Dans un monde où la ménopause reste taboue, silencieuse et mal comprise, une voix marocaine émerge avec force et clarté. Femmopause est bien plus qu'un projet : c'est un acte social, une réconciliation, une transformation. Porté par Mouna Arif entrepreneure sociale engagée, ce programme propose un regard neuf sur la ménopause, en croisant médecine, bien-être, sororité et innovation. Pourquoi avoir lancé Femmopause ? Qu'est-ce qui vous a poussée à ouvrir ce sujet encore si peu abordé ? J'ai accompagné pendant des années des femmes dans leur parcours d'autonomisation économique. Et j'ai constaté qu'une période cruciale de leur vie — la ménopause — était presque toujours passée sous silence. On en parle peu, on l'accompagne peu, et pourtant, elle bouleverse le corps, le sommeil, les émotions, les repères. J'ai voulu créer un espace sûr, doux et utile, où les femmes puissent dire, comprendre, transformer cette période. Qu'est-ce que Femmopause apporte de différent ? En quoi est-ce un projet innovant ? Femmopause n'est ni un programme médical, ni un simple atelier bien-être. C'est un écosystème social et culturel. On y trouve des cercles de parole, des retraites, des podcasts, des ateliers pour les familles, des sensibilisations en entreprise. On parle au corps, mais aussi à l'identité, au lien social, au rapport au temps et à la carrière. C'est une approche globale, ancrée dans l'expérience des femmes et ouverte à toute la société. Comment combinez-vous médecine, bien-être, écoute et inclusion sociale ? Nous travaillons avec des gynécologues, des nutritionnistes, des coachs, des sociologues. Mais l'approche Femmopause n'est pas seulement verticale, elle est circulaire. On part de la parole des femmes, on croise les regards, on co-construit des réponses. Nous intégrons aussi les maris, les enfants, les RH, car vivre la ménopause, ce n'est pas seulement une affaire intime, c'est un fait de société. Vous parlez souvent de "renouveau" plutôt que de "épreuve". Pourquoi ? Parce qu'on nous a appris à craindre la ménopause comme un effacement. Or, c'est souvent une mue. Un temps où l'on ne vit plus pour plaire, pour porter, pour s'adapter... mais pour se recentrer. C'est une période où la femme retrouve une souveraineté, une clarté. Et cette clarté-là est puissante. Pourquoi impliquer aussi les hommes, les enfants, les entreprises ? Parce que si les femmes se transforment, le monde autour d'elles doit comprendre et accompagner cette mue. Quand un mari comprend les bouffées de chaleur, qu'un adolescent sait que sa mère traverse une tempête hormonale, quand une entreprise adapte ses conditions de travail... tout change. L'inclusion, ce n'est pas juste une intention, c'est une architecture relationnelle. Femmopause s'inscrit-il dans le paysage de l'innovation sociale au Maroc ? Absolument. Nous travaillons à détaboutiser, à reconnecter le soin et le sens, à créer du lien entre santé, culture, éducation, emploi. Femmopause parle de dignité féminine, mais aussi de justice sociale, de vieillissement actif, de leadership. C'est un projet marocain avec une portée universelle. Quels sont vos rêves pour ce projet ? Voir naître une plateforme nationale, former des "menopause champions" partout, faire évoluer les lois, intégrer la ménopause dans les politiques RH, écrire un manifeste, inspirer d'autres pays arabes... Et surtout : entendre une femme dire à 52 ans : "Je suis en train de renaître." Il faut savoir que la ménopause n'est pas une période honteuse à traverser en silence. C'est une marche vers soi. Et chez Femmopause, on l'accompagne avec science, avec soin et avec foi.