Dans un scénario qui ne cesse de se répéter, l'Algérie se retrouve régulièrement plongée dans des crises diplomatiques avec de nombreux pays, qu'il s'agisse de ses voisins immédiats ou de partenaires supposés de l'autre rive de la Méditerranée, voire même d'Etats éloignés géographiquement, liés uniquement par des intérêts classiques. Maroc, France, Espagne, Niger, Mali, Emirats arabes unis... la liste s'allonge et se complexifie, soulevant une question essentielle : ces confrontations successives sont-elles le fruit du hasard diplomatique ? Ou cachent-elles une stratégie plus profonde liée à la nature du régime au pouvoir à Alger ? Ce qui semble évident, c'est que le régime algérien mise depuis des années sur la création d'un climat de tension extérieure pour renforcer sa mainmise sur le pouvoir intérieur. Dans un contexte de blocage politique, d'absence de projets de développement concrets et d'un marasme économique persistant, les autorités optent pour l'exportation de leurs propres crises en déclenchant des querelles diplomatiques présentées à l'opinion publique comme des "batailles souveraines" ou des "défenses de l'intérêt national". Cette stratégie n'est pas nouvelle. Elle trouve ses racines dans l'ère post-indépendance, lorsque l'armée est restée l'acteur central de la scène politique, protégée derrière le discours de la "révolution" et de la "souveraineté nationale". Aujourd'hui, avec la montée de la conscience populaire et l'élargissement des revendications sociales, le régime se voit contraint de renforcer le récit de la "menace extérieure" dans une tentative de détourner l'attention de l'intérieur. Du Maroc, rival régional traditionnel, à la France, dont les relations avec Alger demeurent prisonnières du passé colonial, en passant par les pays du Sahel où s'entremêlent enjeux sécuritaires et économiques, le régime algérien adopte un ton offensif qui ne faiblit jamais. Même les pays du Golfe ne sont pas épargnés par cette posture, ce qui soulève des interrogations sur la cohérence de la politique étrangère algérienne et sur le fait qu'elle soit guidée par une vision stratégique ou simplement par des réactions circonstancielles. Ce qui inquiète davantage, c'est que cette politique ne sert en rien les intérêts du peuple algérien. Elle contribue à isoler le pays de son environnement régional et réduit les opportunités de coopération et d'intégration dont l'Algérie a pourtant cruellement besoin en cette période économique difficile. Miser indéfiniment sur "l'ennemi extérieur" risque aussi de perdre de son efficacité avec le temps, surtout à l'ère des médias numériques et de la montée de la conscience politique chez les jeunes. Créer des ennemis ne résoudra pas les problèmes structurels de l'Algérie, et ne restaurera pas la confiance brisée entre gouvernants et gouvernés. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est un discours politique lucide, qui place les priorités du citoyen au cœur des politiques publiques, et qui s'ouvre sur le monde dans une logique de partenariat et non de confrontation.