L'hommage rendu par la France à feu S.M. Mohammed V, vendredi, avec l'inauguration de la «Place Mohammed V» à Paris, est une manière de «réparer» la déposition du défunt Souverain et la déportation de la famille Royale. L'historien français, Daniel Rivet, auteur du livre «Le Maghreb à l'épreuve de la colonisation», a estimé que la déposition de feu S.M. le Roi Mohammed V, le 20 août 1953, était un «attentat parce qu'elle est intervenue la veille de l'Aid El Kébir». «Le ministre des Affaires étrangères de l'époque, George Bidault, laissant faire le général Guillaume en toute connaissance de cause, et le Maréchal Juin, à la retraite mais toujours actif, ont été les artisans de la déposition de Sidi Mohammed Ben Youssef », rappelle-t-il. Ils étaient loin de mesurer l'émotion du peuple marocain après la déportation de son Souverain et de la famille Royale, a relevé l'historien français. «Dès lors, la tragédie franco-marocaine a été désormais incarnée et personnifié par un seul homme, Sidi Mohammed Ben Youssef. Le Sultan qu'on va voir dans la lune sur les terrasses de la médina», dit-il. Pour Daniel Rivet, « il s'agit de reconnaître en Mohammed V la dimension d'un homme d'Etat qui a su jeter la rancune à l'océan et fonder une relation durable et rééquilibrée entre la France et le Maroc ». Revenant sur la personnalité hors du commun de feu S.M. le Roi Mohammed V, il souligne que le défunt Souverain « était le Roi des réformes et le Sultan du juste milieu. On l'appelait « Abou-nahda ». C'était aussi le Roi des jeunes et des femmes qui reconnaissent en lui le Sultan qui faisaient bouger les choses sans les bousculer. C'était le Sultan d'Achaâb». L'historien Daniel Rivet exalte aussi le souvenir de feu S.M. le Roi Mohammed V, fait Compagnon de la Libération par Charles de Gaulle et qui s'était refusé à toute compromission avec les puissances de l'Axe et s'était opposé à l'application au Maroc des lois anti-juives du gouvernement Vichy. « Ma grande admiration pour Mohammed V était partagée par mon maître Charles-André Julien, qui était un ami du Sultan. Charles-André Julien nous a appris qu'on pouvait être un français républicain et admirer un Sultan arabo-musulman comme Mohammed V », souligne l'historien. Pour Daniel Rivet, « c'est une leçon pour la compréhension des Maghrébins en France et particulièrement des Marocains qui ont aussi à nous apprendre le sens et le goût de la démocratie ».