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Sur la motion de censure, l'opposition confrontée à une question d'égo : qui aura l'insigne honneur de déposer le texte qu'elle ne parvient pas à écrire ?
L'opposition parlementaire, qui s'emploie à réunir les conditions nécessaires à la présentation d'une motion de censure contre l'exécutif dirigé par le Rassemblement national des indépendants (RNI, majorité), se heurte à une difficulté d'ordre moins institutionnel que psychologique : le choix du député qui portera la parole collective. Faute d'accord, la motion promise pourrait sombrer dans les limbes des rivalités partisanes, quelques mois avant les élections de 2026. Les querelles d'antériorité entre formations opposantes Si la logique voudrait que la requête soit défendue par un représentant du Parti de la justice et du développement (PJD, opposition islamiste), dont le chef de groupe coordonne désormais les actions de l'opposition, l'Union socialiste des forces populaires (USFP, opposition sociale-démocrate) s'y oppose fermement. Forte de son statut de première composante de l'opposition à la Chambre des représentants, elle revendique ce rôle comme un droit naturel, rappelant qu'elle a été la première à formuler une ébauche de la motion — proposition alors rejetée, tant par le PJD que par le Mouvement populaire (MP, opposition conservatrice), au nom d'un passif encore vivace. Le Parti du progrès et du socialisme (PPS, opposition de gauche), quant à lui, s'est vu remettre une version amendée du texte, élaborée par l'USFP. Mais cette dernière mouture, qualifiée de «peu convaincante» par les députés du PPS, n'a fait qu'accentuer les dissensions. En coulisses, les tractations se poursuivent sans relâche : chacun s'efforce d'imposer le nom de l'un des siens, au risque d'implosion de la tentative. Ce n'est pas la première fois que l'opposition échoue à surmonter ses divisions. Une tentative précédente s'était soldée par le retrait du PJD, ulcéré par l'annonce unilatérale de l'USFP. Le MP, de son côté, conditionnait son ralliement à une garantie claire de non-participation future de l'USFP à un éventuel remaniement gouvernemental. La brouille s'est aggravée à la faveur d'un contentieux concernant la présidence de la commission de la justice, attisant une méfiance désormais enracinée entre la Rose et l'Epi. Dans cet entrelacs de calculs, le PPS joue un rôle de médiateur prudent, affichant un soutien mesuré à la démarche sans se compromettre. Une majorité installée mais guettée par le malaise Face à cette cacophonie, la majorité parlementaire — composée du Rassemblement national des indépendants (RNI, libéral), du Parti authenticité et modernité (PAM, centre-droit) et du Parti de l'Istiqlal (PI, conservateur-nationaliste) — observe, pour l'heure, un silence serein malgré les scandales qui secouent l'exécutif. L'alliance au pouvoir dispose d'une assise numérique confortable mais ne saurait ignorer l'érosion de sa légitimité dans l'opinion, au vu des tensions économiques et sociales que traverse le pays. En l'état, deux écueils majeurs compromettent la survie du projet : la rédaction définitive de la motion, encore sujette à révisions, et le nom de celui ou celle qui l'introduira au bureau de la Chambre. Or, l'un et l'autre apparaissent indissociables : la personne portera, symboliquement, la voix de tout un camp — ce que nul ne semble prêt à concéder à un rival. La date de mardi 13 mai est évoquée pour le dépôt du texte. Mais à moins d'un sursaut de lucidité commune, l'arithmétique parlementaire pourrait rester vaine : obtenir le cinquième des signatures requises suppose, d'abord, que l'on cesse de se disputer la plume.