La capacité de production d'électricité issue des énergies renouvelables au sein du monde arabe a connu une progression sensible en 2024, portée par l'essor simultané de projets solaires et éoliens de grande ampleur. Dans ce contexte régional en mutation, le Maroc a confirmé sa position de puissance électrique intermédiaire, enregistrant une augmentation notable de 270 MW sur une année, pour atteindre une capacité cumulée de 4,37 GW, selon les dernières données compilées par l'Agence d'information sur l'énergie (EIA), basée à Washington. Montée en puissance des capacités régionales D'après cette analyse, les dix premières puissances arabes en matière de capacités renouvelables installées totalisent désormais 33,76 GW, contre 29,66 GW en 2023. Cette progression est attribuée principalement à six Etats qui ont vu leur parc de production s'élargir significativement, au premier rang desquels l'Arabie saoudite, l'Egypte et le Qatar. Le royaume chérifien, fort de ses investissements structurants dans le solaire à Ouarzazate et l'éolien à Tarfaya, s'installe au quatrième rang régional, derrière l'Egypte (7,75 GW), les Emirats arabes unis (6,14 GW) et l'Arabie saoudite (4,74 GW), mais devant la Jordanie (2,72 GW). Ce positionnement confirme la stratégie marocaine de diversification énergétique, sans recours à des instruments linguistiques convenus ou publicitaires. Arabie saoudite, Egypte et Qatar en tête des hausses annuelles L'Arabie saoudite s'est hissée au premier rang des progressions absolues, avec un ajout annuel de 1,75 GW, portant sa capacité totale à 4,74 GW. L'Egypte a accru la sienne de 1,04 GW, consolidant ainsi son rôle de chef de file régional. Le Qatar, quant à lui, a presque doublé sa puissance installée, passant de 824 MW à 1,69 GW, soit une hausse de 875 MW. Dans cette redistribution partielle des cartes, le Maroc s'est illustré par une augmentation plus modérée, mais constante, de 270 MW, contre 87 MW pour la Jordanie. Les Emirats arabes unis, malgré un arsenal technologique de pointe, n'ont progressé que de 69 MW, plafonnant à 6,14 GW. Un noyau stable et des périphéries en éveil Si des pays comme le Soudan (1,87 GW), l'Irak (1,59 GW), la Syrie (1,55 GW) et le Liban (1,29 GW) ont maintenu leur capacité sans variation notable, d'autres Etats en marge du peloton principal ont franchi d'importants seuils symboliques. La Tunisie, par exemple, a vu sa capacité franchir le cap du gigawatt, atteignant 1,084 GW après une hausse de 267 MW. Le Yémen, malgré un contexte politique délétère, a progressé de 120 MW, totalisant 410 MW en 2024. La Mauritanie, elle, s'est stabilisée à 294 MW. En revanche, l'Algérie, bien que dotée d'un potentiel solaire considérable, est restée figée à 601 MW, sans aucune évolution sur l'année, selon le rapport annuel de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA). Le Maroc dans une trajectoire d'affermissement structurel À la différence de certaines puissances dont la trajectoire repose sur des pics soudains, le Maroc s'est inscrit dans une logique de progression graduelle, articulée autour d'une ingénierie publique maîtrisée et d'un ancrage territorial durable de ses projets. Sa progression, bien que plus contenue, s'intègre dans une architecture énergétique cohérente qui favorise la pérennité des installations et leur intégration au réseau. Avec 4,37 GW cumulés, soit environ 44 milliards de dirhams marocains (MAD) en valeur estimée d'investissement, le royaume continue de consolider sa stature d'acteur pivot au Maghreb, loin des effets d'annonce et des fluctuations politiques. Sa présence parmi les cinq premières puissances arabes témoigne d'une stratégie enracinée dans la continuité, sans subordination à des conjonctures extérieures.