"Handi'Cap sur l'Atlas" : quand l'inclusion prend de l'altitude

À la veille du départ, les voix tremblent un peu, mais les regards brillent. Ce lundi après-midi, dans une salle lumineuse du Collège Saint-Exupéry de Rabat, une trentaine d'élèves, parents, enseignants et partenaires se sont réunis pour présenter à la presse un projet aussi ambitieux qu'humaniste : l'expédition inclusive "Handi'Cap sur l'Atlas", qui s'élancera demain à l'aube vers les hauteurs du Haut Atlas.
Du 13 au 16 mai, des élèves valides et d'autres en situation de handicap, accompagnés d'éducateurs spécialisés, de parents volontaires et de membres de la Fédération Royale Marocaine des Sports pour Personnes en Situation de Handicap (FRMSPSH), vont arpenter ensemble les sentiers escarpés de l'Atlas, à travers une expérience unique en son genre au Maroc.
©Ayoub Amar
Dans une ambiance chaleureuse mais studieuse, Thierry Gras, Chef d'établissement collège Saint Exupéry Rabat, a ouvert la conférence de presse par ces mots : « Ce projet est né d'une volonté simple mais essentielle : faire en sorte que la différence ne soit pas un frein à l'aventure collective ».
Face à une assemblée de journalistes et d'invités, il a rappelé l'enjeu du projet : faire vivre à tous les enfants une expérience de groupe qui dépasse les murs de la classe et les barrières du handicap.
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Soutenu par la FRMSPSH, le collège a mobilisé pendant plusieurs mois sa communauté éducative pour concevoir ce périple : un trek adapté, des joëlettes (fauteuils tout-terrain), des séances de préparation physique et des moments de sensibilisation.
« C'est un projet de cœur, mais aussi d'organisation rigoureuse », ajoute Gras. « On ne part pas marcher avec de beaux discours. On part avec des enfants, des responsabilités, des émotions ».
Dans la salle, les élèves venus témoigner ont partagé leur enthousiasme, parfois teinté de trac. Leyth, en classe de 4e, n'a jamais fait de randonnée de plusieurs jours. Il dit simplement : « C'est un peu stressant, mais j'ai hâte. On va se dépasser. Et puis, on sera ensemble ».
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Aux côtés des valides, les enfants porteurs de handicap expriment eux aussi leur impatience. Malak, 16 ans, rayonne : « C'est la première fois qu'on me propose un vrai voyage avec les autres ». Une phrase que plusieurs adultes dans la salle notent avec émotion.
Pour la FRMSPSH, partenaire-clé de l'aventure, ce projet marque une avancée dans la promotion de l'inclusion par le sport et la nature. Arnaud Chassery, Explorateur Français et co-organisateur de l'Expédition, le souligne : « Ce n'est pas une promenade. C'est une épreuve partagée, une micro-société qui avance ensemble malgré les défis ».
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« L'objectif de l'expédition « Handi'Cap sur l'Atlas » est de permettre à des jeunes en situation de handicap accompagnés par leurs camarades valides de démontrer que la cohésion d'un groupe dans la difficulté, chacun avec ses différences, ses particularités ou ses qualités humaines amène à se surpasser pour atteindre l'objectif commun: le Djebel Toubkal », explicite-t-il.
Leyth, élève de 3ème participant à l'expédition : « Ce projet est pour nous plus qu'une simple ascension, c'est une aventure merveilleuse, où nous seront amenés à tester nos capacités physiques et mentales pour mieux nous intégrer, apprendre à mieux nous connaître et dépasser nos limites pour se fixer des objectifs toujours plus intenses, toujours plus ambitieux, exigeants. D'un point de vue sportif, c'est une occasion d'apprendre à avoir confiance en soi et à gérer ses efforts en fonction du milieu et de l'environnement dans lequel nous évoluons ».
Les élèves ont appris à manipuler les joëlettes, à travailler en binômes, à écouter les besoins des autres. Des séances en plein air ont été organisées, permettant à chacun de se préparer autant physiquement que mentalement.
Au-delà du défi sportif, l'expédition se veut un laboratoire de vie commune. Enseignant d'EPS a dit avec conviction : « Ce qu'ils vont apprendre là-bas, aucune salle de classe ne peut le transmettre. L'humilité, la coopération, la gestion de l'effort, la reconnaissance des différences... C'est l'école de la vie».
©Ayoub Amar
Le slogan du projet – " Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve une réalité" – s'affiche fièrement sur les banderoles. Ce n'est pas une simple accroche. C'est un engagement, une promesse. Celle d'un collège qui ne veut pas laisser ses élèves "différents" en marge de la ligne de départ.
Les sacs sont prêts, les check-lists validées, les parents un peu nerveux. Mais dans tous les discours, un mot revient : confiance. À la fin de la conférence, un parent l'a résumé avec pudeur : « Mon fils part pour la première fois sans moi. C'est stressant. Mais il part avec les autres, pour être avec eux. Et ça, c'est magnifique ».
Rendez-vous donc dans quatre jours pour le retour. Mais dès demain, c'est dans l'Atlas que s'écrira une leçon vivante d'inclusion, de solidarité et de dépassement.