Les expéditions de framboises fraîches en provenance du Maroc à destination des pays du Moyen-Orient ont franchi, au cours des neuf premiers mois de la campagne 2024/2025, le seuil des 700 tonnes métriques, d'après les données de l'observatoire EastFruit. Ce niveau, jamais atteint auparavant, excède les performances enregistrées lors des campagnes précédentes et atteste d'un ancrage graduel mais manifeste du Royaume chérifien dans cette région encore marginale mais en mutation rapide. Une montée en puissance portée par la maîtrise du calendrier agricole L'essor récent des exportations marocaines vers cette aire géographique repose d'abord sur l'exceptionnelle concordance entre le calendrier de production nationale et les besoins d'approvisionnement des marchés du Golfe, souvent confrontés à des ruptures durant les périodes intersaisonnières. À cela s'ajoute une exigence constante en matière de calibre, de présentation et de fraîcheur du produit, qui confère aux fruits marocains une compétitivité non fondée sur le prix mais sur la constance et la tenue. La période d'exportation s'étend généralement d'août à juin, avec deux pics bien identifiés : les mois d'octobre-novembre, puis février-mai. Le mois d'octobre 2024 a établi un record absolu, avec plus de 200 tonnes expédiées, soit davantage que la totalité réunie des campagnes 2019/2020 et 2020/2021. Le Maroc approvisionne actuellement sept pays du Moyen-Orient, au premier rang desquels figurent les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, qui absorbent ensemble près de 75 % du total. Les livraisons vers le Koweït ont été multipliées par trois en trois campagnes ; celles à destination de la Jordanie ont doublé ; quant aux Emirats, ils ont accru leurs importations de 67 %. Des parts de marché en nette progression Les framboises marocaines gagnent également du terrain en parts relatives. Aux Emirats arabes unis, la part de marché du Royaume est passée de 7 % à 15 % entre 2021 et 2024. Au Koweït, elle est passée de 0,2 % à 5 %. Le Qatar est passé de 6 % à 10 %, le Bahreïn de 6 % à 22 %, et la Jordanie de 0,3 % à 22 %. Ces chiffres témoignent d'un enracinement commercial désormais confirmé, et non d'un phénomène transitoire. En 2019/2020, les pays du Moyen-Orient ne représentaient que 0,23 % des débouchés internationaux du Maroc pour la framboise fraîche. Cette part s'est élevée à 1,05 % en 2022/2023, puis à 0,93 % en 2023/2024. Pour la campagne en cours, elle dépasse déjà 1,5 %, alors même qu'elle n'est pas encore achevée. Une stratégie d'élargissement maîtrisée L'évolution observée s'inscrit dans une dynamique d'ensemble qui dépasse le seul cadre moyen-oriental. Le Maroc développe également ses ventes vers le Royaume-Uni, où les acheteurs saluent la constance de l'approvisionnement et la qualité du produit. «La framboise marocaine est désormais perçue non comme un produit d'appoint, mais comme un fruit de confiance, recherché par les grands réseaux de distribution», observe un analyste d'EastFruit, avant de préciser : «Le Royaume a su bâtir une offre fiable, attendue et bien positionnée dans les rayons, notamment dans les marchés à forte exigence logistique.» Deuxième exportateur mondial de framboises fraîches en 2024, derrière le Mexique, le Maroc confirme son aptitude à s'imposer comme acteur structurant d'un commerce où les saisons, les saveurs et la précision logistique font la loi.