Cinquante-deux ans après sa création sous la protection militaire algérienne, le Front Polisario apparaît plus fracturé que jamais. Le mouvement séparatiste, en perte de vitesse et à bout de souffle, cherche désespérément à se réinventer. Son chef, Brahim Ghali, symbole d'un échec patent, est désormais ouvertement contesté par ses propres miliciens qui exigent son départ pour « sauver ce qui peut l'être ». Un énième sursaut d'une organisation minée par les luttes de clans, instrumentalisée par Alger et incapable de masquer son isolement international. Le 10 mai dernier, à l'occasion de l'anniversaire de la création de ce qui se prétend une « république sahraouie » jamais reconnue par les grandes puissances, une pétition interne a circulé dans les camps de Tindouf, réclamant un « congrès extraordinaire » avant septembre 2025. Une initiative révélatrice d'un mouvement en crise, incapable de convaincre sa propre base après des décennies d'impasse stratégique. Les initiateurs de cette fronde, tous issus de l'appareil politique ou militaire du Polisario, appellent à une « refondation » et à la fin d'un leadership usé jusqu'à la corde. Une manière à peine voilée de pousser Ghali vers la sortie, accusé d'avoir enfoncé le Front dans une fuite en avant armée depuis la rupture du cessez-le-feu en novembre 2020. Car la réalité est crue : après avoir déclenché une vaine escalade militaire contre le Maroc dans la zone d'El Guerguerat, sous la pression d'Alger, Ghali a livré le Polisario à un isolement total. Ni l'ONU, ni les grandes capitales, ni même les partenaires africains n'ont suivi. Pire, les appels récurrents des Etats-Unis à cesser toute velléité de déstabilisation dans la région ont été ignorés, au moment même où des accointances entre des éléments du Polisario et des groupes terroristes sahéliens parrainés par l'Algérie sont régulièrement dénoncées par les observateurs internationaux. Lire aussi : Le Polisario tente la Russie, mais Moscou resserre ses liens avec Rabat Derrière l'apparente volonté de « dialogue » et de « réconciliation » prônée par les signataires de la pétition, une réalité cynique se dessine : la recherche d'un nouvel homme-lige, un autre « idiot utile » au service d'une stratégie de nuisance contre le Maroc. Les noms circulent déjà. Le retour remarqué d'Abdekader Taleb Omar à Tindouf, après une longue carrière comme représentant du Polisario à Alger, n'est pas anodin. Propulsé récemment à la tête du pseudo-ministère de l'Education, il apparaît comme le favori du régime algérien pour succéder à Ghali. Une continuité parfaite dans la soumission à l'agenda d'Alger. Cette manœuvre n'a rien d'une surprise. Elle rappelle les appels similaires lancés dès 2024 par Bachir Mustapha Sayed, frère du fondateur du Polisario, qui dénonçait déjà l'impasse mortelle dans laquelle Ghali avait plongé le Front. Loin d'un véritable aggiornamento, la stratégie reste inchangée : entretenir une agitation permanente contre le Maroc, étendre l'instabilité vers le Sahel, et préserver coûte que coûte les intérêts géostratégiques de l'Algérie dans une région déjà gangrenée par les réseaux terroristes. La dernière rencontre entre Ghali et le président algérien Abdelmadjid Tebboune, le 30 avril à Alger, a d'ailleurs confirmé cette emprise. Quelques jours plus tard, Taleb Omar reprenait ses quartiers à Tindouf, sous les yeux d'une direction vieillissante qui tente de gagner du temps en promettant un hypothétique congrès en janvier 2026. Mais dans les camps, la colère monte. La jeunesse sahraouie, otage d'une propagande éculée et privée d'avenir, commence à rejeter les manipulations de ceux qui, depuis Alger, exploitent leur désespoir. Face à cette agitation stérile, le Maroc poursuit son ancrage régional, fort du soutien de la communauté internationale à son initiative d'autonomie, désormais qualifiée de « sérieuse, crédible et réaliste » par les grandes puissances. Alors que Rabat multiplie les succès diplomatiques en Afrique et au-delà, le Polisario s'enlise dans ses contradictions, incapable d'exister sans le parrainage algérien. Le Polisario cherche son prochain pantin. Mais les Sahraouis, eux, attendent la paix et la dignité. Deux aspirations que seule une solution politique réaliste, sous souveraineté marocaine, peut désormais offrir.