Rabat : Ouverture de la première Conférence internationale dédiée aux victimes africaines du terrorisme    Réforme électorale : Après l'orage, la mouture de l'Intérieur passe le premier stress test    Maroc-Burkina Faso : Le chef de la diplomatie burkinabè salue la dynamique de coopération et l'Initiative Royale Atlantique    À Rabat, l'AES défend une nouvelle architecture sécuritaire face à la menace terroriste    Lutte contre la corruption : l'expérience du Maroc mise en lumière à Washington    Baraka : Le Maroc engagé à apporter une contribution active à la Vision Africaine de l'Eau 2063    OCP Green Energy met en service ses premières centrales solaires et prépare le stockage    Crédit du Maroc: Performances financières soutenues à fin septembre 2025    Le Maroc franchit le cap de 18 millions de touristes en 2025    Aérobus . L'ONDA ouvre une nouvelle liaison directe vers l'aéroport Mohammed V    Le Conseil de la Commune de Casablanca approuve en session extraordinaire la création de la Société des infrastructures sportives    Processus de paix en Palestine : Quelle plus-value peut apporter le Maroc ?    L'Ambassadeur américain Duke Buchan III prend ses fonctions    UNAF U20 (f) : le Maroc s'offre la couronne après un sans-faute    Coupe arabe (Groupe du Maroc) : l'Arabie Saoudite bat Oman (2-1)    Eredivisie : Sami Ouaissa, la révélation marocaine du NEC    Qatar : Les Lions de l'Atlas transforment l'incident du bus bloqué en victoire    Températures prévues pour mercredi 03 décembre 2025    Marrakech : l'ancienne médina sous vidéosurveillance renforcée    Le FIFM rend hommage à Raouya, l'icône marocaine qui a marqué des générations    Le Salon du livre du CNEM investit l'Artorium pour célébrer la bibliodiversité marocaine    Interview avec Maryam Touzani : « Le cinéma n'est ni masculin ni féminin : Il est une manière d'interroger le monde »    Coupe arabe : Sektioui dévoile la composition des Lions de l'Atlas face aux Comores    Smeia - BMW célèbre dix ans de partenariat avec le Festival International du Film de Marrakech et dévoile une activation culturelle inédite    La Bourse de Casablanca finit dans le rouge    Casablanca : La cour d'appel convoque les plaignantes dans le dossier du propriétaire des salles City Club    Affaire S. Benjelloun : Pas de désistement confirmé de l'ex-mari, l'influenceuse demeure incarcérée    Sahara : Alger et le polisario en réunion stratégique avant un mois de décembre décisif    La RDC déclare la fin de la dernière épidémie d'Ebola    Le Marocain Othmane Maamma inscrit son premier but avec Watford    Taza : Deux ouvriers morts dans l'effondrement d'une grue    Pedro Sánchez recevra Abdelmadjid Tebboune après le Sommet Maroc-Espagne    M. Hammouchi reçoit le nouveau sous-secrétaire général du Bureau des Nations Unies contre le terrorisme    Interview avec Amr Moussa : "La solution à deux Etats est encore possible, il ne faut pas désespérer"    Cameroun : Marc Brys officiellement limogé à quelques semaines de la CAN 2025    Mariages des mineurs : le nombre des cas passe de 26.298 en 2017 à 8.955 en 2024    Chutes de neige et fortes rafales de vent mercredi dans plusieurs provinces du Royaume    Patrimoine géologique : Marrakech, vitrine africaine    M-AUTOMOTIV Nour Rallye Raid 2025 : une aventure féminine 100 % marocaine qui a fait vibrer le Sud    Rome: Le Maroc élu à la vice-présidence du Conseil de la FAO    Vague d'enlèvements au Nigeria : Le ministre de la Défense jette l'éponge    FIFM 2025. Maryam Touzani présente son film « Calle Malaga » à Marrakech    Kayouh: les indicateurs du transport entre 2022 et 2025 dépassent les niveaux d'avant Covid-19    Avant sa projection au FIFM, le film "El-Sett" crée la controverse en Égypte    Carmen Maura : "Dans Calle Málaga, Maryam Touzani m'a dirigée comme si le rôle lui appartenait"    Mission n° 611... La Chine continue de renforcer sa flotte spatiale avec le lancement d'un nouveau satellite    Casablanca : La 2è édition du Festival Amwaj se tiendra du 04 au 07 décembre 2025    FIFM. Jodie Foster : « La force d'un acteur réside dans sa singularité »    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Confinement: Tous ensemble?
Publié dans Albayane le 05 - 06 - 2020

Analyser un évènement en cours est généralement une entreprise risquée surtout en temps de crise. C'est d'autant plus vrai en temps de pandémie tant les circonstances que nous vivons sont inédites. L'expansion rapide du virus a bousculé toutes les vies humaines et contrarié les plans de bon nombre de secteurs économiques.
Le caractère général de la pandémie et la similitude des actions prises par la quasi-majorité des gouvernements du monde, nous amène parfois à penser que nous sommes tous touchés par la pandémie de la même façon.Pourtant on y voyant de plus près, on se rend vite compte des disparités entre les confinés. Et cette observation n'a rien d'exceptionnel. Elle met simplement en relief les divisions préexistantes qui traversent toute société et réparti les individus en fonction de chaque classe sociale. Nous aimerions pourtant penser que certains évènements exceptionnels transcendent ce genre de barrières en créant un seul bloc humain de souffrance et de compassion. La vérité est malheureusement bien plus complexe.
