Le Maroc pourrait devenir un acteur central de la politique énergétique britannique en apportant une réponse durable aux besoins croissants du pays en électricité renouvelable. C'est ce qu'affirme Sir Nick Harvey, ancien ministre des forces armées du Royaume-Uni (2010-2012), qui soutient le projet Xlinks, un projet colossal destinée à acheminer l'énergie solaire et éolienne marocaine vers la Grande-Bretagne grâce à un réseau de câbles sous-marins. Face à la montée des coûts de l'énergie et aux incertitudes géopolitiques, le Royaume-Uni cherche à renforcer son indépendance énergétique tout en réduisant son recours aux hydrocarbures. «L'exploitation du vent et du soleil du Maroc offrirait au Royaume-Uni une source d'énergie fiable, permettant de réduire notre dépendance aux importations de gaz dont les fluctuations de prix pèsent lourdement sur les ménages britanniques», a déclaré M. Harvey au site Politics Home. Xlinks attire des soutiens et des investisseurs de poids Le projet Xlinks, dirigé par Dave Lewis, ancien président de Tesco, ambitionne de fournir à la Grande-Bretagne une puissance moyenne de 3,6 GW pendant plus de 19 heures par jour, grâce à des installations de production solaire et éolienne situées au Maroc et couplées à un système de stockage par batteries. L'électricité serait transportée via quatre câbles haute tension à courant continu (HVDC) de 4 000 km, enfouis à un mètre sous le fond marin, et aboutissant sur la côte nord du Devon. Selon M. Harvey, ce projet repose sur une technologie éprouvée, inspirée des premiers câbles sous-marins électriques posés dès le début du XIXe siècle. Il souligne également la sécurité du tracé, qui traversera exclusivement les eaux territoriales et les zones économiques exclusives d'Etats alliés au sein de l'OTAN. Le Maroc, grâce à son climat propice à la production d'énergies renouvelables, offre une alternative précieuse face aux périodes de faible ensoleillement et d'absence de vent qui affectent régulièrement les infrastructures britanniques. «L'intermittence de notre propre production d'électricité nous expose aux aléas météorologiques ; la stabilité du gisement solaire et éolien marocain permettrait de pallier cette vulnérabilité», a-t-il ajouté. Outre ses bénéfices écologiques, le projet Xlinks pourrait générer plus de 20 milliards de livres sterling de retombées socio-économiques pour le Royaume-Uni, selon ses promoteurs. Il s'inscrit dans la stratégie gouvernementale visant à accroître l'investissement dans les infrastructures énergétiques et à développer de nouvelles compétences industrielles. XLCC, partenaire stratégique de Xlinks, prévoit ainsi d'ériger en Ecosse la plus grande usine mondiale de fabrication de câbles HVDC, créant ainsi des centaines d'emplois qualifiés. Pour M. Harvey, la transition énergétique britannique nécessite des choix audacieux et des solutions pragmatiques. «Notre demande en électricité ne fera qu'augmenter, notamment avec l'essor de l'intelligence artificielle et des nouvelles technologies. Nous devons mobiliser toutes les ressources à notre disposition pour y répondre de manière pérenne», a-t-il conclu.