Le Maroc, en tant que membre de la région Méditerranée orientale de l'OMS, participe à un contexte régional marqué par une pénurie persistante de personnel infirmier, une formation inégalement répartie, et des conditions d'exercice hétérogènes, révèle le rapport State of the World's Nursing 2025. Le Maroc fait partie des six Etats composant le sous-groupe d'Afrique du Nord (avec l'Egypte, la Tunisie, le Soudan, la Libye et la Somalie). La région affiche une densité moyenne de 15 professionnels infirmiers pour 10 000 habitants, avec des extrêmes allant de 2,1 à 62,2 pour 10 000. La population totale couverte par ce sous-groupe s'élève à 804 millions d'habitants. La capacité de formation infirmière en Afrique du Nord demeure modeste : 6,8 diplômés par an pour 100 infirmiers en exercice, un ratio qui varie selon les pays de moins d'un diplômé à dix par an. La durée de formation dépasse quatre ans dans la moitié des pays observés, ce qui témoigne d'un certain niveau d'exigence académique, mais ne compense pas l'écart entre besoins et effectifs. Encadrement et gouvernance Dans 75 % des pays de la région, un cadre supérieur infirmier (chief nursing officer ou équivalent) est en poste, et 76 % bénéficient d'un programme de leadership infirmier. Cette gouvernance demeure toutefois insuffisante pour endiguer les déséquilibres structurels, notamment ceux liés à la migration des professionnels et à l'inégale répartition géographique des effectifs . Mobilité et répartition par âge Les infirmiers de la région sont jeunes : 56 % ont moins de 35 ans, tandis que seuls 6 % ont 55 ans ou plus. En revanche, 61 % des professionnels en activité sont nés à l'étranger, et 14 % ont été formés hors de leur pays d'exercice, illustrant une dépendance significative vis-à-vis des flux migratoires . Le rapport met en garde contre un déficit croissant de professionnels d'ici 2030, malgré une légère progression des indicateurs depuis 2018. Il plaide pour une réforme structurelle des politiques de formation, une meilleure reconnaissance des rôles infirmiers avancés et une amélioration des conditions de travail, notamment en matière de rémunération, d'évolution de carrière et de développement professionnel continu.