Royaume-Uni : Zelenskyy lundi à Londres pour discuter du projet d'accord de paix américain    Mondial 2026 : Analystes et techniciens écossais redoutent les Lions de l'Atlas    Coupe arabe : la Jordanie de Jamal Sellami bat le Koweït et file en quart de finale    Mondial 2026 : la FIFA dévoile le calendrier complet    Diaspo #418: En Madagascar, Ikram Ameur encuentra su camino en la escritura con la maternidad    M'diq-Fnideq: 4 morts et 8 blessés suite à un accident tragique    L'Etoile d'Or du Festival de Marrakech décernée à Promis le Ciel d'Erige Sehiri    Le BMDAV assure, tel que stipulé par la loi, la perception et la répartition des droits d'auteur et des droits voisins    Ouverture de la 28e édition du Salon international d'hiver des produits agricoles tropicaux de Chine à Hainan    La Chine, nouvel épicentre incontesté du marché mondial des véhicules à énergies nouvelles    Chambre des conseillers : Les projets de loi relatifs au système électoral approuvés à l'unanimité    SM le Roi félicite le Président finlandais à l'occasion de la fête nationale de son pays    L'ambassadrice de Chine au Maroc adresse une lettre aux amis marocains : les faits et la vérité sur la question de Taiwan    Maroc : L'Institut supérieur des sciences de la sécurité inauguré à Ifrane    Ifrane: Inauguration de l'Institut supérieur des sciences de la sécurité    Législatives : Laftit réaffirme la volonté de consolider les valeurs d'une pratique électorale saine    Mondial 2026, Hakimi, CAN 2025 : Walid Regragui fait le point et fixe le cap    Bourse de Casablanca: les banques contribuent de 32% à la croissance des revenus globaux    Dakhla-Oued Eddahab : trois conventions pour développer les infrastructures logistiques et commerciales    AMO : Couverture d'environ 88% de la population    Cinq étudiants de Sorbonne-Euromed Maroc admis au barreau de Paris    Zineb Mekouar wins Henri de Régnier Prize for Remember the Bees    Nadia Fettah souligne la dimension stratégique du partenariat économique maroco-espagnol    Infrastructure gazière nationale : Publication de l'Avis de préqualification    Marrakech International Film Festival 2025 honors Guillermo Del Toro with Golden Star Award    Patrimoine immatériel : Le sort du caftan marocain bientôt scellé à l'UNESCO    Diaspo #418 : A Madagascar, Ikram Ameur trouve sa voie dans l'écriture avec la maternité    Permis, casques, contrôles : Kayouh dévoile son plan pour réduire les accidents de motos    Le phénomène Younes Ebnoutalib : buts décisifs et statistiques impressionnantes    Maroc : Une charte pour le financement et l'accompagnement des TPE    Echecs : À 3 ans, un Indien devient le plus jeune joueur classé    Prévisions météorologiques pour samedi 06 décembre 2025    Les frais de l'Université Paris 1 augmentent pour des étudiants hors-UE, dont le Maroc    Coupe Arabe 2025 : Le succès saoudien redistribue les cartes dans le groupe B    Basket – DEX (H) / J8 : FUS-CODM et ASS-FAR en ouverture cet après-midi    Netflix va racheter Warner Bros Discovery pour près de 83 milliards de dollars    FAO: Baisse des prix mondiaux des produits alimentaires en novembre    Afrique du Nord et Proche-Orient : une plongée inquiétante dans la fournaise    Académie française : Zineb Mekouar reçoit le prix Henri de Régnier de soutien à la création littéraire    Réunion de haut-niveau Maroc–Espagne : quatorze accords pour structurer une coopération d'impact    Guillermo del Toro : « J'aimerais être un monstre »    GenZ Maroc : Un total de 55 années de prison pour les participants aux émeutes d'Aït Ourir    UNESCO : Casablanca et Oujda rejoignent le Réseau mondial des villes apprenantes    Secousse tellurique de magnitude 4,9 ressentie dans le sud de l'Espagne    Le Maroc réélu au Conseil d'administration du Programme alimentaire mondial    Le Maroc souligne « un moment inédit » dans ses relations avec l'Espagne    Autodétermination, autonomie et nouveau cap diplomatique : ce que révèle la parole de Nasser Bourita    «Mira» de Lakhmari : La rupture qui n'en est pas une ?    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



“L'écriture, une brûlure permanente”
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 14 - 01 - 2002

L'écrivain Abdellatif Laâbi s'est exprimé jeudi dernier, lors d'une conférence à la Sochepress, Casablanca, sur l'ensemble de son œuvre. En réponse aux questions de «Aujourd'hui le Maroc», il a tenu à lever toute équivoque sur le caractère littéraire de son œuvre.
