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Les Mémoires du président Nicolas Sarkozy : «Le président Macron n'a pas toujours su trouver les mots ou les gestes que les Marocains attendaient»
Publié dans Barlamane le 22 - 08 - 2023

Après Passions (L'Observatoire, 2019), et Le Temps des tempêtes (L'Observatoire, 2020), deux livres très commentés, le nouveau tome des Mémoires de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, Le Temps des combats (Fayard, 592 pages, 28 euros), qui couvre les années 2009, 2010 et 2011, soit le nœud de son quinquennat, démontre à quel point le Maroc est fondamental dans la vision politique française.
«Grâce à ce souverain éclairé [le roi Mohammed VI], le Maroc apparaît aujourd'hui comme un îlot de stabilité démocratique au sein d'un monde musulman traversé de multiples crises et divisions. La personnalité de Mohammed VI est unique dans le monde des têtes couronnées et des chefs d'Etat. Il est un homme que je n'ai cessé d'admirer et de respecter», écrit l'ancien président Nicolas Sarkozy dans ses souvenirs. En voici les bonnes feuilles.
Lutte contre le terrorisme
«Les services marocains et français travaillèrent main dans la main. Nos montres marquaient la même heure. La confiance entre nos deux pays était totale.»
Histoire
«J'ai toujours aimé le Maroc. Des trois nations d'Afrique du Nord, elle est celle qui nous est la plus proche. La seule aussi qui a su digérer pacifiquement notre passé commun sans en éprouver la moindre amertume ou le plus petit ressentiment. La différence avec l'Algérie est saisissante. Il n'y eut pas de guerre entre nos deux pays. Cela compte dans notre histoire commune.»
Le Maroc, puissance africaine
«Le Maroc est un pays frère. C'est un égal de la France qui doit désormais être considéré comme tel. Le royaume est devenu une grande puissance africaine. Ses entrepreneurs, ses intellectuels, ses artistes, ses élites n'ont plus rien à envier aux nôtres. Le roi Mohammed VI restera dans l'histoire comme l'un des plus grands souverains marocains. Son héritage sera même plus fécond que celui de son père. Je me souviens du scepticisme et même de la commisération qui suivit son avènement au plus haut niveau de notre classe dirigeante du milieu des années 1980. Ces propos d'alors paraissent bien dérisoires quand on mesure le chemin qu'il a fait parcourir à son pays.»
Spécificités marocaines
«J'ai toujours ressenti cette proximité avec les Marocains. C'est un peuple hospitalier et profondément généreux. Même lorsqu'ils ont peu, ils sont toujours prêts à le partager, à ouvrir leur maison, à entamer la discussion, à offrir ce thé brûlant qui est leur boisson nationale. Le Maroc a réussi son entrée dans le monde moderne sans brader son style de vie, ses traditions, son univers si particulier. Ce n'est pas aux Marocains que l'on a besoin d'expliquer l'importance de la sauvegarde d'une identité nationale. N'est sans doute pas né celui qui voudra la leur faire perdre ! La France doit chérir cette relation privilégiée. Elle doit la préserver, car elle ne va pas de soi. Les Marocains sont sensibles parfois jusqu'à la susceptibilité. Il faut y prendre garde, car la moindre maladresse, fût-elle non intentionnelle, peut avoir des conséquences fâcheuses.»
Le roi est le roi
«Ainsi, le roi est le roi. Il est de surcroît le descendant direct du Prophète. Le président de la République française doit avoir la sagesse de comprendre cette particularité et en tirer toutes les conséquences en matière protocolaire. Le roi Mohammed VI est un homme de large culture et d'une finesse intellectuelle éblouissante. Combien de fois ai-je été impressionné par sa capacité à anticiper les évènements et à garder le cap de sa vision pour le royaume ? Il sait être un ami à la fidélité de roc. Il montre rarement son agacement ou sa déception, mais il les ressent profondément. Ce n'est pas parce qu'il ne réagit pas à l'offense qu'il ne l'a pas comprise. La relation exige de la constance, du tact, de la fidélité. Elle demande aussi une certaine réserve. Le temps médiatique n'est pas le sien. Il a besoin d'être certain que ses propos ne seront pas exploités ou, pire, déformés par la presse. Jacques Chirac fut très proche de son père, le roi Hassan II. Il le resta du fils, mais avec plus de distance. C'était aussi une affaire de génération.»
Emmanuel Macron dépaysé
«Le président Macron n'a pas toujours su trouver les mots ou les gestes que les Marocains attendaient. Son tropisme algérien lui procurera bien des déceptions. C'est sans doute un point de désaccord qui existe entre nous. Je ne crois pas qu'il nous faille multiplier les initiatives auprès des dirigeants algériens dont la représentativité à l'intérieur de leur pays est aussi faible que la popularité. Plus nous essaierons de bâtir une amitié ''artificielle'', plus ils la refuseront. Ils ont besoin d'un adversaire pour détourner l'attention de leur peuple de l'échec patent dans lequel ils ont plongé ce pays magnifique, qui compte parmi les plus riches au monde du fait d'un sous-sol regorgeant de matières premières, spécialement dans le contexte énergétique que nous connaissons. Ces initiatives, dont je peux comprendre les raisons et qui partent d'un bon sentiment, sont à mes yeux vouées à l'échec. En outre, elles risquent de nous détourner du Maroc. Ce dernier est ulcéré de l'attitude de son voisin, qui lui a fermé ses frontières au nez depuis trente-deux ans ! À ce jeu-là, nous risquons de tout perdre. Nous ne gagnerons pas la confiance de l'Algérie et perdrons celle du Maroc. C'est un pari dangereux, de surcroît condamné d'avance.»
