La France s'apprête à adresser aux autorités algériennes une liste de ressortissants en situation irrégulière devant être expulsés, ont indiqué jeudi 13 mars plusieurs sources gouvernementales françaises. Cette première sélection, qui concerne «moins d'une centaine de personnes», doit être transmise dans les tout prochains jours et pourrait être suivie d'autres envois. Cette démarche intervient dans un climat diplomatique marqué par les tensions persistantes entre Paris et Alger, exacerbées par le refus de cette dernière d'accueillir plusieurs de ses ressortissants expulsés de France. L'affaire a pris un tour particulièrement sensible après l'attaque mortelle perpétrée à Mulhouse le 22 février par un Algérien en situation irrégulière, une tragédie qui a ravivé les crispations entre les deux pays. Devant le gouvernement, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a rappelé que ce refus de réadmission constituait une «violation directe» des accords bilatéraux en vigueur. Il a néanmoins assuré que Paris privilégiait l'apaisement et souhaitait restaurer une relation «fondée sur la clarté et la fermeté.» Dans cette perspective, les autorités françaises espèrent que la réception de cette liste amorcera un dialogue constructif. «Nous attendons d'Alger qu'elle prenne ses responsabilités et permette d'ouvrir une nouvelle phase de coopération», a déclaré le ministre, soulignant que la France entendait faire respecter ses décisions en matière de séjour et d'éloignement. Cette question s'inscrit dans un contentieux plus large entre les deux capitales, où les désaccords diplomatiques se sont multipliés ces derniers mois. La reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara en juillet 2024, suivie du rappel de l'ambassadeur d'Algérie en France, a contribué à un refroidissement inédit des relations bilatérales. Plus récemment, l'arrestation en Algérie de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, poursuivi pour «atteinte à l'unité nationale», et l'interpellation en France de plusieurs influenceurs algériens accusés d'incitation aux violences ont accentué les crispations. À cette série de tensions s'ajoute la menace brandie fin février par le Premier ministre François Bayrou de remettre en cause l'accord franco-algérien de 1968, qui confère aux Algériens un statut dérogatoire en matière de séjour et de travail. Si Paris semble privilégier une renégociation plutôt qu'une rupture unilatérale, le dossier des expulsions pourrait peser lourdement sur les futures discussions entre les deux pays.