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Rétro-verso : Un appel à l'abstention qui ravive des souvenirs du passé
Publié dans L'opinion le 05 - 03 - 2025

Le 26 février, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a appelé à l'abstention du sacrifice d'Al Adha. De ce fait, une rétrospective s'impose afin de rappeler les crises quasi-similaires de 1963, 1981 et 1996.
Il y a quelques jours, le Souverain a invité la Nation à renoncer à accomplir le rite du sacrifice de l'Aïd Al Adha cette année en raison du stress hydrique, des conditions climatiques extrêmes, et surtout de la dégradation du cheptel national. Ce scénario nous rappelle, à quelques détails près, les années 1963, 1981 et 1996. Seulement voilà, à la différence près, il ne s'agit pas d'une interdiction pure et dure, mais d'une incitation à l'abstention du sacrifice par crainte d'un tableau macabre pour la santé du cheptel et pour l'équilibre environnemental du pays.

Le dernier souvenir d'une interdiction du sacrifice remonte à 1996. Plus précisément en mars de cette même année. Les Marocains apprirent par un communiqué de Feu Hassan II, lu par Abdelkébir Alaoui Mdaghri, alors ministre des Habous et des Affaires islamiques, qu'il n'y aura pas de sacrifice de l'Aïd Al Adha au Maroc cette année-là. Le ministre a alors précisé que l'année 1995 avait été jugée calamiteuse pour l'agriculture. «Bien que la fête d'Al Adha soit une Sunna, elle ne peut être célébrée dans ces conditions difficiles, sinon la fête causerait des dégâts inévitables», ont entendu les Marocains de leurs propres oreilles. Cependant, les autorités n'ont pas tout à fait réussi à «tenir le mouton par les cornes».

Cependant, ce ne fut pas la seule et unique fois où bon nombre de ménages marocains a dû faire l'impasse sur cette pratique sacrificielle édictée par l'Islam.

Une décennie et demie plus tôt, soit en 1981, le Plan quinquennal 1981-1985, connu sous le nom de «Plan de relance économique et sociale» est sorti des limbes pour tourner la page du «Plan triennal 1978-1980», orienté vers la réduction des importations, avec dans la ligne de mire la relance du secteur agricole et l'amélioration du cheptel marocain. Mais qu'à cela ne tienne : la sécheresse était telle qu'un nombre conséquent de bétails en a subi les rigueurs, sinon décimé.

La traque aux «haydouras»...

Face à ce climat lugubre qui a miné le moral de bien des Marocains, Feu Hassan II a fait appel, pour la deuxième fois, à ses prérogatives d'Amir Al Mouminine pour appeler la Nation à ne pas sacrifier de mouton, cette année-là, afin de pouvoir reconstituer le cheptel. Mais il y en a qui ont fait comme si de rien n'était, ou ont sciemment procédé, en catimini, dans les zones rurales les plus enclavées, voire dans les quartiers les plus cossus de la classe dorée, au rituel du sacrifice. Ceux qui ont choisi de braver cette décision n'ont pas été accueillis sur un tapis rouge, et les conséquences de leur défiance se sont fait sentir, de manière plus ou moins marquée, sans qu'elles ne soient systématiquement coercitives, ni aussi graves que certains aiment à prétendre.

Ce scénario ressemble, à quelques détails près, à celui de la toute première fois où Feu Hassan II a exhorté le peuple à renoncer, pour des raisons de force majeure, à la célébration de l'Aïd.

En effet, en 1963, le ministère des Habous et des Affaires islamiques a, au moment où les Marocains de l'époque s'y attendaient le moins, annoncé le message du défunt Roi. Celui de prendre en considération les conditions climatologiques du Royaume et faire l'impasse sur le sacrifice du mouton. La surprise fut énorme car inédite. Mais les raisons touchant à la sécurité du cheptel, qui devait fatalement se reconstituer, étaient impératives.