Aujourd'hui le Maroc : que pensez-vous de votre littérature que l'on réduit souvent à votre engagement politique ?
Abdelatif Laâbi : Je crois que beaucoup d'écrivains ne sont pas toujours lus en fonction de ce qu'ils apportent à la littérature marocaine et à la littérature universelle, mais en fonction de grilles de lectures très réductrices. On essaie de prendre, finalement, ce que l'on veut. C'est-à-dire qu'il n'y a pas une véritable lecture du texte, mais une lecture des enjeux idéologiques et politiques de l'écriture. Je ne dis pas que la littérature est complètement détachée du reste.
Donc, le texte peut-il être détaché de la réalité ?
Je suis un écrivain, je suis aussi un citoyen. Et mes écrits portent la marque de cette préoccupation fondamentale qui est la mienne : faire avancer la littérature, mais aussi faire avancer la société.
Toutefois, ma littérature ne se réduit pas à cela. J'ai lu il y a quelques jours des articles de journaux marocains où l'on parle de moi comme l'écrivain des prisons. Je veux bien ! J'ai été en prison, très bien ! Mais je ne veux pas qu'on m'enferme de nouveau, à vie, dans une prison ! Depuis que j'ai quitté ce lieu, j'ai vécu d'autres vies. J'ai mené d'autres combats. J'ai découvert le monde. Mes horizons humains et culturels se sont élargis. Et cela a ses retombées au niveau de mon travail d'écrivain. Ajoutez à cela que contrairement à l'image reçue de moi comme l'auteur des prisons, engagé - ce que je ne renie pas-, je suis un écrivain et l'écrivain est une personne qui pose toujours des questions, qui essaie tout le temps de se remettre en question. Si vous vous endormez sur vos lauriers, et bien, vous êtes mort en tant qu'écrivain. L'écriture, c'est une brûlure permanente. C'est un besoin permanent de regarder le monde, la vie avec des yeux neufs. Et moi, je suis dans cette démarche-là. Pas seulement au niveau du fond, mais au niveau de la forme aussi. Je crois au travail d'un écrivain, au cheminement d'une œuvre à une autre… S'il n'y a pas un renouvellement de l'écriture, des formes littéraires, et bien, c'est que l'écrivain s'est installé dans une certaine routine et par conséquent, il a failli en quelque sorte à sa fonction d'écrivain.
Comment concevez-vous le rôle d'un écrivain dans une société? Est-ce qu'il doit l'exprimer dans sa littérature ou y a-t-il d'autres façons pour
le manifester ?
Si on pose le problème à l'échelle universelle, il y a des pays où l'écrivain effectivement peut se permettre le luxe de ne se consacrer qu'à son œuvre littéraire et ne pas s'impliquer ailleurs. Mais quand on y réfléchit, quand on voit par exemple l'histoire de l'Europe et l'histoire de la naissance de la culture occidentale, cela ne s'est pas passé sans conséquences néfastes sur les œuvres de l'esprit en Occident. Ce retrait du créateur, de l'intellectuel, de l'écrivain du champ social a été assez désastreux finalement. Je peux avouer que par exemple en France, il est rare que je trouve un livre qui m'intéresse. Je lis davantage les écrivains latino-américains, russes et surtout les écrivains qui viennent de la périphérie, et qui sont en train de bousculer les normes littéraires à l'échelle universelle.
Cela est-il valable pour les intellectuels
Marocains ?
Au Maroc, nous sommes dans une situation où l'intellectuel ne peut pas se fermer les yeux, ne serait-ce que pour sauvegarder sa fonction… Nous sommes en train de se battre, et je le répète depuis des années, pour que la fonction d'un intellectuel soit reconnue d'utilité publique. Ne pas considérer l'intellectuel comme un parasite nuisible, mais comme une personne qui apporte quelque chose à la société.
En ce qui me concerne, je n'ai jamais séparé mon travail d'écrivain de mes devoirs, de mes préoccupations de citoyen. Les deux vont de pair et ils sont inséparables. Mais quand j'écris, quand je suis devant la terrible page blanche dont parlait Mallarmé, il n'y a que moi… Je suis un homme libre, j'essaie du moins de l'être, je ne suis dans aucune organisation ou officine politique quelconque. J'ai mes idées politiques, j'ai ma façon de voir la réalité marocaine, je sais ce qu'il faudrait faire pour que les choses changent dans le bon sens. Mais quand j'écris, je suis terriblement seul. Ce que j'écris, c'est le résultat de la douleur qui est la mienne, des espérances qui sont les miennes, du regard que j'ai sur mes semblables, sur le monde.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.