Farid Chourak, wali de la région Marrakech-Safi et gouverneur de la préfecture de Marrakech, a été relevé de ses fonctions par le ministère de l'intérieur à la suite de la diffusion d'une vidéo dans laquelle il apparaissait procédant au sacrifice rituel d'un mouton, en déclarant qu'il agissait «au nom des habitants de la région», ont indiqué plusieurs sources concordantes. Ce geste controversé intervient dans un contexte de vigilance extrême autour de la fête de l'Aïd al-Adha. Quelques mois avant les célébrations, le roi Mohammed VI – en sa qualité de commandeur des croyants – avait solennellement appelé les citoyens à s'abstenir, cette année, d'accomplir le rite du sacrifice, en raison de la contraction préoccupante du cheptel national provoquée par une sécheresse persistante et de fortes tensions sur les prix. «Notre pays affronte des défis climatiques et économiques qui ont eu pour conséquence une régression substantielle du cheptel», avait déclaré le souverain dans un discours lu par le ministre des habous et des affaires islamiques à la télévision nationale. La sortie du wali, captée dans une vidéo abondamment relayée sur les réseaux sociaux, a provoqué une onde de perplexité et d'indignation. Certains y ont vu une transgression symbolique de la parole royale, doublée d'une personnalisation ostentatoire de l'acte sacrificiel, au mépris de la retenue requise de la part d'un haut représentant de l'Etat. En réaction immédiate, le ministère de l'intérieur a convoqué Farid Chourak à Rabat afin qu'il soit entendu par ses services centraux. «Il s'agit d'une procédure conservatoire, en amont d'un examen approfondi des circonstances de l'acte en question», ont confié les mêmes sources. Dans l'attente de la désignation royale d'un nouveau wali, la direction intérimaire de la région a été confiée à Rachid Benchikhi. Cette décision illustre la volonté officielle de faire respecter sans équivoque les directives royales et les normes de conduite dévolues aux représentants de l'autorité publique. Elle s'inscrit dans une lecture rigoureuse du principe de responsabilité individuelle, érigé par le souverain en pilier de l'exercice de la charge publique.