On reviendra, encore une fois, sur cette opération titanesque qui consistait à lutter contre le logement irrégulier. Une manœuvre qui avait été menée dans la peine, après plus de quatre décennies de laxisme, de complicité et d'insouciance. A l'instar de nombre de villes du Royaume, Agadir avait été le théâtre d'opérations d'envergure de démolition des constructions illicites et non réglementaires. Environ 5000 habitations et locaux commerciaux avaient été détruits, en quelques semaines, à coups de bulldozers dans plusieurs quartiers de la ville, mais aussi dans des communes rurales avoisinantes. Il fallait amorcer cette opération avec beaucoup d'audace, car depuis longtemps, les agents de l'Autorité, les élus, les spéculateurs et mafias de l'immobilier mettaient la main dans la main pour convertir la région en espace d'enrichissement aux dépens des miséreux, sans scrupule. Après les destructions massives et sans répit, place à la réhabilitation des victimes dans leurs droits et à la sanction des contrevenants. Les fameux piémonts qui étaient la cible de destructions intensives, font aujourd'hui l'objet d'une restructuration dans la concertation, même si elle met beaucoup de temps à se dénouer dans sa globalité. On est parvenu, quand même, à libérer le domaine public et à stopper l'hémorragie qui sévissait dans ces lieux anarchiques, pendant longtemps. En effet, des rassemblements se sont amorcés, auxquels prenaient part, les autorités locales, toutes composantes confondues, les services de l'agence urbaine, l'inspection régionale de l'habitat, la société Al Omrane, les élus et les associations des douars piémontais : Ait Taoukt, Ait Mouden, Ighil Ouderdour, Hlaga, Imounsis. Cette campagne d'assainissement qui a nécessité, en fait, des mois de travail laborieux a pu éviter de porter préjudice à l'esthétique de la cité et à l'enfoncer davantage dans la débandade. Cette action fugace, en fin de compte, s'est accomplie dans le respect des dispositions de la loi à l'encontre de tous les contrevenants, sans tenir compte de leur fonction dans la hiérarchie de l'Etat ou leur statut social. Cette lutte acharnée continue, effectivement, à poursuivre ces mafieux qui n'ont fait que «vendre » les mirages aux victimes et verser dans le mercantilisme immoral. Ces démarches hardies ont suscité un sentiment d'approbation dans les multiples milieux de la ville, du fait que ces opérations visaient la sauvegarde des vies humaines et des biens publics. Comment agir si, par malheur, les lits des oueds où se sont érigées des habitations dévalent en crue ou encore les zones sismiques éclataient en épicentre ? Nul ne tolérera garder en conscience des âmes sous les affres des calamités naturelles. On n'en supportera nullement le repentir, devant une telle situation dramatique. Pourquoi maintenant et non pas avant que cela ne dégénère, pourrait rétorquer tout un chacun ? Depuis déjà longtemps, les autorités locales, en collaboration avec toutes les parties concernées ont pris à bras le corps ce brûlant dossier et provoqué des réunions en compagnie de tous les intervenants en présence, y compris souvent le pouvoir judiciaire à qui revient le mot du verdict afin de juguler cette problématique qui sévissait progressivement. Des bonnets du foncier se sont acharnés à enfreindre les lois en vigueur en rebâtissant des constructions et causant la prolifération des habitations illégales. L'Autorité est intervenue avec rigueur pour empêcher ces transgressions en obstruant les accès aux camions qui alimentaient dans la clandestinité ces infractions en matériaux et en amorçant une large opération de nettoyage, en dépit des ripostes farouches des populations en proie à la machination spéculative. Il convient pareillement de préciser que les autorités, en coordination avec les services concernés, se sont empressées pour mettre sur pieds de nouvelles mesures de réhabilitation et d'indemnisation des victimes. A cet égard, il est question de lancer, dans un délai opportun, d'une mise en place de restructuration des piémonts et d'implantation de lotissement pour les citoyens à revenu limité. Il s'agit, en fait, du projet social «Al Wiam», à hauteur de 140 000 dhs l'unité de 64 m2, de 1992 lots, sur 52 ha. Plusieurs infrastructures de base y seront incorporées dans le périmètre urbain de la ville, notamment la connexion du réseau routier avec le quartier Mohammedi, l'approvisionnement en électricité, eau potable et assainissement, ainsi que d'autres équipements à caractère administratif et social, tel une maison du quartier, terrain de sport, espace vert..., pour une enveloppe budgétaire s'élevant à 200 millions de dhs. Cette mesure lancée à l'assistance composée, à chaque fois de représentants victimes des démolitions des logements illégaux, a été suivie d'autres démarches des services extérieurs concernés, expliquant la teneur de ce projet de restitution des populations des piémonts d'Agadir.