Le président du Nigéria, Bola Ahmed Tinubu, entend soutenir sans délai le projet gazier reliant le Nigéria au Maroc, d'un montant estimé à 25 milliards de dollars, a déclaré Jimoh Ibrahim, sénateur fédéral, au cours d'une session à huis clos du Parlement africain (PA), tenue à Casablanca. Mandaté pour représenter le président du Sénat nigérian Godswill Akpabio, M. Ibrahim a affirmé que ce vaste ouvrage, porté par la Nigerian National Petroleum Company (NNPC) et l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), serait le premier dossier stratégique du gouvernement fédéral dans le cadre de l'examen de plusieurs projets mis en sommeil au cours des dernières années. «Le président Tinubu s'est engagé à reprendre l'ensemble des chantiers interrompus ; mais le gazoduc Nigeria-Maroc constitue désormais le point cardinal de l'action fédérale en matière d'infrastructures énergétiques», a précisé le parlementaire. Long de 5 660 kilomètres, cet axe énergétique traversera treize Etats africains : le Nigéria, le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Libéria, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Gambie, le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc. Le gazoduc, dont la capacité annuelle avoisinera trente milliards de mètres cubes, devrait favoriser une alimentation commune à partir du territoire nigérian. À en croire le sénateur, la liaison offrira à terme des milliers d'emplois qualifiés, favorisera le tissu industriel des pays traversés et contribuera à la stabilité énergétique du continent, tout en ouvrant la voie à des opportunités d'exportation vers l'Europe au bénéfice du Maroc. «Ce projet n'est pas seulement une ligne énergétique. C'est un corridor d'avenir pour deux nations amies. Ouvrir l'Atlantique, c'est ouvrir l'histoire», a-t-il affirmé, appelant les autorités marocaines à supprimer l'obligation de visa pour les ressortissants nigérians, eu égard au potentiel économique bilatéral accru que pourrait générer ce partenariat énergétique. La phase actuelle du projet concerne l'étude de faisabilité et la détermination du tracé, en concertation avec les autorités réglementaires régionales et les organes techniques compétents. La décision finale d'investissement (DFI), initialement attendue pour 2023, a été reportée à 2025. Godswill Akpabio, chef de la chambre haute du Parlement nigérian, s'emploie de son côté à introduire une législation spécifique permettant de supprimer les obstacles juridiques susceptibles d'entraver l'aboutissement de ce projet.