L'artiste peintre et poète Aissa Ikken s'est éteint, jeudi, à l'âge de 79 ans à son domicile à Rabat à cause d'une crise cardiaque. L'homme, fasciné par les signes, désormais délivré des soucis de la vie, laisse un héritage culturel, poétique et artistique impressionnant. Depuis sa toute tendre enfance, le défunt développait sa pensée culturelle par la culture populaire. Pour lui, cette culture populaire ne devrait pas être limitée et cadrée dans son sens traditionnel, mais plutôt une doctrine universelle. Les signes, qui meublaient son environnement, formaient et ornaient ainsi la matrice de son expression picturale depuis sa première exposition qui remonte à 1974. Ainsi les tatouages, les zelliges, les tapis, l'architecture et autres motifs habituels de la décoration sont projetés d'une manière hautement artistique au fond de la toile par les pinceaux de l'artiste peintre qui a également inventé, innové et charmé en tant que romancier, sculpteur et designer de bijoux. Durant tout son parcours, Aissa cherchait passionnément à se comprendre lui-même et à comprendre ce qui l'entourait pour œuvrer à le transformer à travers ses créations picturales. Chaque œuvre véhicule une idée, un message et engendre un dialogue. Et ses œuvres étaient on ne peut plus nombreuses et ont été exposées au Maroc comme à l'étranger dans le cadre des expositions individuelles ou collectives. En plus de ce registre volumineux et lumineux, le défunt a touché également au théâtre, en dirigeant la troupe théâtrale de Maâmoura durant plusieurs années comme il a animé le théâtre amateur par des festivals pendant 25 ans. De même, il était directeur de la cérémonie d'ouverture et du graphisme des jeux méditerranéens, panarabes et de la francophonie. Et en parallèle, le défunt militait pour promouvoir l'art et défendre la cause des artistes en tant que secrétaire général et vice-président de l'association marocaine des arts plastiques et membre du comité exécutif de l'association internationale des arts plastiques. L'intellectuel engagé, attaché aux valeurs humaines universelles, Aïssa Ikken a de même travaillé pendant longtemps au ministère de la Jeunesse et des sports dans le service ateliers arts plastiques, musique, pratique théâtrale, avant d'occuper le poste de directeur de l'Institut Royal de la formation des cadres de la jeunesse et des sports. Durant l'année dernière, le ministre de la culture, Mohamed Amine Sbihi a confié au défunt la présidence de la commission chargée d'étudier et d'examiner les projets déposés à la direction des arts pour l'obtention des subventions. Jeudi dernier, le défunt est parti, sans préavis, mais ses créations et ses pensées resteront toujours au service de l'humanité. Les créateurs ne meurent pas, mais ils changent seulement de monde !