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Pour l'ancien ambassadeur français à Alger, «le régime de Tebboune s'effondre, la population veut fuir et la France peut en payer le prix»
Publié dans Barlamane le 09 - 01 - 2023

Dans une sombre chronique, l'ancien ambassadeur de la France à Alger brosse le tableau d'un pays qui sombre dans une grave dérive autoritaire qui accélère sa chute, et d'une France complaisante face à ses réalités qui peuvent, par la suite, l'entraîner dans une spirale infernale.
Abdelmadjid Tebboune a été élu président de l'Algérie avant trois ans. Pour l'ancien ambassadeur français à Alger, Xavier Driencourt, l'«Algérie nouvelle», selon la formule en vogue à Alger, «est en train de s'effondrer sous nos yeux et qu'elle entraîne la France dans sa chute, sans doute plus fortement et subtilement que le drame algérien n'avait fait chuter, en 1958, la IVe République.»
Pour le diplomate, «le régime a montré son vrai visage: celui d'un système militaire (formé, on l'oublie, aux méthodes de l'ex-URSS), brutal, tapi dans l'ombre d'un pouvoir civil, sans doute autant affairiste que celui qu'il a chassé, obsédé par le maintien de ses privilèges et de sa rente, indifférent aux difficultés du peuple algérien». M. Driencourt pointe «la répression qui s'est abattue sur le pays, répression élaborée et mise en œuvre par une armée qui ne cesse de glorifier les combats contre la France.» Il rappelle que «sont aujourd'hui dans les prisons algériennes non seulement les politiques, fonctionnaires et militaires liés à l'ancien régime – et auxquels l'Armée nationale populaire doit son statut actuel -, mais aussi les journalistes qui ont eu le tort d'écrire des articles hostiles ou réservés sur le régime, et ceux qui, naïvement, ont posté sur les réseaux sociaux un jugement ou une opinion dissidente. Le Covid, dès mars 2020, avait permis à l'armée de commencer le nettoyage politique ; les circonstances internationales, la guerre en Ukraine lui ont permis de mettre définitivement le pays au pas.»
Une presse algérienne sous tutelle
Aujourd'hui, la presse algérienne «est muselée, les journalistes arrêtés ou privés de leur passeport, les journaux comme Liberté fermés, El Watan mis sous tutelle et, fin décembre, alors que les chancelleries occidentales réveillonnaient, c'est le dernier carré, Radio M. et le site Maghreb émergent qui sont interdits, tandis que leur directeur, Ihsane el-Kadi, était arrêté dans la nuit. Samedi 7 janvier, c'était au tour du site AlgériePart d'être accusé de recevoir des fonds de l'étranger. Des associations comme Caritas, fondé par l'Eglise catholique avant 1962, sont dissoutes, d'autres accusées de recevoir des fonds de l'étranger», énumère-t-il.
«Le discours antifrançais qui, sous Bouteflika était opportuniste et parfois maladroit, est aujourd'hui la matrice du système. La force de ce régime est de faire croire au monde que l'Algérie n'est peut-être pas une démocratie à l'occidentale, mais qu'elle s'achemine, selon ses moyens propres, vers un système un peu autoritaire, gentiment policier, mais sans jamais être une dictature», écrit le diplomate. Pour lui, «à l'aube d'une élection présidentielle algérienne, 2024 verra inéluctablement une nouvelle crise, tant le discours antifrançais est le levain d'une campagne électorale réussie.»
Aveuglement coupable
«Par confort ou opportunisme, mais surtout par aveuglement, à Paris, nous fermons les yeux sur la réalité algérienne ; nous faisons mine de croire que le pouvoir algérien est légitime à défaut d'être démocratique, que le discours antifrançais est un mal nécessaire mais transitoire, que la démocratie est un apprentissage qui prend du temps. Notre aveuglement est une erreur historique: croire à Paris qu'en allant à Alger, en cédant aux Algériens sur les dossiers qui leur sont chers, mémoire et visas, nous les gagnerons à notre cause et les amènerons vers plus de coopération est un leurre. Les militaires qui dirigent le pays n'ont pour leur part ni état d'âme ni scrupules quand il s'agit de la France: là où nous voyons un discours rationnel et des arguments cartésiens, eux voient inconsistance, naïveté, méconnaissance du système, et pour tout dire angélisme. J'imagine les regards échangés lorsque, après le départ de nos dirigeants, conférence de presse expédiée et communiqué signé, ils reviennent à leurs occupations avec le sentiment d'avoir, une nouvelle fois, embobiné leur partenaire par un discours culpabilisateur», alerte-t-il.
Pour l'ancien ambassadeur en Algérie, «la ligne de fermeté [est] la seule que l'Algérie comprenne, le rapport de force, plutôt que l'angélisme. l'Algérie va mal, beaucoup plus mal que les observateurs ou les rares journalistes autorisés le pensent ; 45 millions d'Algériens n'ont qu'une obsession: partir et fuir», regrette-t-il, avant d'en d'énumérer les raisons : «les choix désastreux de 1962, la crise économique, la corruption née de la rente pétrolière, le découragement non seulement des élites des grandes villes du Nord, mais aussi du peuple des campagnes et de l'Algérie profonde, découragement stimulé par la générosité de la France, font qu'à ce rythme-là peu de gens resteront en Algérie. Le prix de notre aveuglement ou de nos compromissions s'appellera donc immigration massive, sans rapport avec ce qu'elle est aujourd'hui, islamisme conquérant, ghettoïsation de nos banlieues, repentance mémorielle »
La France doit se réveiller
«La France fait face à un double paradoxe: d'une part celui de l'alliance, autrefois contre nature, entre une armée antifrançaise et des islamistes qui nous détestent, les deux ayant en commun la haine de la France et la ferme volonté d'éradiquer les survivances linguistiques ou culturelles de la colonisation tout en nous faisant payer, par l'émigration et les excuses, le prix de notre passé colonial ; le second paradoxe est celui, soixante ans après l'indépendance algérienne, de traîner toujours et encore le problème algérien auquel précisément les accords d'Evian devaient mettre fin» précise-t-il, avant de conclure. «L'Algérie, en ce sens, a gagné le combat contre l'ancien colonisateur: elle reste un problème pour la France, elle s'effondre, mais risque d'entraîner Paris dans sa chute.»


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