La chance française
«On ne mesure pas assez en France la chance qu'a le Maroc d'avoir un roi comme Mohammed VI. Il est un rempart contre le fanatisme et les extrémistes. Il est l'un des rares dirigeants musulmans sincèrement engagé dans le combat pour le développement d'une réelle vie démocratique dans son pays. Notre devoir comme notre intérêt bien compris seraient de l'aider davantage car, et c'est une difficulté supplémentaire, il ne dispose pas des richesses en matières premières de son voisin algérien. La France devrait maintenant prendre clairement e position en faveur de la marocanité du Sahara occidental. Cette question est centrale pour les intérêts stratégiques du Maroc. Elle permettrait d'éviter une république sahraouie dont la solidité et la pérennité laissent tous les observateurs informés plus que perplexes. Savoir choisir ses amis, ne pas craindre d'encourir le courroux de ceux qui le sont moins, s'inscrire dans une perspective longue, s'appuyer sur l'histoire commune : telles devraient être les boussoles du président de la République. S'il est un domaine de la diplomatie française qui mériterait d'être revisité et amodié, c'est celui de notre engagement auprès de nos frères marocains !»
Dégradation des relations
«Le souvenir de cette période (2007-2012) me rend d'autant plus nostalgique quand je constate la lente dégradation des relations franco-marocaines depuis une dizaine d'années. Cette situation est d'abord la conséquence de l'entêtement de mes deux successeurs à vouloir à tout prix surjouer et surinvestir la relation avec l'Algérie. Il s'agit d'une erreur stratégique, car le pouvoir algérien, dont la légitimité démocratique est faible, a besoin d'un adversaire pour exister, et celui-ci ne peut être que la France, dont le passé colonial fait une cible facile. Comme si cette dernière pouvait être responsable des échecs de l'Algérie tout au long de ces six dernières décennies ! Tant que ce pays ne sera pas doté d'un gouvernement réellement représentatif de la population et pas seulement des factions qui dominent l'armée, la relation franco-algérienne demeurera une impasse. Nous n'avons pas les moyens de prétendre être proches de tous les pays du monde. Une diplomatie efficiente impose de faire des choix. De mon point de vue, ils sont évidents. Puis, quand l'Algérie sera prête à renouer des liens avec la France sur une base claire, décomplexée et confiante, il sera possible de construire un avenir sur les ruines de cette trop longue période postcoloniale.»
Printemps arabe (2011)
«Comme il m'était souvent arrivé par le passé, je fus une nouvelle fois surpris par la profondeur de la vision et la magistrale réactivité du roi du Maroc. Nous avions plusieurs fois évoqué ensemble ses pistes de réflexion institutionnelle. Il revenait fréquemment sur cette question. Je l'avais trouvé imaginatif, mais je n'avais pas anticipé qu'il serait capable de décider si vite et surtout si fort ! Le Maroc, à l'instar d'autres pays arabes, avait connu des troubles assez graves. Les manifestations avaient été nombreuses et agitées. Le souverain ne disposait d'aucune manne pétrolière ou gazière pour tenter d'apaiser la foule en colère. C'était une incontestable difficulté supplémentaire. Confronté à son tour aux éruptions volcaniques des printemps arabes, il décida d'anticiper et d'innover. Il aurait pu se raidir. Il fit l'opposé. Il gardait ainsi l'avantage de l'initiative. Il n'était pas tenu d'agir sous la pression. Il pouvait maîtriser son calendrier. Prenant toutes ses oppositions de court, le roi annonça une réforme majeure de la Constitution du royaume. Au terme de celle-ci, ses pouvoirs politiques et religieux seraient réduits. Cela constituait en soi une avancée très substantielle, mais il allait plus loin en décidant de soumettre son projet au référendum, et ce dès le mois de juillet suivant. La surprise était totale, l'innovation, profonde, et le calendrier, volontairement très rapide. En cas d'adoption de la nouvelle Constitution, ce serait donc le futur chef de gouvernement qui dirigerait l'exécutif. Mais le plus novateur était que, dans ce cas, ce dernier serait désigné au sein du parti arrivé en tête des élections de la Chambre des représentants du Parlement marocain. Cela signifiait concrètement que le Maroc aurait désormais un gouvernement issu du suffrage universel direct. Jusqu'ici le roi du Maroc pouvait librement choisir le Premier ministre. Il renonçait à ce pouvoir. Ces changements faisaient entrer le royaume dans une ère absolument nouvelle. Ce fut un évènement considérable.»
Echec des islamistes au Maroc
«Les Marocains firent l'expérience des islamistes au pouvoir. Cela dura moins d'une décennie, au terme de laquelle ils furent réduits à un score de 4 %. En les appelant aux responsabilités, le roi n'en avait pas fait des victimes. Comme il me l'avait confié : ''Une fois confrontés au chômage, à la hausse du prix des matières premières, à la difficulté de se loger... ils auront du mal à garder le soutien de leurs bases populaires.'' Il avait vu juste. Grâce à ce souverain éclairé, le Maroc apparaît aujourd'hui comme un îlot de stabilité démocratique au sein d'un monde musulman traversé de multiples crises et divisions. La personnalité de Mohammed VI est unique dans le monde des têtes couronnées et des chefs d'Etat. Il est un homme que je n'ai cessé d'admirer et de respecter.»


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