Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé mardi l'alignement des retraites des anciens combattants issus des troupes coloniales et résidant à l'étranger sur celles de leurs homologues français, lors d'un déjeuner réunissant les dirigeants de treize pays africains. «C'est pour témoigner de notre reconnaissance indéfectible envers les anciens combattants originaires de vos pays que nous souhaitons les voir bénéficier désormais des mêmes prestations de retraite que leurs frères d'armes français», a déclaré M. Sarkozy. Dans une décision rendue le 28 mai, le Conseil constitutionnel avait estimé non contraire au principe d'égalité que les pensions soient différentes, selon que l'ancien combattant réside en France ou à l'étranger. Mais il avait censuré des dispositions législatives qui réservaient un sort différent aux bénéficiaires français et étrangers résidant à l'étranger. Selon le secrétariat d'Etat aux Anciens combattants, cet alignement devrait bénéficier à quelque 30.000 personnes. L'arrêt du Conseil constitutionnel exigeant cet alignement, réclamé depuis des décennies, avait été salué comme une «décision historique». Le gel, ou «cristallisation» des pensions au moment de l'indépendance des colonies françaises, était vécu comme une injustice infligée par la France à l'égard de combattants qui s'étaient battus pour elle pendant les deux guerres mondiales, en Algérie ou Indochine, au prix de la vie de dizaines de milliers d'entre eux. Par ailleurs, les troupes de treize pays d'Afrique francophone ont défilé à Paris lors d'un hommage contesté pour le 50ème anniversaire de leur indépendance à l'occasion de la traditionnelle parade de la fête nationale du 14 juillet Sous un ciel pluvieux, les soldats ont défilé sur les Champs-Elysées devant une foule massée sur les trottoirs et la tribune officielle où se trouvent le président français Nicolas Sarkozy et les chefs d'Etat africains invités d'honneur de cette cérémonie. A la tribune, M. Sarkozy est entouré des présidents camerounais et burkinabé, Paul Biya et Blaise Compaoré. Son épouse, Carla, a à ses côtés, Chantal Biya. Le défilé aérien, conduit par les Alpha Jet de la Patrouille de France a ouvert le bal. Par détachement d'une trentaine d'hommes, les treize nations africaines ont commencé à battre le pavé de la «plus belle avenue du monde» dans l'ordre alphabétique : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. La Côte d'Ivoire, dont le président Laurent Gbagbo est en froid avec Paris pour cause de présidentielle sans cesse reportée, est représentée par son ministre de la Défense mais ne participe pas défilé. Le Malgache Andry Rajoelina n'a lui pas été jugé assez légitime pour recevoir un carton d'invitation, mais ses soldats sont bien présents. «C'est le lien du sang que nous célébrons, le lien né de la contribution des troupes africaines à la défense et à la libération de la France», a écrit le président Sarkozy dans un message aux participants. «Des milliers de soldats venus d'Afrique sont morts pour la France lors des deux guerres mondiales», a-t-il rappelé. Nicolas Sarkozy s'était défendu de toute «nostalgie coloniale», comme le reproche a pu lui en être fait, soulignant au contraire «l'injustice et les erreurs» de cette période. Alors que des ONG ont dénoncé la possible présence de «criminels» dans les contingents africain du défilé, le ministre de la Défense Hervé Morin a affirmé mercredi matin qu'il n'avait «aucune indication de la sorte»