Le raid américain, qui visait le numéro deux d'Al-Qaïda dans l'ouest du Pakistan, s'est soldé par la mort d'au moins 17 personnes parmi les civils. Un fiasco à ajouter sur le compte de la CIA. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des drones de la CIA ont pilonné trois habitations dans l'ouest du Pakistan, visant le numéro 2 d'al-Qaïda qui, selon Islamabad, ne se trouvait pas dans la région au moment de l'attaque. Au moins huit femmes et cinq enfants ont trouvé la mort. La chaîne de télévision américaine CNN a passé en boucle les images des trois maisons en pierre soufflées après un bombardement dans le petit village de Damadola dans l'ouest du Pakistan. Depuis l'offensive américaine qui a enlevé la vie à au moins 17 personnes dans la nuit de jeudi à vendredi, Washington attend de savoir si oui ou non le numéro 2 d'al-Qaïda fait partie des victimes. Deux jours plus tard, tout semble indiquer que non. Le Pakistan a condamné cette frappe qui a provoqué la mort d'au moins 17 civils dans le village pachtoune de Damadola. L'ambassadeur des Etats-Unis, Ryan Crocker, a néanmoins reçu une note de protestation dans laquelle Islamabad déplore «la perte d'innocentes vies civiles». Plusieurs milliers de personnes ont manifesté leur colère dans la zone tribale de Bajur où a eu lieu le raid et le bureau d'une organisation humanitaire soutenue par les Etats-Unis a été incendié. Le ministre de l'Information, cheikh Rashid Ahmed, a dit «regretter profondément que des civils aient perdu la vie dans un incident dans la région de Bajur. Même si cette action est extrêmement condamnable, nous nous efforçons depuis longtemps de débarrasser toutes nos zones tribales des intrus étrangers qui sont responsables de toute la misère et la violence dans la région. Cette situation doit prendre fin». Il a cherché à assurer la population que le gouvernement ne permettrait pas que de tels incidents se reproduisent. Interrogé sur les auteurs du raid, cheikh Ahmed a renvoyé la réponse sur le ministère pakistanais des Affaires étrangères. Quant à Ayman al-Zawahri, le ministre a affirmé qu'il ne savait pas s'il s'était trouvé là. Des responsables américains et pakistanais ont précisé à la chaîne NBC qu'une dizaine de missiles avaient été tirés par des drones "predator" américains. L'un des responsables du renseignement pakistanais interrogé par l'AP a expliqué que les restes de plusieurs corps avaient été "rapidement récupérés" à Damadola et que des analyses ADN étaient effectuées à des fins d'identification. Un autre responsable pakistanais des services de sécurité a confirmé que toutes les victimes des tirs étaient des habitants de la région. «Les informations dont nous disposons sont qu'il n'y avait pas d'étrangers parmi les personnes tuées à Bajur et qu'il s'agissait de villageois, semble-t-il, sans aucun lien avec un quelconque groupe terroriste», a déclaré ce dernier. Les Etats-Unis ont promis une récompense de 25 millions de dollars (20 millions d'euros) à quiconque permettra la capture d'Ayman Al-Zawahri. Idéologue d'Al-Qaïda, il apparaît régulièrement sur des enregistrements vidéo diffusés par Internet ou des médias arabes pour encourager les musulmans à s'en prendre aux ressortissants et aux intérêts américains dans le monde.