Une interdiction sur fond de guerre

Aux catastrophes climatiques de cette année s'ajoute l'attaque armée algérienne qui a fait des victimes humaines et animales.

Ainsi, en 1963, la délimitation coloniale des frontières entre le Maroc et l'Algérie a poussé les deux pays voisins à se livrer une guerre éphémère, connue sous le nom de "guerre des sables". Ce contentieux armé débute formellement le 14 octobre 1963, lorsque les Forces Armées Royales (FAR) repoussent les forces algériennes et reprennent Hassi Beïda et Tinjoub, les FAR se cantonnant à quelques kilomètres de Tindouf. Il faut attendre janvier 1969 pour que le Maroc et son voisin concluent le traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération d'Ifrane, puis, en juin 1972, la "Convention relative à la délimitation de la frontière d'Etat établie entre le Royaume du Maroc et la République Algérienne Démocratique et Populaire".

Mais en 1963, tandis que les deux pays sont affaiblis par une guerre qui semblait sans issue, la venue de la plus importante fête musulmane amène Feu Hassan II à faire usage de ses prérogatives de Chef Suprême de la Nation et de la Communauté musulmane pour interdire aux nationaux de célébrer l'Aïd Al Adha. En vertu d'un décret Royal, les Marocains d'alors étaient tenus de s'y conformer au pied de la lettre. Le contexte socio-économique n'était pas propice et le cheptel n'était pas suffisant pour tous les Marocains. Toutefois, l'Historiographie n'a pas eu écho de quelques éventuels «révoltés-fêtards» que ce soit.





Echos de presse : Les moutons d'Outre-mer dans la panade
Vers le milieu des années 80, les moutons sacrifiés généralement dans les baignoires par des immigrés musulmans dans les banlieues de Paris, Lyon et Marseille, entre autres, ont fait la Une de plusieurs quotidiens français.
Dès 1986, la Droite française est allée jusqu'à décrier le nombre considérable de moutons destinés à un rituel sacrificiel musulman. En l'absence de toute preuve de torture animale, dans un contexte français laïc, le statut de cette fête a, bien au contraire, été reconnu comme une liberté individuelle. Mais en droit français, l'abattoir reste le lieu où sont égorgés tous les animaux de boucherie.

Pour d'aucuns, le sacrifice de l'Aïd équivaudrait à une proposition utopique qui transposerait "une pratique rurale à une situation urbaine", les familles musulmanes résidant le plus souvent dans les lotissements des grandes villes ou de leurs banlieues. Quelques années plus tard, un certain nombre de municipalités de la banlieue parisienne ont suivi une consigne ministérielle et ont mis en place un site pour leurs administrés musulmans et ceux des communes avoisinantes.

Apparemment, il n'y a pas eu à l'époque de concertation entre le ministère de l'Agriculture, qui gère la filière viande et la protection des animaux, et le ministère de l'Intérieur, dont le Bureau central des cultes est chargé des relations avec les autorités représentant les religions présentes en France, mais gère, aussi, l'application de la loi de 1905 sur la police des cultes. Parallèlement, tout au long des années 1980, l'Aïd a été célébré pendant les vacances scolaires, de nombreuses familles musulmanes ont donc préféré le fêter dans leurs pays d'origine.

A partir de 1991, l'entrée de la fête dans l'année scolaire faisait courir le risque d'une plus grande visibilité du sacrifice. Pour prendre "le mouton par les cornes", le bureau central des cultes a alors pris en charge la gestion de ce rituel : en 1990, il avait commandé aux préfets une enquête sur l'abattage rituel musulman, avec une question sur "les conditions du sacrifice de l'Aïd dans chaque département et les éventuelles plaintes du voisinage".

En outre, en avril 1991, le ministre français de l'Agriculture a fait remarquer au ministre de l'Intérieur que, compte tenu du "mécontentement croissant des associations de protection des animaux et de l'opinion publique", il était grand temps d'orienter la question vers les compétences de la police et des autorités locales.

