L'Algérie a appelé, jeudi 6 février, à une résolution du conflit israélo-palestinien sur le fondement de la solution des deux Etats, un discours qui tranche avec son soutien traditionnel et exclusif au «projet national palestinien» et à «l'établissement d'un Etat palestinien indépendant et souverain.» Dans un communiqué du ministère des affaires étrangères, Alger a dénoncé «les déplacements forcés des habitants de Gaza» et réaffirmé «son engagement» envers les droits du peuple palestinien. Toutefois, en prônant une solution à deux Etats, l'Algérie s'aligne, de facto, sur les paramètres diplomatiques internationaux, alors que son discours officiel rejetait jusqu'ici toute légitimité à l'Etat d'Israël et se voulait un soutien «indéfectible» à la lutte palestinienne. Ce glissement sémantique intervient dans un contexte où Alger cherche à briser son isolement régional. Loin des discours enflammés et des déclarations purement idéologiques, l'Algérie adopte désormais une approche plus pragmatique, en phase avec les orientations de plusieurs Etats arabes parmi lesquels le Maroc. Cette évolution intervient alors que le président Abdelmadjid Tebboune avait annoncé en décembre 2021 une aide de 100 millions de dollars à l'Autorité palestinienne lors d'une visite de Mahmoud Abbas à Alger. Présenté comme un geste fort de solidarité, ce soutien financier n'a cependant jamais été officiellement confirmé par Ramallah, et aucun détail n'a été communiqué sur le transfert effectif des fonds. Alors que la guerre à Gaza et le retour de Donald Trump bouleversent les équilibres régionaux, Alger semble désormais soucieuse de ménager ses positions politiques, mais ce changement de ton marque une inflexion notable dans sa rhétorique, traditionnellement axée sur un rejet absolu d'Israël et un appui inconditionnel aux revendications palestiniennes.