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Ali Belhadj condamne vivement les propos de Sabri Boukadoum : «Comment un ambassadeur peut-il s'arroger le droit d'offrir les richesses de la nation comme s'il en était le propriétaire ?»
L'ancien dirigeant du Front islamique du salut s'insurge contre les propos de Sabri Boukadoum, qui a évoqué la disponibilité de l'Algérie à accueillir des investissements américains dans le secteur minier. Il accuse les autorités de brader les ressources du pays dans l'opacité et dénonce un rapprochement avec Washington en contradiction avec les discours officiels du régime. Les propos de l'ambassadeur d'Algérie à Washington, Sabri Boukadoum, évoquant la disponibilité de son pays à ouvrir le secteur minier aux investissements américains, ont déclenché une vive controverse. L'ancien dirigeant du Front islamique du salut (FIS), Ali Belhadj, a fustigé une démarche relevant, selon lui, d'une «vente aux enchères» des ressources nationales, s'indignant du silence des autorités face à ce qu'il assimile à une dépossession du patrimoine du pays. «Comment un ambassadeur peut-il s'arroger le droit d'offrir les richesses de la nation comme s'il en était le propriétaire ? Et pourquoi ce mutisme de la présidence, du gouvernement, du Parlement ?», s'est-il insurgé dans des propos rapportés par la presse, dénonçant une opacité persistante autour des décisions engageant l'avenir du pays. Un virage stratégique aux contours flous Les déclarations de Sabri Boukadoum laissent entrevoir un infléchissement des orientations économiques algériennes. L'ambassadeur a souligné que l'Algérie était prête à explorer des perspectives d'investissement avec les Etats-Unis dans le domaine des ressources minières stratégiques, mettant en avant un environnement favorable à l'implantation de capitaux étrangers. Au-delà des enjeux économiques, Boukadoum a également évoqué un approfondissement du partenariat sécuritaire avec Washington. Il a mis l'accent sur la coopération dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, l'échange de renseignements maritimes et la mise en place de groupes de travail chargés d'appliquer les engagements pris lors de la récente visite à Alger du général Michael Langley, commandant du commandement américain pour l'Afrique (Africom). Cette prétendue ouverture envers les Etats-Unis est inédite alors qu'Alger entretenait jusqu'ici des liens privilégiés avec Moscou, notamment dans le domaine militaire. L'armée algérienne demeure un client majeur de l'industrie de défense russe et les autorités ont multiplié ces dernières années les démonstrations de proximité avec le Kremlin. Pour Ali Belhadj, ce basculement vers Washington traduit une absence de ligne directrice : «Jusqu'à récemment, ils se jetaient dans les bras de Poutine, et maintenant ils courtisent les Américains. Tout ce qui leur importe, c'est de préserver leur pouvoir, quitte à brader l'avenir de la nation.» Une crispation politique persistante Ces déclarations surviennent dans un contexte de tensions internes où toute contestation est muselée. Ali Belhadj a dénoncé la répression des voix dissidentes et l'interdiction des manifestations, estimant que les autorités profitent du mois de ramadan pour engager des décisions majeures à l'abri des regards. «Alors que les Algériens observent le jeûne et se consacrent à la prière, le régime négocie en secret l'avenir de nos richesses stratégiques. Tout cela se fait dans l'ombre, sans le moindre débat public, sans aucune transparence», a-t-il déploré, appelant au rappel immédiat de l'ambassadeur Boukadoum et à l'ouverture d'une enquête sur ces tractations. Cette controverse survient également à un moment où les relations entre Alger et Paris traversent une phase de tensions aiguës. L'alignement croissant de la France sur les positions marocaines dans le dossier du Sahara a provoqué la colère des autorités algériennes, tandis que l'arrestation récente de l'écrivain Boualem Sansal a exacerbé les crispations entre les deux pays. Dans ce paysage mouvant, le régime algérien oscille entre plusieurs stratégies, multipliant les gages à différents partenaires tout en conservant un discours nationaliste inflexible. Mais pour Ali Belhadj, cette posture relève d'un calcul cynique : «Ils vendent les ressources du pays pour asseoir leur pouvoir, tandis que le peuple algérien souffre et que nos frères à Gaza meurent sous les bombes.»