Ce qui devait arriver arriva. L'hécatombe sportive est dans nos murs. En fait, les dés étaient jetés et on faisait semblant d'attendre, à chaque fois, la tempête qui ne faisait que s'acharner à désavouer les semeurs de vent. e tâtonnement et l'approximation qui n'ont pas cessé de marquer notre approche sportive a fini par dévoiler les limites d'une gestion, affectée et vidée jusqu'à la moelle. Le bluff des décideurs du sport continue à asséner des coups terribles à notre pays qui n'a jamais été si renfrogné et ridiculisé devant ses semblables d'Afrique, depuis des lustres. Trois fois de suite, nous sommes absents aux phases finales de la plus prestigieuse compétition planétaire de tous les temps. Nous qui avions osé prétendre, à plusieurs reprises, abriter cette grande fête universelle sur nos terres, au moment où nous rayonnions de mille feux, comme nation de football par excellence. Aujourd'hui, nous ne faisons plus peur et nos lions, lourdauds et vieillots, ne rugissent plus. Qui peut-on incriminer suite à ces déconvenues déconcertantes ? Les joueurs, auteurs directs des échecs répétitifs? Pas forcément, car ils ne font qu'appliquer les consignes, eux qui brillent dans les championnats européens, à l'image de Chammakh, Hadji, Hamdaoui, Boussoufa et consorts. Le coach ou les coachs qui se succèdent en un laps de temps et détenteurs de schémas de jeu à adopter? Peut-être bien, mais, force est de constater que les conditions de travail ne sont pas souvent adéquates, avec un entourage inapproprié et inavoué. Les responsables qui se chargent de la gestion du football ? Incontestablement c'est là où la machine toussote, renâcle et cale. D'abord, on nous a toujours accusés, à juste titre, de militariser une pratique sportive civile en mettant à la tête de ses instances dirigeantes un général de division, ensuite on se rabat, toujours par nomination et non pas par élection libre, sur un cumulard qui s'occupe de l'eau, de l'électricité et du…sport. Drôle de brassage chimique qui, en fin de compte, aboutit sur une «solution» quadruple hétérogène dont les ingrédients sont puisés dans son équipe préférée à Rabat, pour semer le coup de grâce à toute une nation usurpée. Il est donc clair que jamais on n'a pris la peine de faire une halte de méditation et de réflexion pour démarrer sur des assises solides. Jamais on ne s'est donné la peine de mettre les orientations mûres et concertées sur les rails du décollage. Jamais on n'a décidé de mettre, pour des prétextes sécuritaires, les affaires de la gouvernance sportive dans les mains des professionnels. Le football a toujours été l'affaire de nombre d'opportunistes et d'incompétents qui ne peuvent en aucun cas honorer leurs engagements car ils ne pensent qu'à assouvir leurs intérêts personnels, d'autant plus qu'ils n'ont ni le profil ni la capacité de se rendre utile. De ce fait, on ne peut s'attendre à des miracles. Les résultats sont là criards et déplorables. Les déficits ne font alors que pleuvoir dans un système qui ne fonctionne pas, malgré les tentatives palliatives superficielles. La lettre royale est significative et interpellante. Il est donc grand temps de se pencher sérieusement à l'examen et au traitement radical de cette crise qui ne fait que durer et nous couvre de dérision devant des nations africaines encore en état embryonnaire. Et ce n'est pas les exemples qui manquent à ce propos. Des pays comme l'Egypte,la Tunisie ou encore l'Algérie, le Togo, le Gabon…que nous devancions, il y a quelques temps, sont parvenus à nous dépasser aux plans de la gestion et de la planification à long terme. La place 84 qui nous humilie à l'échelon mondial, après s'être hissé dans la cour des top ten, il y a quelques années, ne fait que confirmer notre décadence. Le génie marocain est dans le sang, mais malheureusement on n'a fait, jusqu'ici, que pétrifier et crucifier sur l'autel de l'offrande tous ces talents par des approximations lamentables. Personne n'a plus le droit de se jouer de ce capital humain qui a toujours fait notre fierté. Le moment a donc sonné pour réhabiliter la pratique sportive et redorer un blason terni et endolori.