C'est à Taroudant que la chambre d'agriculture de la Souss Massa Drâa a tenu sa session ordinaire. Deux leitmotivs semblent animer les opérateurs du secteur à opter pour ce choix. Tout d'abord, il ne fait de doute que la ville impériale demeure le cœur battant de ce volet économique névralgique. Ensuite, il est également incontestable que cette région reste le bastion du grand « manitou », Ali Kayouh, président de cette instance professionnelle. Lors du rassemblement des acteurs de ce domaine, mercredi dernier, le débat était des plus âpres du fait de la conjoncture actuelle marquée par un désastreux déficit de productivité agricole. En effet, la vague de froid glacial qui a cruellement frappé la région, a occasionné, tel que précédemment évoqué, des incidences fâcheuses aux cultures des légumes, primeurs et fruits. Ces dégâts dont pâtissent les populations de toute la région ont lourdement pesé sur les conditions de vie des citoyens, directement introduits dans le secteur et les consommateurs affectés aussi, par la rareté et la cherté de ces productions. Dans sa communication préliminaire, l'inusable Ali Kayouh dont la progéniture prend la relève aussi bien au législatif qu'à l'exécutif, a brossé un tableau des plus sombres concernant les pertes considérables de ces conditions atmosphériques meurtrières. « Cette situation est calamiteuse car elle touche tant les petits, les moyens que les grands agriculteurs qui, de ce fait, sont endettés jusqu'au cou. La crise est donc générale et il va falloir s'y pencher sérieusement, en formant un lobbying fort composé des députés de la région pour trouver les solutions idoines au niveau des centres de décision », lance-t-il, d'un ton morose. Pour sa part, le gouverneur de la province, au cours de son allocution, a mis en exergue les atouts de cette zone de choix par excellence, avec plus de 175 hectares de terres fertiles qui approvisionnent les marchés locaux, régionaux, nationaux voire internationaux de produits agricoles de qualité. « Vous savez, cette région souffre, en revanche, de nombre de contraintes, notamment l'exploitation excessive des eaux souterraines et l'exiguïté du débit de la phréatique », souligne-t-il, en soulevant pareillement la problématique du gel qui saccage la production agricole, ainsi que les effets regrettables des pâturages anarchiques et informels qui viennent également à bout de cultures agricoles. Ces nomades, poursuit-il, ne cesse de porter préjudice aux productions, en particulier dans les fermes agricoles et les forêts de l'arganier, très endommagés par ces pratiques quotidiennes. Par la suite, la majeure partie des intervenants, membres du conseil régional d'agriculture, n'a pas non plus manqué de soulever ce phénomène du froid qui anéantit d'une traite les différentes productions agricoles, en exhortant le ministère de tutelle et d'autres départements concernés d'intervenir au plus vite afin de venir en aide aux agriculteurs, en situation de détresse. Une série de recommandations a été alors adressée aux décideurs centraux pour pallier à cette situation dramatique. Par ailleurs, la session est passée à l'examen du budget dont les recettes s'élèvent à plus de sept millions de dhs, alors que les dépenses d'exploitation et d'investissement confondus, sont de l'ordre de presque autant. Enfin, les agriculteurs, en plein état de marasme collectif, n'ont pas hésité, tout de même, à faire preuve de beaucoup de solidarité envers un certain nombre de cadres et d'employés au sein de la chambre d'agriculture à qui ils ont réservé un émouvant hommage pour les efforts louables déployés dans cette structure professionnelle consultative. Une belle initiative pour ces retraités qui font l'objet de vibrant geste de reconnaissance et d'estime. Enfin, il faut bien dire que la sonnette d'alarme tirée, aujourd'hui, par les professionnels d'agriculture, après celle tirée, il y a quelques jours, par leurs collègues du tourisme, en présence du ministre à Agadir et celle tirée par leurs confrères de la pêche maritime, lors de la session ordinaire de ce secteur, tenue récemment au siège de la chambre centre atlantique, traduit bien la persistance d'une conjoncture difficile des départements économiques clés de l'économie régionale et nationale. Il est alors impérieux de faire face aux problèmes de fond qui freinent l'évolution de ces secteurs de taille. Un plan palliatif d'envergure est à mettre sur pieds aussi bien au niveau régional que central afin de permettre l'essor escompté au cœur duquel l'élément humain serait comblé.