Le marché des phosphates destinés à l'alimentation animale devrait atteindre 3,52 milliards de dollars à l'horizon 2030, contre 2,79 milliards cette année, selon une étude du cabinet MarketsandMarkets, laquelle prévoit un taux de croissance annuel composé de 6 % sur la période 2025–2030. Essentiels à la santé osseuse, au métabolisme énergétique et à l'immunité des animaux d'élevage, les phosphates alimentaires sont de plus en plus prisés par les producteurs de volaille et de bétail, soucieux d'améliorer les conditions d'élevage tout en répondant à la demande croissante en protéines animales. L'étude souligne que cette progression découle d'un faisceau de facteurs : accroissement de la population mondiale, extension des capacités d'élevage, progrès des techniques d'alimentation, exigence accrue en matière de santé animale, soutien réglementaire, sensibilisation à la nutrition animale et recherche appliquée. «La pression exercée sur les systèmes alimentaires par l'évolution démographique confère aux phosphates alimentaires une importance stratégique», observe le rapport. Formulations en poudre et élevage porcin : foyers de croissance différenciée Les auteurs de l'étude indiquent que les phosphates sous forme de poudre enregistreront la progression la plus soutenue durant les cinq années à venir. Cette forme présente une aptitude particulière au mélange homogène, à la dissolution rapide et à la distribution uniforme dans les rations animales. Issus principalement du phosphate dicalcique (DCP) ou monocalcique (MCP), ces composés sont incorporés dans l'alimentation à chaque stade physiologique de l'animal, tant pour la croissance musculaire que la reproduction ou la longévité. Le segment porcin occupe, quant à lui, la troisième place dans la répartition sectorielle du marché. Selon la revue spécialisée International Magazine for Animal Feed & Additives Industry, la production mondiale d'aliments pour porcs devrait connaître un léger recul de 0,6 % en 2024, pour s'établir à 369,293 millions de tonnes. Cette baisse globale résulte des replis enregistrés en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie-Pacifique et en Océanie, que ne compensent qu'en partie les redressements observés en Europe, en Amérique latine et en Amérique du Nord. La maîtrise des épizooties, la stabilité des prix et la réorganisation des filières d'exportation seront décisives pour maintenir les équilibres dans ce segment. L'Amérique du Nord en tête des dynamiques régionales D'un point de vue géographique, le rapport identifie l'Amérique du Nord comme la région à la croissance la plus soutenue. La forte tradition d'élevage, la solidité des filières agroalimentaires et l'exigence croissante en matière de qualité nutritionnelle expliquent cette dynamique. L'amélioration de l'efficacité alimentaire, la structuration des pratiques d'élevage intensif et l'usage raisonné d'additifs phosphatés soutiennent cette évolution. Les auteurs du rapport notent également que les exigences environnementales croissantes, liées notamment à la préservation de la biodiversité et à la maîtrise des émissions agricoles, poussent à une utilisation plus efficiente du phosphore, ressource dont l'extraction reste coûteuse. En réponse, les formulateurs de compléments alimentaires privilégient désormais les composés phosphatés à forte biodisponibilité, issus de chaînes d'approvisionnement traçables et durables. Un secteur structuré par quelques acteurs dominants Parmi les groupes structurants du marché mondial figurent essentiellement OCP (Maroc) puis ensuite Mosaic (Etats-Unis), Nutrien (Canada), Yara (Norvège), EuroChem Group (Suisse), PhosAgro Group (Russie), Phosphea (France), Fosfitalia Group (Italie), J.R. Simplot Company (Etats-Unis), Rotem Kimyevi Maddeler San. Tic. A.Ş. (Turquie), Lomon Corporation (Chine), Sinochem Yunlong Co., Ltd. (Chine), Malaysian Phosphate Additives Sdn. Bhd. (Malaisie), Guizhou Chanhen Chemical Corporation (Chine) et Yunnan Yuntianhua Co., Ltd. (Chine). Ces sociétés concentrent une large part de l'offre mondiale et participent activement aux travaux de recherche pour améliorer la solubilité, la biodisponibilité et la traçabilité des produits phosphatés. Leurs investissements déterminent aujourd'hui les marges de manœuvre des producteurs pour garantir un approvisionnement conforme aux exigences sanitaires, économiques et environnementales du XXIe siècle.