Un financement structuré autour de garanties d'agences de crédit à l'exportation (ECA) pour le projet de câble électrique reliant le Maroc au Royaume-Uni sera proposé aux prêteurs d'ici la fin de l'année, selon la plate-forme TXF et une source proche du dossier qui a confirmé l'information auprès de Barlamane.com. Baptisé Morocco–UK Power Project, ce vaste programme prévoit l'acheminement de l'électricité produite à partir du soleil et du vent dans le sud du Maroc vers la Grande-Bretagne, via deux câbles sous-marins indépendants de 1,8 GW chacun, pour une puissance cumulée de 3,6 GW. Une infrastructure transcontinentale de près de 4 000 kilomètres Le tracé envisagé reliera la région de Tan-Tan, au sud du Maroc, à un poste de raccordement situé dans le Devon, au sud-ouest de l'Angleterre. Long de près de 4 000 kilomètres, le câble à courant continu serait, s'il est achevé, le plus long au monde dans sa catégorie. Il traversera les eaux territoriales de plusieurs Etats européens, sans toutefois prévoir d'interconnexion à terre sur le continent. Le complexe énergétique marocain, déployé sur plus de 1 500 kilomètres carrés, comprendra environ 11,5 GW de capacités installées, réparties entre champs solaires, éoliennes et batteries de stockage d'une puissance combinée de 5 GW. Une structure de financement adossée à des fonds publics et privés Le projet, porté par la société britannique Xlinks First Ltd, s'appuie sur un noyau d'investisseurs composé de TAQA (Emirats arabes unis), TotalEnergies, Octopus Energy, GE Vernova et l'Africa Finance Corporation (AFC). Selon la source précitée, ces acteurs ont déjà mobilisé plus de cent millions de livres sterling pour les phases préparatoires, et se tiennent prêts à engager jusqu'à cinq milliards supplémentaires en fonds propres. Le solde du coût total, estimé entre 22 et 28 milliards de livres, devrait être levé auprès d'un large éventail de bailleurs : banques commerciales, agences de crédit à l'exportation, institutions multilatérales et investisseurs de long terme. Un projet soutenu politiquement de part et d'autre Le gouvernement britannique a reconnu l'utilité stratégique de cette infrastructure en la qualifiant de «projet d'importance nationale». Ce statut lui confère un traitement réglementaire particulier, notamment dans le cadre des procédures d'autorisation et d'attribution du tarif garanti par contrat pour l'électricité livrée. Côté marocain, les autorités ont octroyé les droits d'occupation foncière et les premières autorisations techniques, dans la perspective de valoriser les ressources solaires et éoliennes nationales au service d'un export vers le nord du continent. Une mise en service envisagée au début de la prochaine décennie Les travaux de génie civil et les opérations de fabrication des câbles pourraient débuter dès 2027, sous réserve de la clôture financière du projet prévue pour 2025 ou 2026. Le courant devrait commencer à circuler vers le réseau britannique au début des années 2030. L'interconnexion permettrait d'alimenter près de 8 % de la consommation électrique du Royaume-Uni avec une électricité décarbonée et disponible quotidiennement pendant plus de dix-neuf heures, selon les estimations de Xlinks.