Les arrestations d'opposants se poursuivent sans relâche au Pakistan, où la police a chargé lundi à coups de matraque et de gaz lacrymogène des avocats manifestant contre l'état d'urgence imposé par le président Pervez Musharraf. Des centaines de policiers tirant des grenades lacrymogènes et armés de matraques se sont violemment heurtés dans tout le pays lundi à des avocats qui entendaient protester contre l'état d'urgence instauré par le président Pervez Musharraf. Au moins 350 avocats ont été interpellés. Le plus grand parti religieux du pays, Jamaat-e-Islami, a de son côté fait état de l'arrestation de plus de 500 de ses partisans depuis dimanche. Liaqat Baloch, l'un des leaders de la formation, a affirmé depuis Lahore (est) qu'il avait dû fuir son domicile après avoir appris qu'il serait assigné à résidence. Conséquence directe de la situation tendue dans le pays, la principale place financière pakistanaise accusait une chute de 4,3% sur fond de rumeurs selon lesquelles Musharraf aurait été placé en résidence surveillée par le vice-chef de l'armée. Cette rumeur a été catégoriquement démentie par le ministre adjoint de l'Information Tariq Azim qui a indiqué que le président pakistanais se trouvait dans sa résidence officielle d'Islamabad. Autre conséquence, l'ambassade des Etats-Unis a annoncé le report de la réunion du groupe consultatif de défense américano-pakistanais qui devait se tenir dans la semaine à Islamabad. Les premiers incidents ont éclaté à Lahore, où des centaines de policiers ont investi le tribunal de la ville en tirant des grenades lacrymogènes et en affrontant à coups de matraques et de bâtons des avocats qui ont riposté par des jets de pierres. La police a embarqué environ 350 avocats dans les fourgons qui attendaient à proximité. Quelque 2.000 avocats s'étaient rassemblés dans ce tribunal malgré la mise en garde par mégaphone de la police de ne pas violer l'interdiction de rassemblement décrétée par l'état d'urgence. Les affrontements ont commencé quand les avocats ont voulu sortir pour une manifestation alors que les manifestants scandaient « Musharraf, dehors », demandant le départ du président Pervez Musharraf. Des affrontements moins graves se sont également déroulés dans la capitale, Karachi, ainsi qu'à Multan, là aussi en raison des manifestations organisées par les avocats de ces villes pour protester contre l'instauration de l'état d'urgence. Dimanche, les arrestations d'opposants se sont multipliées au lendemain de cette instauration décrétée par le président Pervez Musharraf, tandis que les élections législatives prévues initialement en janvier 2008 pourraient être reportées d'un an. Le décret instaurant la loi d'urgence a suspendu la Constitution et l'application de droits fondamentaux comme la liberté d'expression, de circulation et de rassemblement, tout en imposant à la presse des restrictions. Il autorise également la détention de personnes sans notification des charges à leur encontre et sans accès à un avocat. • Munir Ahmad (AP)