La Journée internationale des migrants, célébrée ce jeudi, intervient dans un contexte de débat renouvelé sur la politique migratoire au Maroc et les moyens de l'actualiser à la lumière des changements mondiaux en cours, notamment les nouvelles lois européennes. Dans ce cadre, la plateforme « Migrapress » a publié une feuille de politiques sur cet événement, soulignant que « le défi de l'immigration au Maroc n'est pas d'ordre financier ou quantitatif, mais plutôt une question de responsabilité et de vision politique, où le passage d'une mesure exceptionnelle à une politique nationale claire est une condition essentielle pour garantir la stabilité sociale et un modèle marocain durable de gestion de l'immigration ». Le professeur et chercheur dans le domaine de l'immigration, Hassan Jafali, a rappelé à cet égard que le Maroc a adopté une politique en matière d'immigration et d'asile depuis 2013, sur la base du rapport du Conseil national des droits de l'Homme soulignant que cette politique, en vigueur depuis 13 ans, nécessite une mise à jour complète. Jafali a ajouté, dans une déclaration à Hespress, que cette mise à jour est nécessaire pour consolider la position du Maroc en tant que carrefour stratégique reliant l'Afrique et l'Europe, et pour garantir la poursuite de la coopération africaine sur la base du principe « gagnant-gagnant », faisant remarquer que les changements politiques en Europe obligent le Maroc à adapter ses politiques pour faire face aux nouvelles tendances européennes. Le chercheur a également attiré l'attention sur le fait que l'Europe s'oriente vers des politiques plus strictes avec la montée des partis de droite et d'extrême droite dans des pays comme l'Italie, la Hongrie et les Pays-Bas. Le Vieux continent a également commencé à adopter des modèles stricts dans le traitement des réfugiés, comme le modèle danois qui refuse d'accueillir les migrants. Il a également appelé à développer la stratégie nationale afin de passer d'une intégration à trois volets (culturel, économique et social) à une intégration politique des migrants installés dans le Royaume, soulignant qu'il existe une nouvelle génération d'enfants de migrants africains qui sont nés et ont étudié au Maroc et qui sont parfaitement intégrés. Il a conclu en mettant l'accent sur la nécessité d'autoriser les migrants à participer aux élections municipales conformément au principe de réciprocité, si leurs pays d'origine accordent le droit de vote aux Marocains sur leur territoire. Mesure, aux yeux du chercheur, qui renforcerait la position du Maroc. Pour sa part, Khalid Mouna, spécialiste des questions migratoires, a estimé que « le Maroc conserve sa position stratégique en tant que pays de destination, de transit et de départ en matière d'immigration ». Mouna a expliqué à Hespress que cette situation pose de nombreux défis liés aux relations avec les pays européens. Il a également souligné le décalage entre l'approche humanitaire qui transparaît dans les discours politiques et l'approche sécuritaire très stricte appliquée sur le terrain. Et le spécialiste de dire que les chiffres annoncés par le ministère de l'Intérieur sur les arrestations, la réduction de l'immigration et la lutte contre les réseaux montrent que les questions de sécurité sont au premier plan. considérant que cette réalité nécessite l'adoption de nouvelles lois et mesures pour réglementer les mouvements migratoires entrants et sortants, et soulignant la nécessité de créer un véritable équilibre entre les dimensions sécuritaire et humanitaire dans les politiques mises en œuvre. En ce qui concerne les migrants installés, l'intervenant a expliqué que la stratégie nationale repose sur trois dimensions fondamentales. Ces dimensions comprennent la régularisation du statut des migrants, la mise en place d'une protection juridique adéquate et leur intégration effective sur les plans social et économique au sein du tissu marocain. Il a aussi a fait observer que les lois actuelles ne sont pas tout à fait conformes à ces trois dimensions, car elles comportent des lacunes qui empêchent la protection complète ou l'intégration économique et sociale souhaitée des migrants. Mouna a conclu par dire que cette carence juridique constituait un obstacle à l'adaptation aux mutations régionales et internationales rapides, soulignant que le Maroc devait moderniser son système juridique afin de surmonter les déséquilibres actuels et réviser sa législation afin de mieux accueillir les migrants africains installés dans le Royaume.