Le groupe parlementaire de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) à la Chambre des représentants a annoncé, vendredi 16 mai, avoir mis un terme à ses tentatives en vue du dépôt d'une motion de censure contre le gouvernement d'Aziz Akhannouch. Dans un communiqué dense, les députés socialistes regrettent l'absence d'un accord avec les autres forces d'opposition, déplorant une fragmentation persistante et des postures tactiques jugées irresponsables. L'USFP rappelle que sa décision de présenter une motion de censure procédait d'un diagnostic sévère de l'action gouvernementale, qu'il accuse d'avoir trahi ses engagements électoraux. «Le groupe parlementaire de l'USFP, en application des orientations arrêtées par le conseil national réuni en session extraordinaire le 27 janvier 2024, a œuvré à entamer les démarches nécessaires pour activer l'article 105 de la Constitution», lit-on dans le document. Le communiqué évoque «la dégradation de la situation sociale et la précarisation croissante des conditions de vie des Marocains», ainsi que «l'incapacité manifeste du gouvernement à formuler des réponses crédibles face aux défis structurels». Cette impuissance aurait conduit à «un rétrécissement dangereux du champ de la justice sociale et à une remise en cause préoccupante des principes fondamentaux de l'Etat de droit». Une opposition éclatée et sans ligne commune Malgré plusieurs rounds de concertation, le groupe USFP constate que «les forces d'opposition n'ont pas réussi à forger une position collective susceptible d'ériger un front parlementaire uni face aux dérives du pouvoir exécutif». Et d'ajouter : «Nous avons été confrontés à des divergences persistantes quant à l'appréciation de la gravité de la situation, mais surtout à un manque flagrant de volonté politique chez certains partenaires parlementaires». Le texte évoque des réunions successives qui n'auraient produit «ni projet commun, ni articulation stratégique», en raison de «manœuvres dilatoires et d'un esprit de calcul partisan étriqué». L'USFP affirme : «Il nous a semblé de plus en plus clair que certaines formations préféraient contenir l'élan du groupe socialiste plutôt que de le hisser à la hauteur de l'exigence démocratique». Une mise en garde contre l'asphyxie du débat parlementaire Dans un ton particulièrement grave, le communiqué déplore l'affaiblissement du rôle du Parlement. «Nous assistons à une réduction préoccupante de la portée réelle de l'institution parlementaire, reléguée au rang d'instance d'enregistrement des décisions gouvernementales», écrit le groupe. Le document évoque également «une stratégie de verrouillage des débats, d'obstruction systématique aux propositions émanant de l'opposition, et de confiscation du droit à l'évaluation critique de l'action de l'exécutif». Et de conclure, dans un avertissement solennel : «Le retrait de cette démarche ne doit en aucun cas être interprété comme une abdication. Il s'agit d'un acte de lucidité politique face à l'éclatement de l'opposition. Mais nous continuerons, avec rigueur et constance, à faire entendre une voix libre, audacieuse et fidèle à l'éthique démocratique qui a toujours guidé notre engagement».