Le ministère public a requis, mardi 24 juin, une peine de dix années de réclusion assortie d'une amende d'un million de dinars (environ 6 500 euros) à l'encontre de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, âgé de 80 ans et atteint d'un cancer, condamné en première instance à cinq ans d'emprisonnement pour atteinte présumée à l'intégrité du territoire national. Le verdict est attendu le 1er juillet, à l'issue du procès en appel tenu devant la cour d'appel d'Alger. M. Sansal, auteur traduit et régulièrement distingué dans les cercles littéraires européens, avait été arrêté le 16 novembre 2024 à son arrivée à l'aéroport Houari-Boumédiène, après des propos tenus un mois auparavant sur la chaîne française Frontières. Une déclaration sur le Maroc au cœur de la procédure Lors de cet entretien, M. Sansal avait affirmé que l'Algérie contemporaine aurait, selon lui, hérité «sous la colonisation française, de territoires jusqu'alors rattachés au Maroc». Ces paroles ont été jugées par les autorités judiciaires comme portant atteinte à l'unité nationale. Le 27 mars, il avait été condamné à cinq ans de prison ferme. Depuis, plusieurs appels à sa libération ont été exprimés, notamment par le président français Emmanuel Macron. Jusqu'à présent, aucune de ces démarches, pas même celles émanant de l'Elysée, n'a été suivie d'effet. Une affaire au cœur des tensions diplomatiques Selon ses proches, M. Sansal souffre d'un cancer de la prostate. L'Elysée avait appelé en mai dernier à un «geste d'humanité» en sa faveur, après qu'il a reçu le prix littéraire Cino-Del-Duca. Alger a pour sa part assuré que «la justice suit son cours normal». Ce contentieux s'inscrit dans une période de grandes crispations entre la France et l'Algérie. Depuis l'été 2024, les deux capitales sont engagées dans un affrontement diplomatique marqué par l'expulsion réciproque de diplomates, la suspension des coopérations bilatérales et l'enlisement des échanges culturels.