Symbole d'une ambition industrielle née au lendemain de l'indépendance, la Samir, unique raffinerie du royaume, voit son destin otage des incertitudes politiques. Cette réalité intervient alors que le Maroc, tributaire des importations d'hydrocarbures, affronte une facture énergétique alourdie et un pouvoir d'achat fragilisé. Face à ce qu'il qualifie de «désastre économique et social», le syndicat de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole et du gaz (FNTPG) dénonce une dérive politique de long terme et appelle l'Etat à reprendre la main sur un dossier hautement stratégique. En mars 2016, le tribunal de commerce a ordonné la liquidation de la Samir, scellant le sort de la plus grande raffinerie du Maroc. Cette décision, rendue dans le cadre du dossier n° 8302/2016, rythmera neuf années d'une agonie juridique et industrielle, sous le regard amer des syndicats et de la société civile. Dans un communiqué au ton grave et sans concession, Elhoussine Elyamani, secrétaire général de la fédération nationale des travailleurs du pétrole et du gaz (FNTPG), s'insurge contre ce qu'il qualifie de «naufrage industriel et de trahison des idéaux de souveraineté nationale.» Pour lui, «la Samir était bien plus qu'une simple raffinerie. C'était le fruit d'une vision souveraine portée dès l'indépendance par des hommes d'Etat éclairés, soucieux d'ancrer le Maroc dans la voie de l'autosuffisance énergétique.» Le syndicaliste évoque également les conséquences sociales de ce déclin : «C'est une tragédie humaine. Derrière chaque cuve à l'arrêt et chaque pipeline rouillé, il y a des milliers de foyers brisés, des familles précarisées, des compétences sacrifiées sur l'autel d'une logique comptable aveugle.» Il poursuit : «Depuis 2016, nos alertes n'ont cessé de résonner dans l'indifférence générale, alors même que les prix des carburants flambent et que le citoyen marocain paie le prix fort à la pompe.» Pour M. Elyamani, la responsabilité est largement partagée : «Les différents gouvernements qui se sont succédé ont abandonné la Samir à son sort. Les privatisations sans garde-fous, l'absence de volonté politique et l'assujettissement aux diktats des marchés mondiaux ont conduit à ce désastre.» Il précise que «l'Etat a déserté un champ stratégique, laissant les forces spéculatives dicter leur loi à un secteur aussi vital que celui de l'énergie.» Dans ce communiqué, l'accent est également mis sur l'avenir énergétique du royaume : «Aujourd'hui, la fermeture définitive de la Samir expose notre pays à des vulnérabilités accrues. Sans outil national de raffinage, nous serons tributaires des aléas géopolitiques et de la volatilité des cours mondiaux du brut», avertit M. Elyamani, avant de marteler : «Il s'agit d'un renoncement stratégique qui pèsera lourdement sur les générations futures.» Appelant à un sursaut d'orgueil national, il plaide pour «une relance publique de la raffinerie ou, à défaut, un partenariat industriel capable de réhabiliter l'outil existant et de sécuriser l'approvisionnement du pays en produits raffinés.» Le secrétaire général de la FNTPG conclut sur une note solennelle : «Le Maroc mérite mieux que cette capitulation silencieuse. Nous continuerons à défendre ce dossier jusqu'à ce qu'une solution digne soit trouvée pour la Samir.»