L'architecte du programme nucléaire pakistanais, Abdul Qadeer Khan, a reconnu mercredi publiquement à la télévision sa responsabilité dans des fuites de technologie nucléaire vers des pays tiers et demandé "pardon à la nation". "J'assume la totalité de mes responsabilités et demande votre pardon", a affirmé le père de la bombe pakistanaise en lisant à la télévision un bref communiqué dans lequel il a exprimé ses "plus profonds regrets et excuses". Evoquant sa "bonne foi" et des "erreurs de jugement", le scientifique pakistanais a souligné qu'il n'y avait "jamais eu aucune sorte d'autorisation du gouvernement à ces activités" de prolifération. Quelques heures auparavant, un communiqué du gouvernement avait affirmé qu'au cours d'une réunion avec le président Pervez Musharraf, AQ Khan avait "accepté toute la responsabilité des activités de prolifération nucléaire" qui ont été menées durant la période où il était à la tête du Khan Research Laboratories. Durant cette réunion de plus d'une heure, "le dr AQ Khan a confirmé les activités de prolifération qui se sont déroulées dans le passé, exprimé ses regrets et demandé la clémence du président", selon le communiqué. Ecarté en mars 2001 du Khan Research Laboratories (KRL), le principal centre de recherches nucléaires du Pakistan qu'il dirigeait depuis 25 ans, le scientifique avait admis la semaine dernière sa participation aux activités de prolifération sur lesquelles les autorités pakistanaises enquêtaient depuis la mi-novembre. «Les enquêtes ont établi que plusieurs de ces activités (de prolifération) ont eu lieu et ont inévitablement été lancées sous ma direction", a expliqué AQ Khan à la télévision. Les aveux de AQ Khan, souvent considéré au Pakistan comme un héros national pour avoir mis au point la "bombe islamique" qui a fait du Pakistan une puissance nucléaire en mai 1998, avaient été rendus publics dimanche par l'administration pakistanaise.