En conséquence, la législation française en est venue à n'autoriser l'abattage rituel que dans les abattoirs agréés et à l'interdire dans les abattoirs clandestins, à la ferme, chez les particuliers ou ailleurs, y compris sur les sites d'approvisionnement, comme c'est bien souvent le cas.
Rétrospective : Des mesures coercitives infligées aux contestataires ?
Au milieu des années 90, soit en 1996, bien que le Maroc connaissait une inflation significative, particulièrement en comparaison avec la décennie précédente, il était encore impensable, dans le cadre de la culture et des traditions marocaines, de ne pas célébrer Al Adha. Cette fête, d'une importance capitale dans le quotidien des Marocains, symbolisait plus qu'un simple rituel religieux. Elle incarnait un moment de partage et de solidarité, notamment autour du sacrifice rituel de l'animal.

Face à l'aggravation de la crise économique due à des facteurs multiples, notamment la sécheresse persistante, le défunt Hassan II, conscient de l'impact économique de la célébration, décida en 1996 de décréter l'interdiction du sacrifice, au nom du bien-être collectif. Cette mesure, bien qu'elle visait à soulager la pression économique sur les foyers et à éviter une aggravation de la crise nationale, suscita un vent de contestation. En tant que Chef spirituel et politique du pays, Feu Hassan II avait usé de Son autorité pour mettre en place une telle mesure, se fondant sur des principes d'équité et de responsabilité face à la situation d'urgence.

Néanmoins, l'Ordonnance Royale n'a pas empêché une frange importante de la population de faire fi de cette interdiction. Nombre de citoyens, attachés aux traditions, n'hésitèrent pas à passer outre cette directive, croyant fermement qu'il s'agissait d'une obligation religieuse absolue, alors même que l'Aïd Al Adha relève de la Sunna, une pratique fortement recommandée mais non obligatoire. Dans un tel contexte, la question des sanctions et des mesures coercitives devient cruciale.

En réponse à cette désobéissance populaire, le gouvernement aurait pu opter pour des sanctions plus sévères, allant de la répression administrative à des mesures économiques ciblées, telles que des amendes ou des restrictions sur certains produits de consommation. Cependant, dans ce contexte, la réponse a été plus mesurée, visant à préserver l'unité nationale et l'équilibre social.


Actualité : Appel Royal à l'abstention du sacrifice
Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al-Mouminine, a adressé un message solennel à Son peuple fidèle concernant l'accomplissement du rite du sacrifice de l'Aïd Al Adha. Ce message, transmis par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, a été lu lors du journal télévisé du soir de la chaîne "Al Aoula" le mercredi 26 février 2025.

Dans Son message, SM le Roi rappelle que, depuis Son accession à l'Imamat suprême, Il s'est toujours efforcé de préserver les valeurs religieuses et les traditions de la Nation, et de garantir que chaque Marocain puisse célébrer dignement les jours saints. La fête de l'Aïd Al Adha, dit le Souverain, est une occasion profonde de rapprochement avec le Très-Haut et de renforcement des liens sociaux et familiaux.

Cependant, face aux défis climatiques et économiques actuels, particulièrement la régression importante du cheptel, et afin de protéger les plus vulnérables, SM le Roi invite Son peuple à s'abstenir cette année de l'accomplissement du sacrifice. Cette décision, fondée sur une profonde responsabilité, vise à éviter les difficultés financières supplémentaires pour les familles à revenu modeste, dans un esprit de bienveillance et de facilité.

En tant qu'Amir Al-Mouminine, fidèle protecteur des cultes religieux, SM le Roi souligne que l'essence de la fête peut être célébrée autrement, par la prière de l'Aïd, les œuvres de charité et la solidarité familiale, dans un respect profond de la sounna du Prophète, que la paix et la bénédiction soient sur Lui.

"Et Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion", conclut le message, fidèle à la parole divine et aux enseignements du Prophète.


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