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Les autorités espagnoles démantèlent un réseau hispano-marocain spécialisé dans le trafic de migrants et de stupéfiants entre les deux rives du détroit
Une opération conjointe menée par la police nationale, avec l'appui d'Europol, a permis le démantèlement d'une organisation criminelle transnationale opérant entre le Maroc et l'Espagne, soupçonnée d'avoir organisé l'entrée illégale de plus de deux cents personnes sur le territoire espagnol, tout en assurant un trafic soutenu de stupéfiants dans les deux sens du détroit de Gibraltar, a-t-on annoncé jeudi 19 juin. Les revenus tirés de ces activités illicites excéderaient 2,5 millions d'euros (environ 27 millions de dirhams marocains). Huit arrestations et saisies multiples Le jour de l'opération, les forces de l'ordre ont procédé à huit arrestations : quatre à Algésiras, trois à Ceuta et une à Ibiza, cette dernière visant le coordinateur présumé de la branche marocaine. Sept perquisitions ont été effectuées dans les mêmes localités, débouchant sur la saisie de 22 kilogrammes de résine de cannabis, de 10 800 comprimés de clonazépam — composant d'un mélange hallucinogène dangereux surnommé «drogue du pauvre» —, de près de 50 000 euros en liquide (plus de 540 000 dirhams), cinq véhicules, deux embarcations de plaisance, des armes, du matériel de navigation et divers appareils électroniques. Durant l'enquête, Europol a apporté un appui technique constant à la police nationale, assurant le traitement analytique des données recueillies. Le jour de l'opération, un analyste a été déployé sur le terrain pour croiser les identités et les communications avec les bases de données de l'agence européenne, facilitant la coordination entre les différentes unités. ⸻ Un passage clandestin tarifé jusqu'à 14 600 euros par personne L'organisation criminelle hébergeait les migrants au Maroc dans des logements de fortune, avant de les convoyer clandestinement jusqu'à Algésiras, en passant par Ceuta, à bord d'embarcations de loisir. Chaque traversée était facturée jusqu'à 14 600 euros (environ 158 000 dirhams marocains). À leur arrivée en Espagne, les migrants étaient placés dans des hébergements précaires, souvent privés d'alimentation suffisante et soumis à des pressions constantes. Profitant des mêmes routes maritimes, les passeurs faisaient transiter de grandes quantités de cannabis à destination de l'Espagne. Lors des trajets de retour vers le Maroc, ils transportaient du clonazépam, substance détournée de son usage médical à des fins récréatives, afin d'accroître leurs bénéfices. Le noyau espagnol de la structure opérait depuis Ceuta et Algésiras, tandis que la cellule marocaine était dirigée depuis Ibiza. L'organisation se déployait selon une stratification tripartite : commandement et coordination, exécution maritime, et logistique terrestre. Elle était composée de ressortissants espagnols et marocains, organisés en réseau structuré. Des mineurs enrôlés comme passeurs Les membres du réseau n'hésitaient pas à recruter des mineurs comme pilotes d'embarcations, après les avoir formés dans des conditions rudimentaires. Cette pratique, d'une extrême brutalité, augmente les risques de naufrages et expose ces jeunes à des formes graves d'exploitation. Elle témoigne de la nature profondément cynique et déshumanisante de telles organisations, qui sacrifient les existences les plus vulnérables au profit de logiques lucratives. Selon l'évaluation 2025 de la menace criminelle grave et organisée dans l'Union européenne (EU-SOCTA), la traite des êtres humains vers l'Europe demeure l'un des défis les plus redoutables auxquels les Etats membres doivent faire face, en raison de sa complexité, de ses ramifications sécuritaires, et de ses conséquences sociales. La lutte contre ces réseaux nécessite des coopérations resserrées entre agences répressives et judiciaires, ainsi que des ressources à la hauteur de la menace.