Avec les propos tenus lundi par le président pakistanais et les réactions méfiantes de l'Inde mardi, Islamabad a procédé ce mardi à un troisième essai nucléaire. La surenchère guerrière continue. Le Pakistan a procédé mardi à un nouveau tir de missile balistique, au lendemain d'un discours à la Nation du président Pervez Musharraf accusant l'Inde de créer une «hystérie guerrière». Le tir de ce troisième missile intervient au moment où le chef de la diplomatie britannique, Jack Straw, est arrivé au Pakistan pour tenter de réduire la tension entre les deux voisins. L'Inde a déjà répondu mardi qu'elle n'était «pas impressionnée» par le troisième essai nucléaire après ceux de samedi et dimanche. Ce missile, de type HATF-II Abdali, de courte portée, tire son nom d'un conquérant musulman, venu d'Afghanistan, Ahmed Shah Abdali qui avait au 18ème siècle défait les troupes indiennes. Il s'agit du premier essai de ce missile capable de transporter des ogives sur une distance de 180 kilomètres. Pour le Pakistan, ces tests sont une «routine» et «n'ont rien à voir avec la situation actuelle». Cette démonstration de force du plus petit des deux Etats intervient en tout cas après l'appel fait par le général Musharraf à «l'union du peuple pakistanais» face à la crise. «Je veux aussi déclarer au monde et donner l'assurance qu'il n'y a aucune infiltration à travers la Ligne de contrôle», la frontière de fait qui sépare les secteurs indien et pakistanais de la région du Cachemire, avait-il affirmé. Déclaration dénoncée par l'Inde qui accuse Islamabad de jouer double jeu. « Ce que vous voyez n'est pas forcément ce que vous obtenez» d'Islamabad, a ainsi prévenu la porte-parole des affaires étrangères, Mme Nirupama Rao. Ce mardi, New Delhi a aussi qualifié de «décevant» et de «dangereux» le discours prononcé par le président Musharraf. Le secrétaire d'Etat indien aux affaires étrangères, Omar Abdullah, originaire du Cachemire, s'est même emporté lorsque le général-président a dénoncé les agissements de «terroristes hindous» dans la région. «Je vis au Cachemire» et «de toute évidence, une bonne partie de son discours a eu l'effet de nous rendre en colère, plus qu'autre chose », a-t-il expliqué.