Le directeur général de la Banque centrale marocaine (BAM), Abderrahim Bouazza, a annoncé mercredi 17 avril, en marge du salon Gitex Africa 2025, que le projet de loi destiné à encadrer juridiquement l'usage des cryptomonnaies au Maroc a été formellement transmis au ministère de l'économie et des finances. Ce dernier devra le soumettre à une commission technique chargée d'en suivre le processus d'adoption. Dans son intervention, Abderrahim Bouazza a souligné que les technologies sur lesquelles reposent les actifs numériques pourraient être mobilisées au service du développement des services financiers innovants. Il a rappelé que la Banque centrale avait déjà fait savoir, en 2022, que l'élaboration du cadre réglementaire touchait à son terme. Cette annonce avait été confirmée le 20 décembre 2024 par le gouverneur de la Banque centrale (BAM), Abdellatif Jouahri, qui avait alors affirmé que le texte était prêt et en mesure de fonder un régime juridique cohérent et structuré pour les cryptoactifs. Le directeur général de la Banque centrale a également abordé la question du faible taux d'adoption des paiements électroniques chez les commerçants. Il a indiqué que, parmi les dispositifs envisagés à court terme, la Banque centrale entend mettre en place un fonds d'appui à l'acquisition, destiné à favoriser l'acceptation des paiements électroniques dans le commerce de proximité. «Afin d'encourager cette bascule vers les paiements dématérialisés, la Banque centrale marocaine s'emploie à revoir à la baisse la tarification applicable, notamment en ce qui concerne les commissions d'interchange sur les cartes bancaires. Elle envisage également de restreindre progressivement l'usage du numéraire, dans le cadre d'une stratégie plus large de digitalisation des paiements et d'essor encadré des technologies financières», a précisé Abderrahim Bouazza. Evoquant la perspective d'introduction d'une monnaie numérique de banque centrale, le e-dirham, il a indiqué que celle-ci pourrait répondre à plusieurs contraintes liées à la prépondérance du cash. Toutefois, a-t-il souligné, cette évolution exige un temps long, et sa réussite dépendrait essentiellement de l'adhésion du public. «Il est impératif que cette forme numérique de la monnaie conserve la même crédibilité et la même accessibilité que l'espèce», a-t-il déclaré. À l'échelle régionale, la société Chainalysis, spécialisée dans l'analyse des marchés numériques, a révélé un extrait de son rapport à paraître sur la géographie des cryptomonnaies en 2024. Elle y classe la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) au septième rang mondial des marchés d'actifs numériques, avec, en tête, la Turquie et le Maroc.