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Immolations par le feu en cascade dans certains pays arabes : Faut-il faire l'apologie de l'acte suicidaire du Tunisien Bouazizi ?
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 21 - 01 - 2011

Huit Algériens, cinq égyptiens et un Mauritanien ont tenté récemment de reproduire l'acte de Bouazizi. Il s'agit de véritables flammes de désespoir qui parcourent le Monde arabe pour exprimer l'ire des jeunes et leur aspiration au changement.
L'immolation par le feu devient le mode de protestation privilégié des jeunes dans certains pays arabes. En Algérie, en Mauritanie et en Egypte, plusieurs jeunes ont tenté, ces derniers jours, de se donner la mort par la même méthode que le jeune Tunisien Mohamed Bouazizi, décédé le 4 janvier après s'être immolé le 17 décembre 2010. Un acte qui a déclenché des émeutes partout à travers la Tunisie ayant poussé Ben Ali à quitter le pouvoir après 23 ans de règne. Qu'une personne, au printemps de son âge, se met en feu, avec toute la souffrance qui s'en suit, est un acte qui ne laisse pas indifférent. L'affaire Mohamed Bouazizi a même été au centre des discussions lors du Sommet arabe économique et social. «L'âme arabe est brisée par la pauvreté, le chômage et le recul des indices de développement», a avoué Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, mercredi 19 janvier, dans la station de Charm El-Cheikh, sur la mer Rouge. Ces termes utilisés par Amr Moussa illustrent parfaitement la situation. Les tentatives de suicide consécutives au Monde arabe, à savoir huit en Algérie, dont une femme, cinq en Egypte et une en Mauritanie, reflètent, selon les observateurs, un sentiment de mécontentement profond. Il s'agit de véritables flammes de désespoir qui parcourent le Monde arabe pour exprimer l'ire des jeunes et leur aspiration au changement.
A noter que la démarche du jeune Tunisien n'est pas une première en son genre. L'immolation par le feu a été utilisée comme mode de protestation politique dès les années 60 (voir encadré page 6). «C'est un phénomène qui dépasse la conscience de l'individu. Ce sont des actes inconscients où, sans se rendre compte, la personne qui passe à l'acte s'identifie à celle qui s'est immolée avant elle», a expliqué le psychanalyste Khalid El Alj (voir entretien page 5). Ceci dit, la question qui anime les débats à l'heure actuelle est celle de savoir : doit-on réellement faire l'apologie de l'acte suicidaire de Bouazizi, et par la même des autres 14 tentatives de suicide survenues en Egypte, en Algérie et en Mauritanie ? D'abord, le fait de justifier ou de condamner ces actes est une question d'ordre religieux. «L'Islam interdit catégoriquement le suicide sous quelque raison que ce soit et ne permet pas de se séparer de son corps pour exprimer un malaise, une colère ou une protestation», a tranché le porte-parole d'Al Azhar, Mohamed Rifa'a Al-Tahtawi. Il ressort de cette fatwa d'Al Azhar une condamnation pure et simple de l'acte de Bouazizi. A contrario, le prédicateur Abdelbari Zemzmi affirme qu'on ne peut pas qualifier l'acte de Bouazizi de péché. «Bouazizi a fait ce qu'il a fait sous la colère. Il ne savait donc pas ce qu'il faisait. Je donne ici l'exemple du divorce en Islam. L'homme qui répudie sa femme alors qu'il se trouvait dans un état de colère, son divorce n'est pas valable. Car cet homme n'était pas dans une situation qui lui a permis d'être conscient de ses actes», explique le prédicateur Abdelbari Zemzmi (voir entretien page 6). A noter que l'avis exprimé par Al Azhar, peu de temps après le déclenchement de la révolution tunisienne, n'a pourtant pas persuadé les jeunes suicidaires en Egypte à renoncer à leurs actes. Autre question importante, mais cette fois-ci d'ordre politique et stratégique : Vu les tentatives d'immolation en chaîne de certains jeunes, doit-on s'attendre à une reproduction du scénario tunisien dans d'autres pays arabes? «Certes, certains pays dans la région qui sont dans une situation de déficit grave en matière de démocratie sont menacés. L'on a vu ces derniers jours que certains jeunes peuvent être tentés d'être les «Bouazizi» de leurs sociétés respectives. Mais le contexte n'est pas le même. Les mêmes causes ne produisent pas toujours les mêmes conséquences», a souligné Mohamed Benhamou, président du Centre marocain des études stratégiques (voir entretien page 5). Ceci dit, selon les observateurs, rien ne garantit que d'autres jeunes dans certains Etats arabes n'hésiteront pas à s'immoler par le feu, comme des fusées de détresse, pour exprimer leur sentiment de désespoir profond. Selon M. Benhamou, il est temps que certains pays arabes évoluent dans le sens du renforcement des bases du système démocratique, la bonne gouvernance et le développement économique, social et humain.
Bouazizi, le héros de la révolte
La saisie de sa marchandise a été l'injustice de trop pour Mohamed Bouazizi. Chômeur, ce garçon de 26 ans survivait en vendant des fruits et des légumes à Sidi Bouzid en Tunisie. Cependant, il n'avait pas d'autorisation. Les autorités se sont emparées de ses produits et l'une des agents qui l'a interpellé le 17 décembre l'a même giflé et lui a craché dessus. Ainsi, après avoir plaidé sa cause en vain auprès du gouverneur, le jeune homme tente de s'immoler par le feu devant le siège de la sous-préfecture. Grièvement blessé, il est plongé dans le coma. Dès le lendemain, des heurts éclatent dans la ville. Inconscient dans son lit d'hôpital, Bouazizi reçoit la visite de Ben Ali et son épouse le 28 décembre. Ce jour-là, Ben Ali accueille sa mère au palais présidentiel, lui promettant 20.000 dinars (10.000 euros) et même un travail pour Leila, la sœur de Mohamed, diplômée mais toujours au chômage. Les victimes de la répression policière s'additionnent, alors que l'état de Bouazizi ne s'améliore pas. Le jeune homme meurt le 4 janvier 2011, dix-huit jours après son acte désespéré. Environ, 5.000 personnes assistent à son enterrement le 5 janvier. Dix jours plus tard, le régime autoritaire de Ben Ali, en place depuis 23 ans, s'effondre.


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