Le soutien à la scolarisation des filles dans le milieu rural constitue le cheval de bataille de plusieurs associations. Mohamed Khettar, responsable du projet «une bourse pour réussir», lancé par l'Association «Afaq» à Taza, énumère les problèmes rencontrés dans ce sens. Entretien. ALM : Vous venez de lancer un projet pour le soutien à la scolarisation des filles rurales. Comment cette initiative a vu le jour et quel est l'objectif ? Mohamed Khettar : L'Association «Afaq», pour la culture, l'éducation et l'art à Tahala en collaboration avec l'Association 12 Mars féminine pour le développement ont signé une convention avec le Comité du soutien à la scolarisation des filles rurales, (CSSF). Aux termes de cette convention, il a été décidé de créer un foyer d'accueil pour les jeunes filles rurales à Tahala, après une formation pour les membres des deux associations sur le projet. L'objectif est de permettre aux jeunes filles rurales, issues des familles défavorisées dans la région, de poursuivre leurs études dans le deuxième cycle de l'enseignement fondamental, pendant une période de trois ans. Développer des mécanismes permettant l'intervention au niveau national et local du secteur privé et des différentes composantes de la société civile par le biais de la collecte des fonds et de leur distribution sous forme de bourses aux filles touchées par la pauvreté. Contribuer à réduire les taux de la déperdition des filles dans le milieu rural. Médiatiser et sensibiliser l'opinion publique à ces actions sociales dans le but de les renforcer et de les élargir. Dans ce cadre, quels sont les problèmes rencontrés sur le terrain? Les problèmes rencontrés sur le terrain s'articulent essentiellement autour du manque du soutien, notamment par les communes de la région. Mais, il y a aussi la mentalité de certaines familles. Parfois, on rencontre d'énormes difficultés pour convaincre les parents pour accepter que leur petite fille poursuive son parcours scolaire dans un foyer d'accueil, loin de son habitation. Dans le temps, ces petites filles n'avaient plus le droit d'aller à l'école. Maintenant, leurs parents les inscrivent uniquement pour apprendre à lire et à écrire. Après le premier cycle de l'enseignement fondamental, elles sont condamnées à rester chez elles. La tâche n'est pas toujours facile. La pauvreté, qui sévit, après les années successives de sécheresse dans la région, entrave également les démarches de notre association. Les parents dans la campagne attendent à ce que leurs petits enfants, filles comme garçons, participent aux travaux dans les champs. Et la question de l'éloignement des établissements scolaires des lieux de résidence de ces familles constitue aussi un problème dans ce cadre. Après trois ans, quelles sont les perspectives ? Le projet, «une bourse pour réussir», a une durée de trois ans avec le soutien financier du Comité de soutien à la scolarisation des filles rurales, (CSSF) à Rabat. Ce dernier est en train de négocier actuellement avec le ministère de l'Education nationale (MEN) pour que ces jeunes filles demeurent boursières après la fin du deuxième cycle de l'enseignement fondamental, 9 ème année. Pour les deux associations, Afaq et 12 Mars, nous estimons que le projet sauvera plusieurs filles dans la région, en leur permettant de terminer leurs études dans des conditions favorables. C'est une occasion pour elles de poursuivre leur parcours scolaire, au lieu de l'interrompre à mi-chemin.