait-il plus catastrophique que celui de 3%? Et cette appréciation n'est-elle pas le fruit d'un amalgame délibéré entre l'approche macro économique et celle de la micro économie, voire une substitution pure et simple de la première par la seconde, comme l'entend la pensée néolibérale? Et réduire le raisonnement sur l'Etat, qui est un être politique, et son budget qui est un compromis politique entre choix politiques divergents, à traiter en simple décision ou engagement d'un simple agent économique comme l'est un ménage ou une entreprise, n'est-ce pas l'expression un déraillement de la pensée, qui tend à créditer la possibilité de la faillite de l'Etat, de la société, du peuple, de la Nation? Le ridicule ne tue pas.
Mais le pire dans cette perception c'est lorsqu'elle distribue les jugements de culpabilité. Elle n'a point besoin d'analyse, le coupable est tout désigné: les dépenses sociales.
Pour appuyer cette condamnation, l'on a fait appel à la balance des paiements et les réserves des devises. Or celles-ci dépendent de notre commerce extérieur et des dépenses à l'étranger (à distinguer svp). Des devises pour acheter le pétrole, des équipements, des services stratégiques... est une chose, mais des devises pour acquérir des appartements en Espagne, en France, au Canada, ou ailleurs, ou pour l'achat de biens de luxes tels des grosses voitures pour satisfaire les lubies d'une minorité d'aristocrates, c'est bien évidemment autre chose. Sans évoquer les fuites de devises vers les comptes logés dans les paradis fiscaux, ou à des pays prêts à octroyer leurs nationalités pour héberger les capitaux renégats dans leurs coffres bancaires. Eh bien sûr ces fuites n'emprunteront jamais la voie du réseau Swift à moins d'avoir un sauf conduit.
Mais alors quelle serait la raison profonde de ce brouhaha contre le déficit public? C'est la résurrection d'un vieux démon, qui hante constamment les agents de la néo libéralisation de l'économie nationale, dont fait partie évidemment nos trois ministres en croisade contre la caisse de compensation, et qu'est l'instauration du dogme de la vérité des prix, le pilier fondamental de l'ajustement néolibéral, de sa foi dans le Dieu "Le Marché Libre", où les prix sont émancipés de tout interventionnisme, et assurant l'ajustement spontané de l'offre à la demande, même au prix d'un régime de rationnement, ce qu'il est question de mettre en pratique comme alternative réformiste de la caisse de compensation.
A-t-on oublié les émeutes meurtrières des années 1981, 1984, 1990, et celles qui ont émaillées la première décade 2000, et qui ont menacé de faire sombrer le pays dans le chaos?
Ce choix n'est-il pas seulement anti social, mais également anti démocratique, favorisant les détenteurs de capitaux, les actionnaires et les bénéficiaires de gros revenus? On répondra que ces derniers alimentent l'épargne et le reconduisent dans le circuit productif et de l'investissement. Mais est ce vraiment le cas? Et ne va-t-on pas rapidement en besogne en considérant que l'économie réelle au Maroc est totalement, intégralement, profondément, capitaliste?
Doit-on prouver que cette frange des gros revenus est gangrénée par le consumérisme, vivant au rythme des pays développés qui leur servent de modèle? Et lorsqu'ils investissent, n'est ce pas en s'appuyant essentiellement sur le levier bancaire et accessoirement sur leurs fonds propres? Qu'ils ont tendances plus à la spéculation, boursière ou autre, qu'à l'investissement réel et productif? Sans évoquer qu'ils comptent plus sur les subsides makhzanien et son interventionnisme occulte, hors des circuits de l'Etat et du Marché? Et l'épargne n'est-il pas le fait de certaines communautés ethniques qui le conservent, par scepticisme naturel chez eux, hors du circuit bancaire? Et peut prétendre en le justifiant qu'il y'a une véritable connexion de l'épargne et les revenus réels?
