Entièrement conçue à l'échelle réelle, la réplique s'attache à restituer avec minutie les traits distinctifs de la ville marocaine : murs enduits d'un bleu profond, ruelles étroites en colimaçon, placettes ornées de ferronneries ouvragées et bancs de fonte aux courbes mauresques. Le projet entend évoquer un fragment d'authenticité méditerranéenne au cœur de l'Extrême-Orient. Une reproduction minutieuse de Chefchaouen, perle architecturale du nord marocain, a été ouverte au public dimanche 8 juin au sein du parc Harbin Polarland, dans la ville de Harbin, capitale de la province du Heilongjiang, aux confins nord-orientaux de la Chine. Réalisée à l'échelle 1 : 1, cette évocation fidèle du célèbre bourg entend offrir aux visiteurs chinois une immersion sensorielle dépaysante, affranchie des contingences du voyage réel. Chaque pan de mur, chaque embrasure, chaque rampe de fer forgé évoque, avec une minutie presque dévotionnelle, l'atmosphère suspendue et la douceur azurée de Chefchaouen, cité fondée à la fin du XVe siècle au pied du massif rifain. Les bâtisseurs ont respecté scrupuleusement la topographie urbaine originelle : venelles étroites en escalier, patios semi-ombragés, places silencieuses où trônent bancs de fonte et jarres en terre cuite. Un fragment d'Andalousie marocaine en Mandchourie «Nous ne cherchions ni pastiche ni folklore, mais une transposition fidèle de l'âme du lieu», a déclaré l'architecte en chef du projet, cité par l'agence Chine Nouvelle. Ce «fragment marocain» en terre mandchoue reflète une série d'espaces d'inspiration étrangère que propose Harbin Polarland, parmi lesquels figurent déjà un port scandinave stylisé, un cloître balinais et une place italienne de la Renaissance. Chefchaouen y apparaît comme une respiration méditerranéenne, lumineuse et silencieuse, dans un environnement boréal souvent austère. Un succès populaire immédiat, dans un silence diplomatique Chefchaouen, surnommée «la ville bleue», demeure l'un des joyaux les plus singuliers du patrimoine marocain. Héritière d'un art de bâtir andalou et d'une tradition spirituelle soufie, la cité reste une destination prisée pour son homogénéité chromatique, son ambiance recueillie et ses souks à l'élégance discrète. Dès les premières heures, les visiteurs se pressaient en nombre pour arpenter les ruelles recréées, photographiant chaque façade, chaque porche, chaque lanterne. Les réseaux sociaux chinois s'en sont aussitôt emparés, reflet d'un engouement manifeste pour cette enclave d'Orient transposée avec une fidélité presque troublante. Cette reconstitution donne à contempler une vision idéalisée mais respectueuse du Maroc septentrional, projetée dans l'austérité climatique du nord-est chinois avec une précision presque architectonique.