Le confinement est une réalité pour tous mais il est loin d'être vécu de la même façon par tout le monde. Et le Maroc ne fait pas exception. Une enquête du Haut-Commissariat au Plan (HCP) donne des indices sur cet écart entre les différentes couches sociales. Sans surprise, ce sont les populations les plus défavorisées du pays qui sont les plus touchées par le confinement. Ainsi, 34 % des ménages qui affirment n'avoir perçu aucun revenu depuis le début du confinement, 44% d'entre eux appartiennent à ce que le HCP appelle les ménages pauvres. Toujours selon la même enquête, un ménage sur cinq a reçu une aide de l'Etat soit via le RAMED ou la CNSS. Un autre point important de disparité entre les ménages concerne l'accès des élèves à l'éducation à distance. Le HCP rapporte que les enfants de la moitié des ménages évoquent une difficulté à suivre les cours par manque de canaux d'accès à distance. Cette tendance est plus élevée chez les ménages ruraux et les ménages pauvres. Le confinement est donc vécu différemment selon la classe sociale ou encore la distinction zone rurale/urbaine.
Que les conséquences du coronavirus soient vécues différemment dans un pays avec des inégalités aussi marquées, n'est pas choquant. Néanmoins,le confinement à deux vitesses n'est pas spécifique aux pays comme le Maroc. En Italie et en Espagne, deux pays lourdement touchés par la pandémie, la prise de conscience de cette injustice a été exprimée en une phrase taguée en espagnol ou italien : « La romantisation de la quarantaine est un privilège de classe ». Cette image qui a fait depuis le tour de web est une réponse à l'attitude naïve d'une partie de la population privilégiée qui a vu dans le confinement une chance plutôt qu'une réponse sanitaire nécessaire face à virus. Pendant que certains se battaient en première ligne face à un ennemi tenace d'autres ont vu dans l'obligation de rester chez eux une aubaine, une pause dans des vies intrépides, l'occasion de lire ou d'apprendre une nouvelle langue.En France, la publication du journal de confinement par Le Monde de l'auteure franco-marocaine Leila Slimani a choqué de nombreux français. Elle y décrit son confinement dans sa résidence secondaire à la campagne. Un confinement doux, paisible et confortable qui dénote avec l'expérience du confinement d'une grande partie de ses compatriotes. Beaucoup se sont indignés de voir que l'expérience de confinement mise en avant dans l'un des plus grands quotidiens français est celui des nantis. Ce qui est tolérable voire même apprécié en temps normal devient insupportable en temps de crise.
Il n'y a aucun mal à vouloir profiter du confinement pour lire ou regarder des films mais l'injonction de plusieurs personnalités à rester chez soin pour à se cultiver (souvent assortie d'une liste de lecture et quelques films) n'en reste pas moins injuste pour tous ceux pour qui confinement rime avec incertitude voire danger. On s'accorde tous à dire que nos priorités ont été bousculées, mais elles n'ont jamais été les mêmes. Chacun souffre, certes, mais proportionnellement à son compte en banque. En réalité, le seul fait de parler de chez soi est un privilège quand on pense aux personnes à la rue ou à celles vivant dans des logements insalubres. Parfois ce n'est pas le chez soi qui pose problèmes mais les personnes qui y sont présentes. La Fédération des ligues des droits des femmes a partagé des chiffres alarmants concernant des appels reçus à travers le royaume : 355 femmes victimes de violences ont appelé l'ONG entre le 16 mars et le 15 mai (source : MAP ). Il y a enfin toutes celles et ceux qui ne sont tout simplement pas confinés et continuent à travailler en s'exposant au virus. On pense aux médecins et infirmiers évidemment mais également tous ces métiers dévalorisés et méprisés que sont les métiers de caissiers, facteurs, livreur, agent d'entretien, éboueurs… A ce propos, on peut voir dans une vidéo émouvante postée par le site Hespress des infirmières de l'hôpital Mohammed 6 de Tanger faisant part de la difficulté de leur travail depuis le début de la pandémie et en particulier en plein ramadan. Elles font partie de la catégorie de personnes n'ayant pas le choix et dont l'effort est déterminant pour l'issue de la pandémie.
L'accent a été mis depuis le début de la pandémie sur la solidarité et la responsabilité des citoyens. Le partage de valeurs fortes est devenu ainsi un enjeu sanitaire déterminant pour endiguer le virus. Le confinement est une obligation mais également un effort consenti de la part de chaque citoyen. Avec tout ceci à l'esprit, l'irritation grandissante de ceux qui subissent de plein fouet l'impact économique du confinement est compréhensible. La réaction épidermique face au privilège d'une poignée de joyeux-confinées découle d'une conscience de classe chez de nombreux confinés plutôt bien placée. C'est la prise de conscience que les inégalités sociales sont antérieures au coronavirus et qu'elles seront exacerbées par ce dernier. Sommes-nous alors « tous ensemble » dans ces moments difficiles ? La réponse risque de varier selon l'interlocuteur. Espérons simplement que nous serons tous ensemble pour l'après coronavirus.
(*) Spécialiste en protection des droits fondamentaux et libertés
Université de Franche-Comté


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.