S'agissant des réserves en devises, la tendance baissière n'était-elle pas évidente sans aucun effort de prévision depuis la confirmation de la crise mondiale en 2008, avec la crise des subprimes et ce qu'elle a entraîné comme effondrement bancaire, évolution erratique du système boursier, et surendettement des Etats pour renflouer les banques responsables de cette débâcle planétaire dont les peuples n'endossent nullement la responsabilité, mais qu'on contraint, à l'instar du peuple marocain, de l'assumer?
N'était-il pas visible que nos exportations auront de plus en plus du mal à trouver acquéreur dans leurs destinations traditionnelles, surtout avec la concurrence chinoise, qui a profité de l'ouverture des frontières pour alourdir notre ardoise? Et les espoirs fondés sur notre tourisme, ne devaient-ils pas être révisés, puisque les touristes potentiels ont plus à se soucier de leurs situations devenues précaires dans leurs propres pays d'origine? Idem pour nos résidents marocains à l'étranger qui partagent également le même sort que leurs hôtes, et davantage avec le chômage dont ils sont les premières victimes? Et la dérive immobilière dirigée vers les acquéreurs étrangers et ce qu'elle recèle comme risque de bulle financière? Et la folie dépensière à l'étranger depuis l'installation de la crise dans nos voisins européens, particulièrement l'Espagne?
C'est vrai, les comptables ne voient pas plus loin que leurs chiffres, et ils ne sauraient se conduire en sages et s'inspirer d'hommes clairvoyants comme le prophète Youssef, et cacher leurs devises des années fastes pour mieux vivre les années des vaches maigres.
L'approche économique
Le déficit public a fait l'objet d'une guerre d'écoles où la raison théorique a disputé l'ascendance aux visées idéologiques sur la pensée économique. La première manche de cette confrontation a été gagnée par les keynésiens; aidés par le contexte de redressement des économies européennes, dévastées par la deuxième guerre mondiale, et dont la reconstruction s'est appuyée sur le levier du déficit budgétaire, et cette option a donné lieu aux trente années glorieuses.
L'essoufflement cyclique des économies occidentales, après l'épuisement des opportunités engendrées par la 3ème révolution technologique (électroménager, transport aérien..), les a fait entrer dans un cycle de crise, accentué par l'embargo pétrolier. L'éruption des pétrodollars qui lui a été consécutif, en quête de n'importe quelle opportunité d'investissement, a fait baisser les taux de rentabilité, générant une crise, qui sera désignée par les économistes libéraux de "crise de la profitabilité", devant laquelle le levier budgétaire était inopérant. C'était le moment opportun pour les nouveaux conservateurs pour imposer leurs politiques économiques consacrant leur dévotion fanatique au marché.
Le parti républicain américain, mené par Reagan et les conservateurs britanniques, par Thatcher, vont mener l'offensive contre le rôle et les missions de l'Etat, qu'ils ont apparenté à la planification communiste, et rendu responsable de la stagflation, de l'inefficience économique, notamment par sa politique redistributive, qui fausse le jeu du marché du travail, par l'extension du secteur publique à des activités que le privé saurait mieux rentabiliser. "Le problème est le gouvernement" comme le déclarerait Reagan dans un de ses discours.
La généralisation de ce modèle sera accélérée par l'implosion de l'URSS, qui a consacré l'unilatéralisme américain et facilité la mise en place du consensus de Washington comme matrice de la mondialisation néolibérale, confortée par la nouvelle révolution des technologies de l'information et de la télécommunication.
A la place du déficit public, c'est l'endettement qui est dicté aux Etats, qui devaient se soumettre dorénavant aux ordres venus de la spéculation boursière, et ce pour gérer de sociétés saignées à blanc. Dans la matrice néolibérale, toutes les économies sont similaires aux yeux des marchés, et aucune distinction n'est opérée entre économies développées ou sous-développées; tout au plus pour celles qui ont commencé à s'imposer dans les instances internationales, elles seront désignées par "économies émergentes", car issues de l'ancien bloc communiste pour la plupart d'entre eux.
