Les enseignants et les instituteurs titulaires de licence n'ont pas franchement le moral. Cette communauté enseignante traverse depuis de longues années une profonde crise de reconnaissance, surtout de leur niveau de formation et les indemnités y afférentes comme le stipule la réglementation en vigueur au sein de la fonction publique. Qui sont d'abord ces enseignants qui ne sont pas placés au centre des préoccupations du ministère de l'Education nationale à l'ère de ses réformes ? Historique : Ces enseignants ont été recrutés vers la fin des années quatre-vingt et classés à l'échelle 8 en violation flagrante des lois régissant la fonction publique. Quelques années plus tard, au milieu des années quatre-vingt-dix, ils ont été casés à l'échelle 10, mais sans indemnités sur leur ancienneté, précise Abderrahim Balounssi, coordonateur national de la commission nationale des enseignants du primaire et du secondaire, titulaires de licences, affiliée à l'Union marocaine du travail (UMT). Et depuis, ils sont bloqués à cette échelle à cause des mécanismes suivis par le ministère de tutelle lors des opérations de promotion, notamment l'ancienneté dans le grade qui n'est pas prise en compte. Ce blocage a poussé ces enseignants à qualifier cette échelle de «cellule N° 10», indique, non sans amertume, A. Balounssi. Et en dépit des mouvements de protestation qu'ils ont organisés, leurs doléances tombaient toujours dans les sourdes oreilles de l'administration. Aujourd'hui, ils sont montés au créneau avec un programme militant progressif, rappelant leur attachement à leurs revendications légitimes. Ils demandent la restitution de leur ancienneté et ses indemnités, le changement de cadre sans conditions, tout en prenant en considération l'ancienneté et l'amendement de l'article 108, en plus de l'ouverture de nouvelles perspectives devant eux dans leur carrière et la promotion hors échelle, souligne Abderrahim Balounssi. Dans ce cadre, laisse-t-il entendre, l'administration doit respecter ses engagements et ses promesses. Car, a-t-il précisé, l'accord signé avec les enseignants titulaires de licence (promotions 2008, 2009 et 2010) n'a pas été respecté par le ministère de tutelle. Ce qui a poussé ces derniers à rejoindre le sit-in organisé par les docteurs et les vacataires devant le siège de ministère avant d'y accéder durant la journée de jeudi. Signalons dans ce cadre que l'intervention des forces de l'ordre pour mettre un terme au sit-in a provoqué plusieurs blessés parmi les grévistes. Il a fallu arriver à ce stade pour que le département de tutelle déclenche un dialogue avec les cinq centrales syndicales en vue d'arriver à un terrain d'entente permettant de clore ce dossier qui ternit l'image de l'enseignement. En attendant de voir la nature du dialogue et les intentions du ministère de tutelle, les enseignants titulaires de licence poursuivent leur mouvement de protestation. Ainsi, indique un communiqué de leur coordination nationale, ils comptent débrayer les 29, 30 et 31 mars et durant la dernière semaine du mois d'avril. Ce qui pousse à croire que le «1er mai» sera chaud cette année. Dans ce secteur de l'enseignement, l'éducation doit être normalement à la base de toute politique de développement, s'accordent à dire des enseignants, précisant qu'ils sont soumis à des exigences et à des attentes des responsables et des parents qui ne demandent que de bons résultats pour les élèves. La succession des réformes dans ce secteur sans prendre en considération l'élément humain a brouillé la mission noble de l'enseignant. Du coup, le «malaise enseignant» a pris des dimensions préoccupantes. Et le métier va mal. Il faut dire ici enfin que les réformes mettant l'élève au centre des préoccupations n'aboutiront à des résultats concluants que si l'enseignant est placé lui aussi au cœur de ces politiques réformatrices.