D'ici la fin du mois de mai, le Kazakhstan finalisera l'acheminement vers le Maroc d'un premier envoi de 60 000 tonnes de blé, inaugurant une relation commerciale inédite entre les deux pays dans le domaine céréalier. Cette annonce incarne une reconfiguration plus vaste des débouchés agricoles kazakhs, orientée vers un éventail accru de ses flux exportateurs. Par ailleurs, le Kazakhstan s'est hissé, pour la première fois, parmi les dix premiers exportateurs mondiaux d'huile de tournesol, occupant en 2024 la huitième place, selon les données annoncées par le ministère du Commerce et de l'Intégration (MTI) à l'occasion d'une table ronde consacrée aux perspectives d'exportation du secteur des corps gras. Parallèlement à cette avancée, Astana figure désormais parmi les trois principaux fournisseurs de tourteaux de tournesol à destination de l'Union européenne, produits prisés dans l'alimentation animale, dont la demande soutenue s'observe dans plusieurs dizaines de pays. Au cours des trois dernières années, la production nationale d'huile de tournesol a été multipliée par 2,5, tandis que les volumes exportés ont été multipliés par 4,8. Dans le même temps, les importations d'huile conditionnée ont diminué de 11 %. Les recettes tirées de l'exportation d'huiles, de tourteaux et de résidus de pressage se sont élevées à 562 millions de dollars (USD) lors de la dernière campagne. Le Kazakhstan veut désormais porter ces recettes à un milliard de dollars par an à moyen terme. Cette montée en puissance repose sur une inflexion stratégique des choix culturaux, délaissant progressivement les emblavements de blé au profit d'oléagineux à plus forte valeur ajoutée, notamment le tournesol. Déjà bien implanté en Asie centrale et en Chine, le Kazakhstan projette d'élargir la portée de ses expéditions vers les marchés du Proche-Orient. La table ronde du 15 mai a également marqué le lancement des travaux préparatoires en vue de l'élaboration d'une feuille de route pour la période 2025-2027, destinée à affermir la présence du pays sur les places agricoles internationales. Selon le vice-ministre de l'Agriculture, Azat Sultanov, l'un des faits marquants de la saison réside dans la reconquête de marchés jusque-là marginaux. «Après cinq années d'interruption, les expéditions de céréales à destination de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie et de la Turquie ont repris. Les livraisons de blé dur à l'Italie se développent. Le Kazakhstan commence à se faire une place dans des pays européens peu habitués à nos produits, comme la Belgique, la Pologne, le Portugal, la Norvège ou le Royaume-Uni. Des acheteurs du Maroc et des Emirats arabes unis ont également manifesté leur intérêt», a-t-il souligné. La demande reste soutenue sur les marchés traditionnels d'Asie centrale, d'Afghanistan, de Turquie et de Chine. Après une interruption de cinq ans, les flux à destination de l'Iran et de l'Azerbaïdjan ont repris avec vigueur, avec des volumes multipliés par dix. Pékin montre un attrait particulier pour les produits végétaux kazakhs, notamment les farines destinées à l'alimentation animale. De septembre à avril, 1,8 million de tonnes de céréales et de farine ont été expédiées vers la Chine, soit une augmentation de 27 % par rapport à la même période de l'année précédente.