Pour le Maroc, cette réorganisation commença à poindre avec le rapport sur l'inefficacité du secteur public présenté par le ministre des finances de l'époque, Mr JOUAHRI. L'exécution du programme d'ajustement structurel imposé au Maroc sera émaillé d'incidents: Outre les soulèvements populaires, le limogeage manu militari du ministre des finances, le professeur SAGOU, pour la faute de laxisme budgétaire ayant donné lieu à un déficit intolérable pour les techniciens de la Banque mondiale.
Pour la résorption du déficit public seront menées des attaques frontales contre les postes de dépenses intéressant l'enseignement et l'éducation publique et la santé, dans un premier pas conduisant à la privatisation des services de l'Etat à caractère marchand, ainsi que les entreprises publiques, dont les fleurons seront offerts au capital étranger, suivi de la libéralisation du change et la réorganisation bancaire, pour finir durant les années 2000 par la dislocation progressive de l'administration publique; jugée dévoreuse d'une portion du budget au quota qui lui est fixé par les prophètes néolibéraux (11% du budget). Elle sera décongestionnée de ses effectifs par la politique des départs volontaires, lesquels vont provoquer une fausse crise des caisses de retraites, justifiant à terme l'imposition des assurances privées comme substituts, comme en Amérique, avec les formes d'épargne retraite....etc.
La conséquence de cette évolution à bâton rompue est la mise en berne de l'ETAT garant de l'équilibre social et locomotive du développement, que Feu SM HASSAN II va le déclarer solennellement lorsqu'il parlera de la crise cardiaque qui menaçait l'Etat du Maroc, après avoir pris connaissance d'un rapport de la Banque Mondiale.
A revoir tous les détails des faits survenus dans ce dernier quart de siècle, c'est une contre-révolution, comme la désignait les économistes socialistes et keynésiens, qui a eu lieu à l'insu des marocains. Elle a remplacé le modèle de l'import substitution qui servait de couvent à l'industrialisation du Maroc et de la consolidation d'une économie en constitution depuis la décolonisation, par le modèle de l'économie d'exportation et des avantages comparatifs. Ce modèle induit des revendications de compétitivité à lesquelles le Maroc est loin d'être éligible. Et cette révolution ne peut être achevée que par l'adoption définitive de la politique de la vérité des prix. D'où l'offensive contre la Caisse de Compensation.
Les résultats de cette révolution néolibérale sont là: paupérisation massive, l'exclusion, chômage endémique, inflation, concentration des richesses, hémorragie financière vers l'extérieur, déstructuration du tissu social, l'accentuation du déséquilibre spatial et environnemental.....
Il advient que la bataille du déficit public est la bataille d'un modèle économique, qui va entraîner le Maroc dans les gouffres de la désolation, comme il est entrain de le faire dans l'occident, qu'il entraîne inexorablement vers une nouvelle guerre mondiale. Sont en danger notre paix civile, notre identité culturelle millénaire, toute promesse pour un avenir meilleur pour nos enfants.
Il serait judicieux que les partis composant le gouvernement, et qui représentent la force morale (PJD), la fibre social démocrate (PPS), la profondeur identitaire (MP) et la lutte nationaliste pour l'indépendance (Istiqlal), prennent conscience que l'on veut, comme dit l'adage marocain, manger l'ail par leurs bouches. Et ils doivent trouver le courage pour dire halte à l'envolée suicidaire.
Un dernier mot à l'adresse de notre Banquier central: La théorie des anticipations rationnelles doit figurer nécessairement dans votre cursus bancaire et financier, le contraire serait catastrophique. Rappelant aux néophytes qu'elle recommande de gérer les réactions en chaîne des agents économiques et leur esprit grégaire. Autrement dit, les déclarations tonitruantes sont contreproductives. Dans notre situation actuelle, elles ont provoqué une course vers la thésaurisation massive des devises dans les coffres privées. Et la chasse aux sorcières menées actuellement par les Impôts contre les contribuables physiques, en particulier, est loin d'arranger les choses.
Et clairement dit: que l'on cesse d'entretenir un climat de crise, sinon on risque de s'y noyer avec ou sans bouée de sauvetage.
*Economiste, Analyste Géo-Socio-Eco-Politique


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