L'Autorité portuaire de la Baie d'Algésiras (APBA) a appelé dimanche 16 mars les conducteurs à la plus grande prudence et déconseille fermement l'accès aux voies intérieures du port aux véhicules non liés aux activités maritimes, face à une congestion inédite des zones de stationnement réservées aux camions. Une saturation attribuée à l'afflux massif de poids lourds et aux perturbations météorologiques ayant paralysé le détroit de Gibraltar ces derniers jours. La situation, qualifiée de critique par l'APBA, touche de plein fouet les transporteurs en partance vers Tanger-Med et Ceuta. Les aires d'attente, désormais saturées, affichent un taux d'occupation maximal, contraignant l'autorité portuaire à exhorter les conducteurs à différer leur arrivée jusqu'à la fin de la journée de lundi. Les caprices du ciel, marqués par le passage successif des dépressions Jana et Konrad, ont profondément désorganisé les liaisons maritimes, soumises à des vents atteignant par endroits les 70 km/h. Ces perturbations, aggravées par des pluies soutenues et des vents d'ouest persistants, ont compromis la fluidité des rotations vers le Maroc et le nord de l'Afrique. Alors qu'un nouvel épisode venteux est redouté avec l'arrivée de la dépression Laurence – des rafales supérieures à 50 km/h étant attendues en début de semaine –, l'APBA anticipe de nouvelles difficultés pour les opérations portuaires et les traversées du détroit. Dans l'immédiat, les autorités portuaires en appellent à la responsabilité collective pour désengorger les accès et faciliter la régulation du flux de marchandises essentielles à la bonne tenue de la chaîne logistique entre l'Europe et l'Afrique. Dès le 7 mars, un nouveau dispositif a été instauré limitant l'entrée des véhicules lourds – camions rigides, articulés et convois exceptionnels – aux douze heures précédant leur embarquement ou la prise en charge d'une mission sur site. Soutenu par l'Association des transports de conteneurs de la Baie d'Algésiras (ATCBA), ce dispositif vise à juguler l'afflux des camions ne disposant pas d'une mission immédiate, soulageant ainsi les zones d'attente, dont la saturation chronique entrave l'efficacité des opérations portuaires. Premier port espagnol en tonnage et pierre angulaire du commerce transméditerranéen, Algésiras s'impose comme un trait d'union stratégique entre les rives nord et sud du détroit. Chaque jour, près de 1 200 camions franchissent le goulet maritime en direction de Tanger-Med, transportant denrées agricoles, textiles, composants automobiles et équipements électroniques. Ce flux constitue un levier logistique incontournable pour de grands groupes tels que Renault ou Inditex, qui s'appuient sur ce corridor pour alimenter l'Europe en produits manufacturés. Afin de répondre à cette intensification soutenue du trafic, le port d'Algésiras a doublé en deux ans la capacité de ses espaces dédiés aux poids lourds, avec notamment l'extension de la zone d'Isla Verde Exterior, ajoutant 53 000 mètres carrés supplémentaires de stationnement et facilitant l'accès aux infrastructures névralgiques du complexe portuaire, telles que la zone d'inspection CSI ou la Terminale de Trafic Pesant (TTP). Alors que les autorités tablent sur un apaisement des vents d'ici mercredi 19 mars, la fragilité structurelle des échanges maritimes dans le détroit demeure manifeste, rendant chaque aléa climatique susceptible de paralyser ce carrefour vital du commerce euro-africain.