La perspective d'un retour de la Formule 1 sur le continent africain, attendue depuis plus de trois décennies, pourrait se rapprocher avec un projet d'envergure porté par des investisseurs privés au Maroc, comme nous l'avions confirmé en exclusivité début janvier. D'après des éléments obtenus, cette fois, par le site RacingNews365, un programme estimé à 1,2 milliard de dollars (près de 12 milliards de dirhams marocains, MAD), comprenant notamment un circuit homologué FIA Grade 1, aurait récemment été présenté aux autorités officielles. Située à une vingtaine de kilomètres au sud de la ville de Tanger, la zone retenue verrait l'émergence d'un complexe structuré autour d'un autodrome susceptible d'accueillir non seulement la F1, mais aussi le MotoGP et le Championnat du monde d'endurance (WEC). L'ensemble comprendrait également un parc thématique, un centre commercial, plusieurs établissements hôteliers et une marina. Selon ses promoteurs, quelque 10 000 emplois pourraient en découler. À ce jour, selon la même source, près de 800 millions de dollars (7,7 milliards MAD) d'investissement privé auraient déjà été réunis. Le solde dépendrait d'un aval au plus haut niveau de l'Etat. Présenté en début de mois, le projet suscite, en interne, un certain intérêt stratégique, notamment en raison de la proximité du port industriel de Tanger Med — à 45 km du site envisagé —, qui faciliterait la logistique des écuries européennes. Une alternative sérieuse face à Kigali et Kyalami Si l'Afrique du Sud reste évoquée en priorité depuis des années — en particulier pour un retour au circuit de Kyalami, au nord de Johannesburg —, les difficultés financières et administratives n'ont jamais permis de concrétiser ce scénario. Le Rwanda, quant à lui, a officiellement fait acte de candidature à la fin de l'année dernière, à l'occasion de la cérémonie de remise des prix de la Fédération internationale de l'automobile (FIA) à Kigali. Le Maroc pourrait dès lors représenter une alternative plus structurée. Sollicité en décembre 2023, Eric Boullier — ancien directeur des écuries McLaren et Lotus, puis directeur général du Grand Prix de France jusqu'en 2022 — a dirigé l'étude de faisabilité du projet marocain. «Nous avons trouvé un site répondant à l'ensemble des exigences techniques et logistiques», confie-t-il. «C'est une sorte de petit Abou Dabi, un écosystème autonome, fondé sur l'accueil touristique, capable de fonctionner toute l'année autour du Grand Prix.» Le tracé du circuit a déjà fait l'objet d'une première ébauche, mais nécessiterait l'intervention d'un architecte spécialisé en raison des exigences précises de la FIA. Boullier demeure toutefois lucide : «Sans une validation politique ferme, le projet restera à l'état de plan.» À ce stade, le Maroc figure encore derrière l'Afrique du Sud et le Rwanda dans les négociations avec la F1. Mais selon Boullier, «ce qui est proposé ici constitue une option autrement plus cohérente». En cas d'accord, les travaux pourraient démarrer sans délai. Le circuit serait alors opérationnel dans un délai de trois ans.