En déplacement à Paris le vendredi 6 juin, la ministre de la transition énergétique et du développement durable, Leïla Benali, a tenu un entretien de haut niveau avec son homologue français chargé de l'industrie et de l'énergie, Marc Fesneau, dans le cadre d'une séance de travail consacrée à l'essor des relations franco-marocaines dans les domaines de l'électricité, des interconnexions et des technologies bas-carbone, selon des indiscrétions obtenus par Barlamane.com. Cette réunion s'inscrit dans la continuité de la visite d'Etat du président français au Maroc, effectuée du 28 au 30 octobre 2024 à l'invitation du roi Mohammed VI, et dont l'un des aboutissements majeurs a été la conclusion d'un accord de partenariat stratégique dans les secteurs de l'énergie et du transport électrique. Cet accord pose les jalons d'un engagement réciproque autour des enjeux relatifs à la sécurité des approvisionnements, à l'autonomie industrielle et à la compétitivité, dans une perspective de coopération pérenne fondée sur la confiance mutuelle. Un projet de câble sous-marin sans équivalent Le cœur des échanges a porté sur l'état d'avancement du projet d'interconnexion électrique entre le Maroc et la France, qui prévoit la pose d'un câble sous-marin à double flux, indépendant du réseau continental («off-grid» et bidirectionnel). Cette infrastructure inédite, appelée à franchir des profondeurs océaniques exceptionnelles, requiert un calibrage technique de très haute précision, ainsi que la finalisation de mécanismes réglementaires adaptés au lancement de l'appel d'offres international. Les deux ministres ont examiné les conditions nécessaires à la mise en œuvre de ce chantier, dont la portée excède le seul domaine énergétique, pour incarner un effort conjoint de reconfiguration industrielle. «Ce projet recèle une valeur stratégique indéniable, tant par sa portée technologique que par la qualité de la synergie qu'il consacre entre nos deux pays», a souligné Mme Benali. Vers une filière industrielle commune dans les énergies propres L'entretien a également permis de passer en revue plusieurs filières industrielles jugées prioritaires, telles que la fabrication de câbles, la production de composants photovoltaïques, les turbines éoliennes, les batteries ou encore les modules d'électrolyse. L'ensemble de ces segments est appelé à constituer un socle industriel partagé, structuré autour d'investissements croisés et de transferts technologiques ciblés. Par ailleurs, les perspectives du couplage énergétique via les «molécules vertes» – hydrogène et ammoniac en particulier – ont fait l'objet d'une attention particulière. Leurs usages potentiels dans le secteur aérien, le fret maritime ou le transport ferroviaire ouvrent la voie à une intégration énergétique plus poussée, adossée à un tissu industriel revigoré. L'innovation, la recherche appliquée et la mise en commun des efforts dans les domaines de l'électrochimie, du stockage de l'énergie et des mobilités sobres ont également été évoquées. «Nous avons convenu d'instaurer une coopération technique étroite entre nos institutions spécialisées, avec pour objectif d'accélérer l'émergence de solutions concrètes», a précisé Mme Benali. Ce dialogue a, enfin, été l'occasion d'un réengagement politique clair en faveur d'un ancrage durable de la relation énergétique franco-marocaine, en harmonie avec les orientations du roi Mohammed VI tendant à ériger le Maroc en plate-forme régionale des énergies propres et en acteur responsable face aux défis climatiques continentaux.